Je viens d’écouter votre rubrique intitulée « son droit de coucher dans la rue » sur arteradio.com et je me suis vue quelques années en arrière lorsque j’ai débuté ma carrière.
J’avais 20 ans, je sortais de chez papa maman, et me voici patrouillant dans les rues portant fièrement mon uniforme tout neuf et bien décidée à jouer les preux paladins. Et soudain, la rue m’est apparue sous un nouveau jour, certes il y avait toujours les boutiques, l’odeur du pain frais s’échappant de la boulangerie, le mobilier urbain, les passants pressés mais il y avait aussi ceux dont on ne sait pas ou dont on ne veut pas croiser le regard et que je n’avais jamais osé aborder avant.
Je me suis alors posée la même question que vous : "Qu’est ce que je vais leur dire ?" En tout cas, plus question de passer à côté comme ça, comme tous les autres. Alors j’ai trouvé une astuce qui me permettait d’engager la conversation. Je suis allée acheter mon premier paquet de cigarettes ! Ensuite, à chaque fois que je voyais un SDF, je m’arrêtais et je lui en proposais une.
La plupart l’acceptaient volontiers et au fil de la fumée me racontaient leur vie passée et parfois leur projet, certains refusaient toute aide et parfois criaient « mort aux vaches ! », d’autres acceptaient le refuge d’une association pour une nuit. Dans tous les cas, cela m’a permis de les aborder sans préjugé et surtout de mieux les connaître. Onze ans plus tard, je ne fume toujours pas, mais j’ai toujours un paquet de cigarettes sur moi !
RC