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Quel rapport y a-t-il entre l’art et les OVNIs ?
France Inter, chronique du 16 Janvier 2003

20 décembre 2004

Vous avez peut-être vu Signes, le récent film de M. Night Shyamalan interprété par Mel Gibson. Les signes en question, sont ces curieuses traces circulaires observées dans des champs et dont les photographies aériennes donnent des images impressionnantes.



Quand a-t-on commencé à les voir, ces signes ? Au milieu des années 70, en Angleterre, dans la région du Wiltshire et près de sites très connotés par leur symbolique mystique, comme Stonehenge ou des sites sacrés datant du néolithique. Peu à peu, on les a vus fleurir dans toute l’Europe. Il y en a maintenant dans le monde entier, mais il continue à en apparaître près d’une centaine par an, rien que dans le Wiltshire. Ces signes, on les appelle des « Crop circles », littéralement : des cercles sur les récoltes.

À partir des années 80, plusieurs auteurs passionnés d’OVNI ont commencé à invoquer la responsabilité des extra-terrestres. Aujourd’hui, ceux qu’on appelle les céréalogistes affirment que l’agencement de ces cercles ne peut pas être dû à des humains, que les tiges des céréales sont couchées, pliées, entrelacées selon des techniques inconnues. Certaines sectes, en particulier les Raéliens, dont on parle beaucoup en ce moment, ont renchéri : d’après elles, les extra-terrestres nous rendent visite régulièrement et ces cercles sont les traces de leurs passages.

De leur côté, des chercheurs un peu plus sceptiques se sont penchés de près sur le sujet, non sans constater que les crop circles ne gênent pas vraiment les agriculteurs : beaucoup font en effet payer la visite des sites ainsi décorés, ce qui compense leur manque à gagner. Mais les savants, eux, ont continué à chercher une explication rationnelle et les hypothèses diverses et variées ont été émises jusqu’à ce qu’un météorologiste d’Oxford postule que ces déformations circulaires des récoltes étaient dues à des mini-tornades nocturnes.

Et puis, en 1991, deux paysagistes retraités, nommés Doug Bower et Dave Chorley, expliquèrent publiquement que, depuis 20 ans, ils s’amusaient, en secret, à tracer ces crop circles... à des fins artistiques. Pendant toutes ces années, les hypothèses des OVNIstes les avaient bien fait rire, mais celle de la mini-tornade les avait incités à dévoiler le pot-aux-roses. Que leurs oeuvres d’art soient prises pour des réalisations d’OVNIs, c’était drôle. Qu’elles soient attribuées à de vulgaires coups de vent, c’était vexant.

Contrairement à ce que vous pouvez imaginer, il est relativement facile de dessiner des crop circles, avec des piquets, des ficelles et des planches de bois. Evidemment, c’est un peu plus long et un peu plus fatigant que de tracer des rosaces au compas sur une feuille de papier, mais c’est aussi simple. En étant un peu adroit, tout le monde peut faire des crop circles sur le gazon.

Si vous en doutez, vous pouvez consulter le site du film de M. Night Shyamalan, vous y verrez les techniciens des effets spéciaux préparer ceux du tournage. Seulement, les imitateurs de Bower et Chorley sont nombreux et, comme tout le monde n’écoute pas la radio, ne lit pas les journaux et ne surfe pas sur l’internet, il est probable que, dans le monde entier, des artistes et des petits malins continueront à mener le bon peuple par le bout du nez.

Je suis comme tout le monde, j’ai lu beaucoup de SF et j’adorerais savoir qu’il y a de la vie ailleurs que sur la Terre, mais je n’aime pas qu’on me fasse avaler n’importe quoi. Alors, si vous êtes comme moi, je vous recommande la petite mais valeureuse revue Sciences et pseudo-sciences dont un passionnant article m’a servi à composer cette chronique.

Sciences et pseudo-sciences, n° 254, Octobre 2002.
www.circlemakers.org




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