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Malade avec Nuvaring ? (Contraception : Questions/Réponses 88)

28 octobre 2006


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Les sujets abordés cette semaine :
- Malade avec Nuvaring ?
- Date des règles, ovulation et terme de grossesse
- Prise de pilule en continu et hémochromatose
- DIU et saignements juste avant les règles
- Pilule triphasique
- Efficacité du Mirena
- Questions sur l’implant

- Malade avec Nuvaring ?

Depuis le début de cette année, j’ai été bizarrement malade 4 fois le samedi matin. Mon ami a fait rapidement le lien avec le lendemain de l’insertion de mon anneau Nuvaring, le moment d’insertion étant le vendredi soir 21h...
Je suis sous
Nuvaring depuis un an et demi. J’ai toujours très bien supporté les hormones, n’ayant eu aucun problème avec Diane 35 pendant... 12 ans !
Nuvaring libérant moins d’hormones par jour qu’une pilule comme Diane, je ne me suis jamais faite de souci et l’ai supporté sans aucun effet secondaire pendant plusieurs mois.

Pourtant, hier matin, lendemain de la pose du nouvel anneau, tout comme il y a pile 28 jours, j’ai été prise de violents maux de tête le matin, me clouant au lit très tard. Me levant, j’essaie de me préparer à manger, mais je suis prise d’une envie impérieuse d’aller aux toilettes.
Nausées, spasmes, diarrhée qui peine à sortir, vomissements, sueurs froides... je sais, ce n’est pas très ragoûtant. Mon ami me dit : « c’est ton anneau », mais je n’y crois pas, puisque j’ai toujours supporté les hormones. Plus tard au supermarché, ça me reprend, je deviens livide et j’arrive aux toilettes de justesse. Là, je décide de retirer mon anneau. Je suis encore nauséeuse une heure, puis ça se calme définitivement.

Le mois dernier, le médecin de garde consulté a tout mis sur mon intolérance au lactose. Moi-même pensais à un problème gastrique. Je ne suis jamais malade d’ordinaire, alors c’était un peu étonnant. Ce samedi là, j’ai eu en tout 3 malaises, puis ça s’était calmé.
Je m’inquiète maintenant. Est-ce possible qu’après toutes ces années, tout à coup je ne supporte plus les hormones ? Peut-être que le
Nuvaring diffuse plus d’hormones que prévu au premier jour d’insertion ? Je me suis sentie comme faisant une « overdose d’hormones » en quelque sorte. Ca me fait penser au genre de malaise que l’on a quand on a pris trop d’un médicament... Qu’en pensez-vous ?
I.

Oui, bien sûr, l’anneau délivre le maximum d’hormones au tout début puisqu’ensuite, la quantité diminue dans l’anneau. Et la paroi du vagin peut s’être accoutumée à la présence de l’anneau au point que la zone de contact soit un peu irritée, donc un peu plus perméable... et laisser l’hormone passer plus vite. Le lien entre la pose et les symptômes est trop systématique pour que ce soit une coïncidence. Ce n’est pas lié à une "intolérance" aux hormones, encore une fois, mais à une absorption plus rapide. Si j’étais vous, je demanderais à mon médecin de m’examiner pour
s’assurer qu’il n’y a pas une inflammation au fond du vagin qui favorise le passage très rapide de l’hormone. Et je ferais l’essai d’insérer un nouvel anneau au bout de 21 jours (sans interruption entre les deux) pour voir si ça change quelque chose (ça pourrait bien...)


- Date des règles, ovulation et terme de grossesse

Je viens de lire votre excellent article sur le fait d’avoir ou non ses règles. Et j’ai une question : j’ai lu que les femmes étaient susceptibles d’ovuler plusieurs fois par cycle. Est-ce si répandu ?
Et dans ce cas, comment se fait-il que chaque ovulation ne soit pas suivie de règles ?
Et une dernière question : si on peut ovuler n’importe quand dans un cycle, comment peut-on calculer la date du terme des grossesses ? (je pense à tant d’amies dont l’accouchement a été déclenché par des médecins terroristes)
M.

Il ne semble pas que la multiplicité des ovulations soit si fréquente que ça. Elle explique sûrement les grossesses gémellaires où on a un garçon et une fille, ou bien deux enfants de même sexe mais différents, mais ces grossesses (en dehors des procréations assistées où on stimule l’ovaire) ne sont évidemment pas la majorité.

Pourquoi chaque ovulation si il y en a plusieurs n’est pas suivie de règles ? Probablement parce qu’elles ont lieu à un ou deux jours d’intervalle, voir simultanément = quand le follicule (la poche) qui les contient, les expulse. Or, les follicules mûrissent et s’ouvrent sous l’effet de la stimulation hormonale du cerveau, qui s’exerce sur tout l’ovaire... Donc, les ovulations multiples, si elles ont lieu, sont quasi-simultanées.

Quand au terme de la grossesse, il est toujours approximatif. Et il devrait le rester. Car si la durée théorique d’une grossesse est de 40 semaines et 3 jours (à partir des dernières règles) un bébé n’est plus prématuré à partir de 37 semaines, et comme les femmes (et leurs bébés) sont en meilleure santé et mieux nourri(e)s qu’il y a 50 ans, les accouchements se produisent de plus en plus souvent autour de 37-38 semaines car les bébés sont de poids suffisant et ne demandent qu’à sortir.

Tous les médecins qui ne rassurent pas les femmes sur la relativité des dates de début de grossesse et de fin de grossesse sont, au choix : des ignorants, des phobiques qui ont peur de tout ou des terroristes. Le corps humain n’est pas une horloge, et les femmes ne sont pas des machines.


- Prise de pilule en continu et hémochromatose

Suite à la lecture de l’article "Les règles : en avoir ou pas", je me permets de vous poser la question suivante : Est-ce que pour une femme qui souffre d’une hémochromatose non diagnostiquée, la prise de pilule en continu peut être "dangereuse" ? Les "dégâts" causés par la surcharge de fer dans le sang ne peuvent ils pas apparaître plus tôt en l’absence de règles ?
C.

Oui, si les règles sont moins abondantes en cas de pilule, son fer peut monter plus vite. Les règles protègent les femmes souffrant d’hémochromatose d’une surcharge en fer. Donc, dans ce cas, on n’a pas intérêt à les faire stopper. Mais parfois, il suffit de peu de règles pour éliminer suffisamment de fer. En tout cas, dans le cas où on soupçonne une hémochromatose, et ou la femme veut une contraception il y a deux solutions :
- opter pour un DIU au cuivre (les règles seront conservées et même un peu augmentées
- opter pour une autre contraception (hormonale) et vérifier le fer sanguin une ou deux fois par an. Il faut quand même un certain nombre d’années pour que la surcharge en fer entraîne des dégâts... On peut donc la dépister et la traiter.


- DIU et saignements juste avant les règles

J’ai un petit souci concernant le DIU UT380 short que vous m’avez posé le 18 août. J’ai appelé le centre, mais vu que vous n’êtes pas là jusqu’à la semaine prochaine, je me permets de vous envoyer ce mail.
Je m’inquiète parce que j’ai eu des pertes de glaires brunes ou sanglantes depuis la pose (désolée pour les détails !), et puis hier de "vrais" saignements. Pas beaucoup de saignements, mais quand même.
J’ai eu des crampes vendredi et samedi plus au moins en continu, puis de temps en temps jusqu’à lundi matin, depuis plus mal, et aucun autre symptôme. J’ai senti les fils, ils semblent être bien en place. Ai-je une raison de m’inquiéter, ou est-ce qu’il s’agit d’un phénomène normal qui se résoudra tout seul ?

Si les saignements continuent, puis-je mettre un tampon, bien qu’il ne s’agisse pas de mes règles ? Je ne suis pas fan des serviettes du tout, et en plus je fais beaucoup de natation (j’y suis allée doucement pour le moment !).
Je vous remercie beaucoup pour le soin que vous avez pris de répondre à mes questions et de me rassurer pendant mes deux rendez-vous et pendant la pose en elle-même. Par avance, merci pour vos réponses à mes questions !

Une dernière petite question d’ordre plus générale : Si le TT380 et le UT 380 short ont la même quantité de cuivre, comment ça se fait que l’un soit agréé pour 10 (voire 12) ans, et l’autre pour 5 ans ? Surtout étant donné qu’il semble être établi que pour minimiser le risque d’infection pour les nullipares il convient de changer de stérilet le moins souvent possible.
C.

Les symptômes que vous avez observés se voient de temps à autre quand on vient de poser un DIU. Ils peuvent survenir périodiquement pendant quelques semaines. Les "vrais" saignements sont probablement des règles. Il arrive que pendant les premiers mois d’utilisation, les règles soient précédées par de petites pertes brunâtres pendant quelques jours liées au fait que l’endomètre s’effrite un peu de par la présence du DIU. A partir du moment où vous n’avez pas mal (en dehors de crampes au moment des règles, que vous pouvez traiter par l’ibuprofène ou le Ponstyl, bien sûr), rien n’est inquiétant. Et le plus souvent, ces phénomènes s’estompent peu à peu et disparaissent.
Vous pouvez bien sûr utiliser des tampons, qui ne sont pas du tout interdits avec un DIU.

Enfin, la question que vous posez est parfaitement logique et montre qu’il y a une différence entre la réglementation et la réalité.
Les DIU au cuivre sont en fait tous efficaces pendant de nombreuses années, car le cuivre reste opérationnel longtemps ; Des femmes on porté des DIU comme le vôtre pendant 7 à 8 ans sans perte d’efficacité observable. Mais il n’a pas été fait d’étude de longue durée montrant que cette efficacité était stable chez un grand nombre de femmes. En revanche, les DIU de type TT380 (dont les trois branches portent du cuivre) ont bénéficié d’un suivi de 12 à 15 ans sur de grands groupes, ce qui a permis d’obtenir leur certification pour 12 ans aux USA, 10 ans en France.

En pratique, vous pouvez parfaitement garder le UT 380 pendant 6 ou 7 ans car, comme vous le dites très bien, moins on le change mieux c’est. Cela dit, chez une femme vivant en couple monogame et n’ayant pas de risque de MST, changer un DIU tous les 5 ans ne présente aucun danger. Mais je dis aux patientes à qui je pose des DIU qu’elles ne sont jamais à un an près pour le changer. Sur ce point non plus il n’est pas nécessaire d’être dogmatique : je change les DIU si les femmes se sentent plus en sécurité, psychologiquement, en le faisant changer. Mais nombre de patientes oublient purement et simplement de revenir me voir car elles se sentent parfaitement en sécurité... et elles dépassent la date théorique sans dommage...


- Pilule triphasique

Je prends une pilule contraceptive triphasique et je viens de m’apercevoir que les différences de couleur et le fléchage n’y figuraient pas pour faire joli. Or il se trouve qu’il m’arrive maintes fois de prendre le premier comprimé qui me passe sous les doigts sans faire attention à la chronologie à respecter. Bon apparemment ça n’a pas d’incidence sérieuse vu que je ne suis heureusement pas tombée enceinte en dépit de cela.
Pouvez vous m’en dire plus quant à la pilule triphasique : pourquoi 3 étapes, pourquoi leur importance, quelles incidences si l’ordre n’est pas respecté ?
R.

En théorie (je dis bien : en théorie), les pilules triphasiques sont censées "reproduire le cycle naturel" et ses variations hormonales. Or, c’est un pur argument de marketing. En effet, la pilule est censée mettre le cycle au repos. Ce qui a tout plein d’avantages : endormir l’ovulation, faire disparaître les symptômes prémenstruels liés au cycle (irritation, gonflement des seins, etc) et diminuer la douleur liée aux règles et leur durée.
Donc, une pilule monophasique (avec un dosage identique dans tous les comprimés : Minidril, Varnoline, Cilest, etc. ) est le plus logique et c’est presque toujours celles-là que les médecins prescriraient en premier s’ils étaient correctement formés à la contraception.

De temps à autre, certaines femmes tolèrent mal les pilule monophasiques et elles sont mieux avec une biphasique (Miniphase, Adepal)
Personnellement, il est rare que je prescrive une triphasique d’emblée. Je ne les prescris que si les femmes les prenaient avant de me voir et en sont contentes. Pas de raison de changer : c’est le confort et la sécurité de la femme, qui compte, pas la pilule ou l’idée que le médecin s’en fait...

En ce qui concerne votre question : il n’y a aucun inconvénient à prendre vos pilules dans le désordre : elles contiennent toutes assez d’hormones pour endormir l’ovulation. L’important, c’est de prendre un comprimé chaque jour.
Tout ce que vous auriez pu, à la rigueur, avoir comme inconvénient, aurait été un "spotting" (saignement vaginal pendant la prise de la pilule) lié aux variations hormonales d’un comprimé à un autre. Mais manifestement ça n’est pas le cas.
L’avantage de la prendre dans l’ordre, c’est quand même que ça aide (un peu) à se rendre compte si on en a oublié un ou pas...

Une remarque cependant : si vous la prenez dans le désordre, c’est qu’on ne vous a jamais expliqué quelle pilule on vous prescrivait, pourquoi et à quoi correspondaient les trois couleurs. Ca en dit long sur la qualité d’information dont le médecin vous a gratifiée.


- Efficacité du Mirena

Mon gynécologue m’a posé un stérilet Mirena début juillet ; je n’ai pas eu de règles ce mois-ci et j’ai des douleurs dans le bas du ventre régulièrement. Peut-il y avoir un risque de grossesse ou est ce que ce mode de contraception est efficace à 100 % ?
B.

Les trois seules méthodes contraceptives efficaces à 100% (ou presque) sont l’abstinence, l’homosexualité et la stérilisation !!!
Mais un Mirena est efficace à 99,5%, ce qui est déjà très, très bien.
L’absence de règles est fréquente (et même désirée par certaines utilisatrices) avec un Mirena. Mais il arrive que les saignements soient inexistants (car il n’y a pas de sang et de tissus à évacuer du fait de la présence du DIU) mais que l’utilisatrice ait quand même des symptômes de règles (douleurs dans le bas-ventre, en particulier) chaque mois...


- Questions sur l’implant

J’ai un implant contraceptif depuis 2 ans et j’ai de fréquentes apparitions d’acné. L’implant favorise-t-il l’acné ?
F.

Oui, hélas !

Comme j’ai arrêté de fumer depuis un an et que je suis en pleine rupture sentimentale, je me demande si je ne devrais pas l’enlever, reprendre une pilule adaptée tout en utilisant des préservatifs avec mes éventuels partenaires occasionnels. Une petite précision, j’ai 30 ans.

Vous pouvez faire ça si vous le désirez, bien sûr, mais dans mon expérience, mieux vaut avoir AUSSI une bonne contraception : les préservatifs ne suffisent pas. Si prendre la pilule est trop fastidieux (ce que je comprends) faites vous poser un DIU ("stérilet") au cuivre UT 380 short ou NT 380 short, qui n’aura pas d’effet négatif sur votre acné, qui sera toujours en place, même si vous décidez un jour avec un nouveau compagnon, de ne pas mettre de préservatif....




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