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Comment se séparer de sa gynéco
par M. P.

29 novembre 2004

M.P. voulait se faire poser un DIU alors qu’elle n’a pas d’enfant. Sa gynécologue ne voulait pas lui en poser... Elle a fini par lui écrire. Voici l’échange de courrier, et les commentaires de la première intéressée.




Madame,
Comme vous avez éventuellement pu le constater, je n’ai pas repris contact avec vous, comme j’en avais l’habitude, pour renouveler ma pilule.

Je souhaite vous en expliquer les raisons ; non pas que je veuille vous dresser une liste de reproches, mais je pense que cela pourrait vous être utile à l’avenir, avec d’autres patientes.

Voilà au moins deux années que je vous signifiais ma lassitude de la pilule, l’émergence de problèmes que je jugeais pour le moins gênants (d’ordre circulatoire : jambes lourdes, chevilles éléphantesques), problèmes que vous balayiez systématiquement d’un « la pilule est très bien pour vous ».

Vous connaissiez mon historique (19 ans de pilule, 15 ans de tabagie) et avez rejeté toutes mes tentatives (timides, certes, mais c’est votre responsabilité de m’écouter) de changement de mode contraceptif.

Vous avez refusé catégoriquement de me poser un DIU, sans même une explication. Je suppose que ce refus était lié, comme pour nombre de vos confrères français, à mon statut de nullipare. Or, je sais aujourd’hui que cette réticence à la pose d’un DIU sur nullipare est une exception française. Car 15 ans d’études internationales ont démontré à l’extérieur de nos frontières que la nulliparité n’était en rien une entrave à la pose d’un DIU et le refus des gynécologues nationaux ne s’explique que par une réticence morale qui selon moi n’a pas lieu d’être dans un cabinet de gynécologie, et à fortiori dans celui d’une femme gynécologue.

Je suis restée chez vous longtemps par reconnaissance de votre réactivité et efficacité lorsque j’ai du subir une IVG, malgré vos tarifs prohibitifs. Je vous en suis toujours extrêmement reconnaissante et ne vous en remercierai jamais assez pour m’avoir rapidement débarrassée de ce « souci », bien que cela soit simplement votre devoir de soignante et une normale application de la loi.

Mais face à votre manque d’écoute aujourd’hui, je me vois désormais dans l’obligation de recourir à un autre gynécologue, plus compréhensif quant à mes besoins et à ma santé, tout bonnement. En restant avec vous, je sentais l’accident cardio-vasculaire approcher à grands pas.

Il me semble assez incroyable de trouver davantage de soutien et d’écoute auprès d’un gynécologue homme, d’ailleurs. En tant que féministe, je trouve cela très décevant.

Aussi, je me permets de vous écrire cette lettre, en espérant qu’elle trouvera un écho chez vous et vous incitera à davantage d’empathie envers vos patientes qui ne mènent pas de grossesses à leur terme et se soucient de leur contraception et de leur santé.

Je vous rassure, vous n’êtes pas « un cas », les gynécologues adoptant le même comportement que vous sont légions. Mais justement, je ne veux plus cautionner ce genre d’attitude et tenais à vous expliquer les raisons de ma désertion de votre cabinet.

En espérant que pour une fois vous soyez à l’écoute...
Cordialement,
M. P.

La réponse de la gynécologue :

"Madame,
Voici ma réponse en 4 points :
1/ je lis la presse internationale et je vais à bon nombre de congrès uniquement professionnels (non accessibles aux néophytes)
2/je préfère la prudence « nationale » et reste sur ma position. Elle n’est pas morale mais elle est précautionneuse quant à la fertilité de mes patientes.
3/Tabac et CO font mauvais ménage. Tout le monde le sait, congrès et patientes. Ces dernières peuvent arrêter leur tabagie e ne pas faire retomber les risques sur les médecins./Mes honoraires sont en accord avec la SS, puisque j’ai le droit de prendre des honoraires libres. Leur montant est accessible dans la salle d’attente et auprès de mes secrétaires par téléphone
Au total, 17 ans de pratique avec des patientes fidèles (de la première heure), ceci me permet d’ignorer « vos conseils » en toute quiétude.
Bien à vous,
Dr X

Commentaire de M.P.
Je suis d’autant plus ravie de l’avoir quittée que, par cette lettre, elle m’a donné la preuve qu’elle n’est qu’une sale conne (Note de MW : Pour mieux comprendre l’expression « sal(e) con(ne) » appliquée aux gynécologues, cliquer ici.)

Prendre ainsi ses patientes pour des abruties (vous noterez qu’elle m’explique bien qu’elle va à des congrès "non accessibles aux néophytes"), c’est décidément son truc. Et ma mention sur ses "tarifs prohibitifs", semble l’avoir nettement plus émue que ma demande d’écoute.
Elle finirait presque par me donner envie d’écrire au Conseil de l’Ordre...
M. P.
PS : à présent, j’ai un DIU. C’est un généraliste qui me l’a posé.




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