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Cholestérol : comment terroriser les utilisatrices de pilule...
... et faire le jeu d’un commerce très lucratif visant la population entière ! - par Martin WInckler
Article du 4 octobre 2006

Mise à jour : 11 juin 2016

Parmi les questions concernant la contraception, les trois principales inquiétudes des utilisatrices sont 1° l’incidence des méthodes sur la fécondité, 2° les interactions entre pilule et tabac, et 3° les risques d’une élévation du cholestérol. Le malheur sanitaire de notre pays réside en partie dans le fait que beaucoup de ses médecins (peut-être la majorité) ne mettent pas leurs connaissances à jour et n’ont aucun sens critique à l’égard l’industrie. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la contraception. Tant pour ce qui est des méthodes - trop souvent refusées - que des contraintes trop souvent imposées à des femmes qui sont le plus souvent parfaitement capables de s’assumer et en parfaite santé.

Lorsque, à l’ignorance en matière de contraception, s’ajoute la crédulité en matière de maladies cardio-vasculaires, le résultat est effrayant.

L’article rédigé par Bruno Schnebert, cardiologue ("Cholestérol : en avoir ou pas"), et celui-ci, plus particulièrement adressé aux utilisatrices de pilule, sont destinés à donner à tous et à toutes de quoi faire face au terrorisme médical ambiant.

Martin Winckler


Lire l’article de Bruno Schnebert : "Le Cholestérol : en avoir ou pas ?"


L’une des aberrations de la prescription de contraception en France est l’attachement névrotique des médecins français aux « bilans biologiques systématiques » et en particulier au dosage du cholestérol avant toute prescription de pilule.

Je l’ai détaillé dans un autre article sur ce sitemais je vais le répéter ici : pour prescrire une pilule contraceptive avant 35 ans, un médecin n’a besoin que de deux informations :
 connaître l’existence d’antécédents de phlébite (caillot dans une jambe) chez l’utilisatrice ou chez ses proches parents ;
 prendre la tension artérielle de l’utilisatrice de pilule.


Faut-il, pour prendre la pilule, se faire doser la glycémie et le cholestérol ?

Non, non, non et non ! ! !

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la communauté scientifique internationale, au vu des connaissances scientifiques actuelles.

Ainsi, l’OMS publie régulièrement un document (remis à jour cette année) intitulé « Critères de recevabilité pour l’adoption et l’utilisation continue de méthodes contraceptives ».

Ce document ne contient pas une seule fois le mot « cholestérol ».
Télécharger le document de l’OMS. (NB

Sous le terme « hyperlipidémie avérée » (élévation anormale des lipides sanguins, - situation rare chez les femmes à l’âge où elles prennent la pilule, et qui ne concerne que les membres de certaines familles porteuses de ce type de maladie), le document indique :

« Il n’est pas opportun de procéder à un dépistage systématique compte tenu de la rareté de cette pathologie et du coût élevé du dépistage. »

Autrement dit : en dehors des cas (rares et CONNUS) d’hyperlipidémie familiale, le dosage des lipides est inutile. Pas même à titre de dépistage !!!


(Lire l’article de Bruno Schnebert : "Le Cholestérol : en avoir ou pas ?")


Facteurs de risque cardiovasculaires : ils sont rares chez les utilisatrices de pilule !!!

En Angleterre, on ne fait pas de bilan lipidique systématique chez les femmes jeunes sans facteur de risque utilisant la pilule : le cholestérol est considéré comme étant sans intérêt dans cette situation.

En France, malheureusement, il est dosé de manière quasi-systématique par beaucoup de médecins. (On se demande à qui ça profite de doser le Cholestérol Total comme ça... Je l’ai déjà dit ? Oui, parce que ça profite à beaucoup de gens...)

Or, l’élément le plus important à retenir est celui-ci :
si vous n’avez aucun des facteurs de risques cardio-vasculaires énoncés ci-dessous, il est inutile de faire doser votre cholestérol !

Rappelons les facteurs de risques cardiovasculaires tels qu’ils ont été énoncé par l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) en 2005 :

 être un homme de plus de 50 ans, ou une femme de plus de 60 ans,

 compter un antécédent de maladie coronaire (angine de poitrine, infarctus du myocarde) précoce chez un parent du premier degré (homme de moins de 55 ans, femme de moins de 65 ans),

 fumer ou avoir arrêté de fumer depuis moins de 3 ans,

 souffrir d’une hypertension artérielle (traitée ou non)

 souffrir d’un diabète de type 2 (traité ou non) = c’est à dire le diabète qui ne nécessite pas l’administration d’insuline

 avoir un « bon cholestérol » HDL inférieur à 0.40 g/l(quel que soir le sexe),

Si le bon cholestérol HDL est supérieur à 0.60 g/l, (facteur protecteur) on compte un facteur de risque en moins.

Ainsi, si vous êtes une femme de moins de 50 ans, si vous ne fumez pas et si vous n’avez aucun autre FdR, doser le Cholestérol Total n’a aucun intérêt, que vous preniez la pilule ou non ! ! ! Autrement dit, en l’absence de facteurs de risque, encore une fois, inutile de faire un bilan lipidique.

Si vous avez UN facteur de risque (le tabac, par exemple) et si votre médecin vous a demandé simplement le cholestérol total, cette valeur est à elle seule ininterprétable ! ! ! Faites-vous prescrire un bilan lipidique complet (voir l’article de Bruno Schnebert) pour calculer le LDL.

Si le LDL ("mauvais" cholestérol) est inférieur aux normes, vous êtes en droit de dire à votre médecin de vous foutre la paix.

Mais comme vous l’avez déjà probablement vu en lisant la liste des facteurs de risque, il aurait déjà pu se passer de doser votre cholestérol !!!


(Lire l’article de Bruno Schnebert : "Le Cholestérol : en avoir ou pas ?")


Mon médecin m’a fait faire un dosage de cholestérol avant et après la pilule, et mon cholestérol a monté ! Que dois-je faire ?

Si vous n’avez pas de facteur de risque : NE FAITES RIEN !!! (Et surtout, n’arrêtez pas votre pilule.)

En France, on continue à doser les lipides sanguins chez les utilisatrices de pilule. Pour le profit des laboratoires d’analyse, et avec des effets désastreux sur les utilisatrices de pilule. En effet, nombre de femmes se voient refuser une prescription de pilule parce que « leur cholestérol a monté ».

Or, il est normal que le cholestérol monte quand on prend la pilule : le cholestérol est une substance qui sert au transport des médicaments dans le sang. Le cholestérol HDL (le "bon" cholestérol) s’élève un peu quand on prend des hormones, parce que sinon, les hormones en question ne seraient pas transportées ! Une élévation du cholestérol sous pilule n’a donc pas de signification inquiétante, et elle n’a aucune incidence sur la santé des femmes qui, pour la plupart, à l’âge où elles prennent la pilule, n’ont aucun facteur de risque vasculaire ! ! !


Si j’ai plusieurs facteurs de risque cardio-vasculaires, est-ce que je dois changer de pilule ?

Si vous avez plus de 35 ans ET si vous fumez OU si vous avez un autre facteur de risque (Hypertension, antécédent familial d’accident cardiaque avant 60 ans), alors il est préférable que vous cessiez de prendre une pilule combinée (les pilules combinées sont celles qui contiennent de l’éthynil-estradiol - c’est marqué sur la boîte) et que utilisiez une contraception sans estrogène :
 DIU (hormonal ou au cuivre)
 Implant progestatif
 Contraception progestative

Autant dire que vous n’êtes pas démunies...


Je n’ai aucun facteur de risque, mais mon médecin m’a tout de même fait doser le cholestérol et, comme il lui paraît trop élevé, il ne veut plus me prescrire ma pilule. Que dois-je faire ?

 1° Lui demander de vous prescrire une pilule sans estrogènes ou un implant, ou un DIU (pour ne pas rester sans contraception).

 2° lui faire lire cet article et l’article de Bruno Schnebert. Pour qu’il ne meure pas idiot.

 3° s’il ne revient pas sur sa décision, changez de médecin. Un praticien qui ne veut pas réévaluer sa pratique au vu des connaissances scientifiques internationales ne mérite pas votre confiance


(Lire l’article de Bruno Schnebert : "Le Cholestérol : en avoir ou pas ?")


Pourquoi les médecins français sont-ils obsédés par le cholestérol ?

Parce que l’ignorance des médecins français (et la peur des citoyens) est soigneusement entretenue par l’industrie pharmaceutique, pour laquelle la prise de médicaments contre le cholestérol par un maximum de personnes est une rente juteuse.

Faire prendre un médicament contre le cholestérol à des gens qui n’en ont pas besoin (et qui vivront donc très longtemps), c’est en effet très, très rentable.

Je vous invite à lire, sur le sujet, Les inventeurs de maladies de Jörg Blech (Actes Sud, 2005), duquel j’extrais ce passage :

« Une étude exhaustive effectuée en Bavière sur cent mille individus a fourni une valeur [du cholestérol] de 260 mg/dl. Or, en 1990, l’Action nationale contre le cholestérol, une association d’intérêts privés regroupant treize professeurs de médecine, proposait une valeur limite de 200 mg/dl et parvenait même à faire accepter celle-ci. Les médecins de l’Action contre le cholestérol représentaient des groupes de pression, dont la Ligue allemande de lutte contre l’hypertension, proche de l’industrie, la « Ligue lipide » ou la Société allemande de biologie médicale. Dans un « document stratégique » ils exigeaient un élargissement radical du diagnostic, arguant que « tout médecin devrait connaître le taux de cholestérol de son patient ».

Par le décret de médecins aux dents longues, la majorité des Allemands est ainsi devenue une population à risque. Dans le groupe des 30 à 39 ans, 68% des hommes et 56 % des femmes présentent, d’après la valeur limite arbitraire, un taux de cholestérol pathologiquement élevé. Chez les sujets de 50 à 59 ans, ce sont 84% des hommes de 93% des femmes qui sont touchés.

La conséquence de telles valeurs limites frise l’absurdité : les patients déclarés à risque se sentent en effet en pleine forme et en bonne santé. Et s’ils souffrent de quelque chose, alors ce n’est que de la découverte de leur « maladie »...

Cette « stratégie » dénoncée par Jörg Blech, Christian Lehmann la décrit lui aussi très bien dans Patients si vous saviez... (Ed. Laffont, 2003), où il raconte en particulier les ravages que fit, il y a quelques années, la mise sur le marché d’un médicament contre le cholestérol, la cérivastatine, prescrit à des centaines de milliers de personnes qui n’en avaient pas besoin ! ! !

C’est cette même stratégie qui a poussé l’ARCOL (association qui ressemble comme une sœur à « l’Action nationale contre le cholestérol » décrite par Jörg Blech) à lancer une campagne d’information terroriste sans précédent sur les antennes télévisées françaises. Lire la chronique que j’ai consacrée à ce sujet sur France Inter

Sur la « campagne d’information » de l’ARCOL, consultez ce lien.


Aujourd’hui, en France, le « cholestérol », faux problème de santé publique est en réalité un créneau commercial très lucratif.

Qui, en effet, bénéficie du terrorisme autour du cholestérol ?
 les médecins peu scrupuleux, qui font faire des « bilans lipidiques » à tire-larigot
 les laboratoires d’analyses médicales (qui dosent les bilans en question)
 les fabriquants de machines de dosage biologique
 l’industrie pharmaceutique qui fabrique des médicaments pour faire baisser le cholestérol des bien-portants
 l’industrie agro-alimentaire, qui multiplie à qui mieux mieux les produits « allégés », sans cholestérol ou bourrés d’oméga-trois...


Quand un cholestérol trop élevé est-il vraiment « dangereux » ?

Rarement ! L’article très précis rédigé par Bruno Schnebert, cardiologue de famille, et publié sur ce site vous indiquera exactement quand. Comme vous le verrez en le lisant, les personnes « menacées » ne sont quasiment JAMAIS les femmes qui utilisent la pilule... Et très peu de personnes, en pratique sont concernées par l’élévation du cholestérol.

Car lorsqu’on ne présente aucun facteur de risque (ce qui est le cas de la plus grande partie de la population) il est inutile de faire baisser le cholestérol, et même inutile de subir une prise de sang pour le mesurer ! ! !

Cet article de Bruno Schnebert, celui-ci et les documents qui l’accompagnent, je vous invite à les imprimer et à les faire lire à vos amis et à vos médecins. Ils contiennent les références scientifiques indispensables qui permettront de cesser d’avoir peur des lipides... et de terroriser la population avec des dosages de cholestérol coûteux et inutiles.

Ces informations, il nous appartient, à tous, de les diffuser largement.

Car la première manipulation que nous subissons, c’est celle que permettent le silence et les peurs sans justification.

Martin Winckler

Lire l’article sur les relations entre contraception et fécondité

Lire l’article sur pilule et tabac

Lire l’article sur les risques de cancer et d’accidents vasculaires liés à l’âge chez les utilisatrices de pilule

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