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D’abord ne pas nuire
Il est TOUJOURS MOINS DANGEREUX de prescrire ou délivrer une pilule à une femme que de la lui refuser

18 mars 2023

Bon nombre de femmes se voient refuser la pilule par un médecin ou par une pharmacie, sous des prétextes divers et variés, qui ne sont JAMAIS motivés sur le plan scientifique, mais toujours guidés par un obscurantisme idéologique. Ce texte explique pourquoi il est TOUJOURS justifié de prescrire/délivrer une pilule à une femme - même si on ne la connaît pas, pour des raisons de santé publique.



Il arrive souvent que des femmes aillent demander à la pharmacie d’un renouvellement de pilule avec une ordonnance périmée (de plus d’un an). Les raisons peuvent être diverses : ça peut être simplement parce qu’elles ont arrêté la pilule il y a plusieurs mois parce qu’elles n’en avaient pas besoin et veulent la reprendre parce qu’elles sont susceptibles d’avoir des relations sexuelles non protégées, mais le moindre rendez-vous avec une sage-femme ou un médecin est à des semaines de là.

Elles se retrouvent face à un ou une pharmacienne qui la leur refuse, au motif que
1° c’est pas réglementaire (c’est vrai, mais il est fréquent que des pharmaciens "avancent" les médicaments à des patientes en attendant qu’elles aient vu le médecin ; pourquoi ? Parce que ces pharmaciennes-là sont des soignantes...) ;
2° ce serait "dangereux" de la leur délivrer faute d’examen clinique fait par un médecin.

J’explique sur une autre page de cette rubrique pourquoi l’examen clinique (et les bilans bios) ne sont pas du tout indispensables pour prescrire/délivrer une pilule-.

Le danger évoqué est celui de la thrombose — un caillot dans une veine de la jambe ou "phlébite", qui peut se compliquer par le transfert de ce caillot et provoquer une embolie (obstruction) dans une artère pulmonaire, qui pourrait survenir comme ça, chez n’importe quelle femme.

Or,

1° une phlébite ne survient pas chez "n’importe quelle femme" — [1]].

2° il y a deux formes de pilules : combinée (estrogène + progestatif) et progestative seule.

Une des deux formes (la pilule combinée) élève le risque de thrombose par rapport au risque spontané en l’absence de prise de pilule. (Les pilules dites de 3e génération font courir un risque supérieur à celles dites de 2e génération)

La seconde forme (pilule progestative seule) ne fait pas courir ce risque.

Donc, dire "vous risquez une phlébite" n’est pas vrai avec une pilule progestative, au point que dans plusieurs pays, elles sont en vente libre an parapharmacie.

D’ailleurs, les "pilules du lendemain/d’urgence", qui sont progestatives, contiennent dans un seul comprimé une dose très supérieure à celle d’un comprimé individuel d’une pilule qui en contient 30. Et elles sont en vente sans ordonnance.

Il est donc toujours justifié, de délivrer un à trois mois de pilule progestative en attendant que la femme voie un médecin qui régularise la prescription. Cérazette ou un de ses génériques seraient le choix le plus logique.

une grossesse non-désirée est une catastrophe pour toutes les femmes.

Et le risque de survenue d’une grossesse non désirée en l’absence de contraception est INFINIMENT SUPERIEUR au risque de thrombose sous pilule. (Risque de grossesse sans contraception : 80% des femmes ; risque de thrombose sous pilule : 6/10 000 — autrement dit : 6 femmes sur 10 000 utilisatrices de pilules !!!)

4° le risque de thrombose est plus élevé pendant une grossesse ou après un accouchement qu’il ne l’est sous pilule combinée !!!

Ce risque est quatre fois plus grand en cas de grossesse qu’avec une pilule combinée de 2e génération, et reste 2 fois plus grand qu’avec une pilule de 3e génération.

Et, encore une fois, le risque de thrombose sous pilule progestative n’est pas différent du risque spontané en l’absence de prise de pilule.

Par conséquent, tous les professionnels qui vous disent que "vous délivrer/vous prescrire" une pilule est "dangereux" sont au minimum des ignorants peureux, au maximum des menteurs maltraitants.

Dépanner une femme en difficulté en renouvelant une ordonnance périmée, voire même lui avancer sans ordonnance une plaquette de pilule (progestative ou combinée de 2e génération) , ce n’est pas seulement sans danger, c’est une obligation morale et un geste de prévention et de santé publique !!!!

Marc Zaffran/Martin Winckler


[1[elle survient surtout après 35 ans, chez une femme qui a des antécédents familiaux et certains facteurs de risques et/ou qui fume encore passé 35 ans




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