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Le voyage dans la tête
09 septembre 2002 (chronique faite à France Inter )

9 septembre 2002

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Quand Jean-Luc Hees m’a proposé ce boulot, il m’a dit qu’il ne voulait pas mettre un autre humoriste dans la même case que Guy Carlier , mais plutôt quelqu’un qui parle de sciences, qui emmène les auditeurs faire un voyage ailleurs, loin ou près, chez les otaries du Groënland ou dans les tréfonds du virus du sida, ou sous les steppes de l’asie centrale pour y interviewer les asticots en dialecte mongol, bref, un voyage dans la tête - mais il ne voulait pas quelqu’un qui soit membre de l’Institut ou nobélisable, il voulait quelqu’un d’un peu plus éclectique...
Alors, il a pensé à moi. Ça m’a rendu perplexe.



D’abord, je me suis dit : « Ouais, je vois, c’est malin de faire parler le type qui a écrit des bouquins et dont tout le monde a au moins entendu le nom sur Inter, même que son film, d’après le bouquin qu’a eu le prix, là, est passé à la télé cet été... ».
Et puis, j’ai pensé : « Vas-y mollo, c’est pas pour tes beaux yeux qu’il t’engage, le Jean-Luc Hees, c’est parce qu’il espère bien que tu as quelque chose à dire. »
Et là j’ai paniqué : « Mais qu’est-ce que je vais raconter pendant trois minutes, c’est pas long trois minutes, mais c’est trois minutes tous les matins, pendant que schrchrr millions d’auditeurs prennent leur café ou se brossent les dents ou se rasent ou réveillent leurs gosses pour les emmener à l’école ou montent dans leur voiture pour aller au boulot, ou rentrent chez eux après en être sortis ? ».
Si Jean-Luc Hees avait donné trois minutes chaque jour à un des schhshshr millions d’auditeurs - à un auditeur différent chaque jour - il aurait réglé le problème de la variété des sujets en se compliquant certes un peu la tâche, mais à peine.
Seulement voilà, il a choisi la facilité en me collant, moi, devant le micro et débrouille-toi mon pote avec ta rubrique scientifique. Un peu inquiet, j’ai donc couru à mon kiosque et j’ai acheté Science et Vie, Science et Avenir, Pour la Science, et Ça m’intéresse, et plein d’autres magazines - histoire de dire faut que je me documente, que ça ait pas l’air trop tarte, mon truc...

Et puis en revenant avec mon paquet de revues sous le bras, je me suis dit qu’évidemment, il y a de la matière, je pourrais la faire tout seul la rubrique, seulement voilà, je suis comme tout le monde, j’ai mes préférences - la médecine, les séries télé, la littérature, le jazz, les enfants, la justice, les théories loufoques sur l’univers - mais je ne suis pas comme Isaac Asimov, l’écrivain qui s’intéressait à tout, j’ai beaucoup de lacunes, il y a tant de sujets que je connais pas et surtout, des « destinations » auxquelles je ne penserai pas.

Alors j’ai pensé : et si, chaque matin, un des schrchrr millions d’auditeurs venait se loger dans ma tête et, avec les outils qu’il trouve dedans, se posait une question un peu saugrenue sur un truc qui le turlupine et qu’il n’a jamais eu la chance de raconter en public, du genre : « Le clonage, ça marche vraiment ou on nous raconte des bobards ? On pourrait vraiment le cloner, Hitler ? » ou bien : « Le bifidus actif des yaourts, je peux en manger quand j’ai des champignons entre les doigts de pieds ? » ou encore : « A partir de quel âge est-on vieux ? » ou même : « Comment se fait-il qu’il y ait des mouettes à Paris ? ».
Bref, les questions qui ont l’air à la fois simples et pas très fondamentales, qu’on se pose très vite et sur lesquelles on n’a pas le temps de se pencher.

Alors voilà. vous m’envoyez vos questions - et je précise tout de suite qu’il n’y a pas de question stupide - et moi, je me creuse les méninges dessus. Autrement dit, je vous emmènerai en voyage tantôt vers mes destinations, tantôt vers celles que vous me suggérez...

Vous ne prenez pas de risque, car si le voyage vous plaît, ce sera grâce à vous, alors que si ça ne vous plaît pas, ce sera de ma faute ! Donc, envoyez-moi vos questions à France Inter, je partirai en reportage pour vous (je n’oublierai pas de le faire aussi pour moi, je vous rassure) et chaque jour, pendant trois minutes, on le fera ensemble, le voyage dans nos têtes.

Cette première chronique est dédiée à mon ami Jean-Claude Decoudun, dit « Grec », artiste, musicien, humoriste, marin, père de famille et honnête homme, qui vient de partir faire son grand voyage.
Salut, Grec, je te souhaite bon vent.
Paola et les filles, je vous embrasse.

P.S.


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