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Les études de médecine ne sont pas gratuites !!!!
par Théo Combes25 avril 2004
Voici une réaction bien venue de Théo Combes sur le "coût réel" des études de médecine, suscitée par deux articles publiés dans cette même rubrique.
MW
J’ai apprécié la tonalité globale de votre article sur la démographie médicale (La démographie médicale est un problème de société).
J’ai cependant été assez choqué par une phrase de celui d’Elie Arié, qui se dit en faveur d’une "obligation de service dans les zones mal desservies pour rétribuer les années d’études gratuites financées par la collectivité (ce que les syndicats médicaux "libéraux" ne remettent jamais en cause : le "libéralisme" a des limites...)" !!!
Je crois que cette formulation réflète une totale ignorance des conditions matérielles réelles des étudiants en médecine ! Je ne conteste pas que le coût réel de nos études n’est bien sûr pas couvert par les droits d’inscription que nous payons à l’Université, ces frais étant quand même conséquents (au moins environ 300 euros, en général) pour des étudiants sans ressources financières particulières.
Mais il est tout aussi évident qu’un étudiant doit également faire face à toutes les dépenses de la vie quotidienne ! Le plus souvent, c’est la famille qui est mise à contribution pendant de longues années. Même si l’étudiant bénéficie d’une bourse (je parle là par expérience), elle ne suffit pas à couvrir toutes les dépenses. Logement, nourriture, transports, achat de livres et de fournitures indispensables à la scolarité : voilà autant de postes que la collectivité ne finance pas, ou alors très partiellement.
Ne parlons pas des petits boulots : il me paraît impossible de suivre correctement des études en médecine (contrairement, peut-être, à d’autres filières aux emplois du temps moins chargés ?) en travaillant en parallèle au cours de l’année. La durée de ces études correspond donc pour beaucoup aux "vaches maigres" de leur vie, à des années de "serrage de ceinture".
Tandis que certains de nos camarades de lycée travaillent et gagnent leur vie depuis de nombreuses années, il nous faut attendre le troisième cycle, 7 à 9 ans après le bac (car il est fréquent de redoubler, essentiellement la première année, celle du concours), pour nous voir attribuer un salaire décent. S’il y a une dette à acquitter entre la société et les jeunes médecins, elle n’est pas à mon avis dans le sens que Monsieur Arié nous a indiqué. J’aimerais (...) qu’il se rappelle éventuellement de sa jeunesse, ou bien, s’il se trouve que la chance l’a favorisé au cours de sa vie, qu’il envisage la condition sociale réelle de la plupart des étudiants actuels.
Merci pour l’intérêt que vous portez aux problèmes de la formation des Médecins Généralistes. Bravo pour votre courage face aux tentatives de censure de la liberté d’expression.
Cordialement,Théo COMBES,
Vice-Président de l’Association des Internes de Médecine Générale de Midi-Pyrénées.P.S.
Commentaire : Pour ma part, j’ajouterai que le mode de sélection tel qu’il est pratiqué à l’heure actuelle (concours inepte, qui incite au bachotage et mise en place de "boîtes à bachot" payantes qui ne peuvent être fréquentées qu’au prix de lourds sacrifices... ou par des étudiants issus de familles aisées) et la durée des études, pendant lesquelles les étudiants sont souvent exploités (en tant qu’externes) et peu ou pas du tout rémunérés accentue les différences d’attitude entre les étudiants qui n’ont pas de problème financier (il y en a) et ceux qui ont dû se serrer la ceinture.
A la sortie, quels sont ceux qui pourront s’installer dans de bonnes conditions ? Quels sont ceux qui ne le pourront pas ? Là encore, le milieu d’origine pèse de tout son poids. Et enfin : comment peut-on avoir le front d’imposer à des soignants qui se sont formés dans des conditions financièrement difficiles, pendant 9 à 10 ans, de s’installer dans les régions sous-médicalisées, à leurs frais exclusifs ?
Les politiques qui veulent imposer autoritairement le lieu et les conditions d’installation des jeunes médecins font comme si les étudiants en médecine ne vivaient, depuis leur entrée en fac, que de vocation, de sacrifice et d’eau fraîche. Ce n’est pas seulement révoltant, c’est immature, irréaliste et à terme voué à l’échec.
Un soignant, même dévoué, ça doit pouvoir respirer.
MW
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