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DIU et Nullipares : une expérience négative

16 mai 2006

Je me suis fait poser un DIU il y a trois mois et je viens à peine de consulter vos pages sur le sujet... Voici ma situation : j’ai 31 ans, j’ai le même "partenaire" depuis 9 ans, je n’ai eu ni grossesse ni IVG, je suis très grosse fumeuse depuis 15 ans (entre 1 et 3-4 paquets de cigarettes selon les périodes, j’en ai honte et n’ose pas toujours le dire à mes médecins... ce dont j’ai honte aussi, ha ha).



Après 8 ans sous pilule (essentiellement Microval), moults tests de grossesse (j’ai la terreur d’être enceinte) ainsi que quelques dopplers (j’ai la terreur des phlébites), j’ai voulu changer de contraception (en 6 mois j’ai dépassé trois fois le délai de 3 heures de Microval, alors que ça ne m’était jamais arrivé une seule fois auparavant). Il m’a fallu quelques mois pour convaincre mon généraliste de me prescrire un DIU (il m’a d’abord conseillé spermicides, puis préservatifs), mais il l’a fait. Le NovaT Cu 200 Ag, qu’apparemment vous déconseillez fortement... je sens que la part de budget que je consacre aux tests de grossesse n’est pas prête de baisser.

Je prends rendez-vous à l’hôpital pour la pose. Le jour venu, j’arrive tendue (1ère erreur) dans le cabinet du médecin (interne ?), apparemment pas plus vieux que moi, qui à ma grande surprise refuse de me poser le DIU car je suis... nullipare. J’insiste (2ème erreur). Il propose de me prescrire une autre pilule, malgré ma consommation de tabac que j’ose pourtant lui avouer. Il me dit que :
1) j’ai de très fortes chances de faire une infection
2) que la pose va être très douloureuse (cf ni grossesse ni IVG). Bêtement, j’insiste encore (3ème erreur). Il finit par obtempérer, mais il est très tendu et apparemment mécontent de se faire forcer la main, ce que je ressens dès qu’il met le speculum (comme une brute).

Puis il utilise une sorte de sonde pour me mesurer l’utérus, et là je ressens une douleur vraiment très vive, très forte. Donc, je crie, je commence à pleurer, puis je serre les dents et je réponds que je veux continuer lorsqu’il me propose d’arrêter (4ème erreur). A partir de ce moment-là il se radoucit un peu mais la suite de mon point de vue a été horrible, j’ai eu mal comme jamais je n’avais eu mal (bon, je reconnais que je suis un peu du genre chochotte, mais là mon échelle de richter perso a mesuré des degrés jusqu’alors inconnus). J’ai pleuré et tremblé sans discontinuer pendant toute la pose, puis pendant l’échographie qu’il a faite pour vérifier que le dispositif était bien en place, puis en lui serrant le main (à son crédit je dois dire qu’étant donné la pénibilité de la scène, il n’était pas dans un état très brillant non plus, je crois que voilà encore un médecin qui refusera à tout jamais de reposer un DIU à une nullipare), puis pendant les deux heures qui ont suivi.

Je n’ai pas pu m’asseoir pendant près de 10 jours, peu et mal dormi. Psychologiquement parlant, j’ai bien cru ne jamais pouvoir reprendre une activité sexuelle (rassurez-vous, il m’a fallu du temps, mais j’y suis arrivée). Finalement la douleur s’est peu à peu estompée, mais depuis trois mois j’ai une sensation de pesanteur sur le bas-ventre, l’impression de "sentir" en permanence le DIU, pas très douloureux mais continuel, et impossible de savoir si c’est psychosomatique suite au "traumatisme" de la pose ou physiologique. J’ai aussi quelques saignements minuscules et de pertes vaginales un peu plus abondantes, mais j’imagine que mon corps est en train de s’habituer à ce corps étranger. Ma question existentielle depuis est de savoir comment je vais supporter le retrait (et si j’en crois ce que vous dites sur le NovaT, il faudrait que je le fasse plus vite que prévu) ; la grande confrérie des femmes s’étant empressée de me dire que c’était le retrait et non la pose qui faisait mal, je m’attends au pire.

Bon, je sais, c’est disproportionné de réclamer une péridurale pour un retrait de DIU, mais est-ce que ça existe les anesthésies locales ? Et est-ce que ça marche ? Et existe-t-il un médecin qui accepterait de le faire ? Et est-ce que ça serait aussi douloureux d’en reposer un autre ? Parce que en dehors de la pose, je suis plutôt contente de mon DIU (et surtout d’être libérée de la contrainte de la pilule, et du danger de l’association pilule-tabac). Alors voilà, vous vouliez plutôt des témoignages sur des médecins indélicats, mais comment protéger les médecins contre les patients indélicats, insistants et bornés comme moi ? Il faut dire que j’étais tellement outrée d’entendre un médecin, jeune en plus, reprendre les mêmes discours que ses aînés sur le stérilet et les nullipares, que je n’ai pas vraiment écouté ses arguments et que j’ai pensé qu’il essayait de me faire peur ; je me demande même parfois s’il n’a pas essayé de se venger de mon insistance en me faisant mal, pour me prouver qu’il avait raison, mais vu sa tête au sortir du cabinet ça me semble exclu.

Reste à savoir si je suis un cas à part ou si toutes les nullipares (brrr, ce terme est horrible) ressentent une telle douleur à la pose d’un DIU ? Ou est-ce la faute du NovaT (la notice précise noir sur blanc que le NovaT " n’est pas la méthode contraceptive de premier choix pour les jeunes femmes qui n’ont pas encore eu d’enfants") ? Ou suis-je définitivement une chochotte ? Bien à vous, et merci pour votre site que j’avais abondamment consulté sur la pilule (mais pas sur le DIU, allez savoir pourquoi ? 5ème erreur !!!!)
A.

Réponse de Martin Winckler :

Vous avez fait les frais d’un mauvais praticien. Terroriste dans sa manière de vous présenter les choses ; brutal dans sa manière de procéder.

Pour répondre à vos questions :

1° il est vrai que l’efficacité du Nova T est moins grande, mais c’est surtout au bout de 3 ans. Pendant les trois premières années, la fréquence des grossesses sur DIU est très similaire. Donc, pas de test de grossesse si vous n’avez pas au moins 8-10 jours de retard.

2° les douleurs : quand on maltraite l’utérus, il s’en souvient et se contracte en permanence. Pour éteindre ces contractions, il suffit parfois de prendre de l’ibuprofène (200 mg, 2cp 3 fois par jour) pendant 3 ou 4 jours d’affilée. Pendant les règles (si elles sont douloureuses) et en dehors. Vous verrez que plus vous calmez la douleur, moins vous la sentirez, et moins vous utiliserez d’ibuprofène.

3°, non, vous n’allez pas faire d’infection sous prétexte qu’un médecin sans intelligence l’a décidé. Il aurait pu vous en coller une par faute d’asepsie mais vous l’auriez su dans les 3 semaines après la pose.

4° C’est le gynéco qui fait mal, pas le DIU. Il vous a fait mal avec le spéculum et l’hystéromètre, et la pince de Pozzi. Tout ce qui fait mal, il l’a (mal) fait. Le retrait est indolore si on se contente de tirer sur le fil. Alors, pour le faire retirer, vous irez voir quelqu’un de moins brutal. (Vous avez le temps de trouver).

5° les pertes blanches sont liées au fait que le col, au contact du fil, sécrète plus. Les saignements sont liés aux contractions. Quand vous n’en aurez pratiquement plus (grâce à l’ibuprofène, en vente libre en pharmacie), vous ne saignerez plus non plus.

Martin W.




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