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Au vingt-et-unième siècle, un trop grand nombre de médecins français continuent à maltraiter les femmes
Un témoignage de S.

26 mai 2013

Faisant suite à l’article de Snana que vous avez partagé sur Facebook et aux commentaires qui ont suivi je peux vous assurer que les étudiants en médecine francais sont formés sur des patientes sans leur consentement puisque j’en ai moi-même fait les frais.

En 2007, dans un hôpital public parisien, on m’a fait subir une aspiration suite à une fausse couche. J’insiste sur le mot subir car je pense (et ma gynécologue aussi) que cette intervention n’était pas justifiée.

On m’a très fortement incitée à subir cette intervention sous anesthésie locale. Ma faiblesse psychologique du moment m’a fait céder. Ils voulaient économiser un lit sans doute.



Le jour de l’intervention on ne m’a pas administré de calmant comme il était prévu. Une fois installée dans la salle et attachée (sans avoir été prévenue au préalable) les étudiants sont entrés et la gynécologue en a choisi une et lui a dit (je cite) "videz-moi cet utérus". Je n’étais donc à leur yeux qu’un utérus.

Bien qu’il m’avait été demande d’apporter un lecteur mp3 pour "ne pas entendre" j’ai absolument tout entendu de l’intervention. Le bruit de la machine, les conseils aux étudiants. Ils ont même été jusqu’à poser l’embryon à côté de ma tête, jugeant certainement que l’utérus n’avait pas d’yeux.

Tout au long du "cours" une aide soignante n’a cessé de me répéter "vous oublierez". Ça n’a pas été le cas. Après on m’a félicitée d’avoir été si docile contrairement à nombre de mes congénères qui se "plaignent des qu’on les touche".

Une fois retournée dans ma chambre je me suis en plus fait passablement engueuler parce que je n’avais pas de carte de groupe sanguin. Je leur avais pourtant précisé la veille. Ma grossesse s’étant arrêtée trop tôt je n’avais pas eu le temps de faire la seconde prise de sang à apposer à la carte.

S’en est suivi une infection. Ils ont tenté de m’imposer une deuxième aspiration deux semaines plus tard (ma docilité sans doute...). Cette fois-ci j’ai refusé et ils m’ont littéralement jeté une plaquette de cytotec à la figure et ont refusé de m’accorder un arrêt de travail, que j’avais demande pour le temps de la prise seulement (48h).

Pour me punir sans doute...

Je ne suis pas contre le monde médical. C’est lui qui a sauvé ma fille et moi lorsque j’ai fait une pre eclampsie quelques mois après l’intervention que j’explique ci-dessus. Je suis pour le choix. Pour la péridurale comme pour l’accouchement naturel.

Mais cette expérience a changé ma vision des choses. Je ne suis plus "docile".

Il reste un long chemin à parcourir. Et il est essentiel que les femmes comprennent qu’elles ne sont pas que des utérus.

S., 21 mai 2013




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