logo Winckler’s Webzine
Le site personnel de Martin Winckler
logo

 Sommaire | Edito | In italiano | Courriers et contributions | Contraception et gynécologie | Radio et télévision | Lectures | For the English-speaking Reader | Mes Bouquins | Les médecins, les patients, et tout ce qui s’ensuit... | WebTV | Être un(e) adulte autiste... | Projet POL : Les fichiers sonores
Recherche

Voir aussi :

Contraception
- Contraceptions mode d’emploi
- Dix idées reçues sur la contraception
- Tout ce que les femmes doivent savoir pour se faire poser un DIU (" stérilet ")
- J’ai arrêté ma contraception il y a quelques semaines et je ne suis toujours pas enceinte. Que se passe-t-il ?
- La légende du DIU et des anti-inflammatoires
- Je n’ai pas (encore) d’enfant. Puis-je utiliser un DIU ("stérilet") ?
- Diane 35 et ses génériques : le principal risque, c’est la grossesse non désirée...
- Comment s’y retrouver, parmi toutes ces pilules ?
- La pilule : Comment la prendre ? Que faire quand on l’oublie ? (version mise à jour)
- Pilule "Jasmine" : à ne pas utiliser n’importe comment !

Prévention
- Peut-on comparer la pilule à un vaccin ? (A propos des accidents thrombo-emboliques liés à la vaccination anti-covid)
- Pour prendre la pilule, examen gynécologique, examen des seins et prise de sang ne sont pas nécessaires...
- Plaidoyer pour une autre radiologie
- Contraception : Questions / Réponses 45
- Certains gynécologues français s’efforcent de réhabiliter les DIU
- Les règles : est-il "dangereux" de ne pas en avoir ? (Contraception : Questions/réponses 44)
- Cérazette et allaitement (Contraception : Questions / Réponses 41)
- Pilule et allaitement (Contraception : Questions / Réponses 40)
- "Ce n’est pas le DIU qui perfore, c’est le médecin !" (et certains médecins mériteraient un procès...)
- Contraception : Questions / Réponses n° 36

Santé
- Qu’est-ce qu’un patient "responsable" ? Qu’est-ce qu’un soignant respectueux ?
- Humbles réflexions d’un médecin généraliste sur l’IVG
- Santé : la fin du modèle français
- Que "vaut" une IVG ?
- "La santé en questions", une collection pour tous
- Une maladie méconnue : le trouble dysphorique du lundi matin (TDLM)
- L’avenir menaçant de l’industrie pharmaceutique
- Sélection des étudiants en médecine : comparaison entre France et Québec
- "Je viens encore bêtement de faire perdre 800€ à la sécu pour une connerie"
- Qu’est-ce que l’effet placebo ?

Contraception et gynécologie > Implant contraceptif >


Tout ce qu’il faut savoir (ou presque) sur l’implant contraceptif
par Martin Winckler
Article du 13 octobre 2015

L’implant contraceptif, originellement mis sur le marché sous le nom d"Implanon" se nomme désormais "Nexplanon" en France et dans les pays où il est commercialisé. Ce changement de nom correspond à une présentation qui permet de l’insérer de manière plus sécuritaire, juste sous la peau, sans risquer une pose profonde (et donc, des difficultés de retrait). Bref : c’est un implant amélioré.
Raison de plus pour envisager son utilisation.

Lire ce que dit (via Le Figaro) le Collège des gynécologues et obstétriciens américains sur la prescription des méthodes de longues durée (DIU et implant) chez l’adolescente. (Il recommande l’un et l’autre chez les ados qui le demandent et en dehors des (rares) contre indications possibles.) Cet avis date de fin 2012, il est toujours d’actualité.

Comme la pilule et comme le " stérilet " (qu’on devrait nommer " dispositif intra-utérin ", pour qu’on n’imagine pas qu’il rend stérile), l’implant contraceptif est une méthode contraceptive efficace à plus de 95 %. L’implant peut être prescrit sans danger aux femmes de tous les âges, il n’est pas réservé aux femmes ayant eu des enfants. Il peut aussi être prescrit aux femmes ayant eu des accidents thrombo emboliques (phlébite, embolie pulmonaire) et pour qui les estrogènes sont dangereux.

Efficacité théorique et réelle d’une contraception

Qu’est-ce que ça veut dire " efficace à plus de 95% " ? Ca veut dire que parmi 100 femmes utilisant la méthode pendant 1 an, 5 ou moins seulement seront enceintes en raison d’un échec de la méthode.

L’efficacité d’une méthode varie surtout si cette méthode nécessite une intervention de la part de l’utilisatrice ou si des facteurs extérieurs peuvent interférer avec elle.

Par exemple, si on prescrit la pilule à 100 femmes à partir du 1er janvier, l’efficacité théorique (en cas d’utilisation parfaite) est de 95 % (5 grossesse par an pour 100 femmes). En réalité, on observe jusqu’à 20 grossesses par an chez les utilisatrices de pilule. Pourquoi tant que ça ? Parce qu’on peut oublier sa pilule, ou être dans l’incapacité de la prendre, ou la vomir, ou l’arrêter parce qu’on a un effet secondaire imprévu, ou parce qu’on a pris un médicament qui l’a inactivé (voir en fin d’article)... etc.

En revanche, l’efficacité réelle des dispositifs intra-utérins (stérilets), au cuivre ou hormonal, est identique à leur efficacité théorique près de 99, 5 % - soit cinq grossesses par an pour 1000 utilisatrices.

L’implant contraceptif, lui aussi, est efficace à plus de 99,5 %. C’est un réservoir en matière plastique souple, aussi long mais plus fin qu’une allumette (voir photo ci-dessus), qui contient un progestatif, un hormone féminine. On insère l’implant sous la peau du bras au moyen d’une aiguille creuse, un peu comme on fait une prise de sang. Une fois glissé sous la peau, l’implant est indolore et le plus souvent invisible.


Où insère-t-on l’implant ?

Conventionnellement, sous la peau, quelques centimères au-dessus du coude, à la face interne du bras (à gauche ou à droite) . Mais ce n’est qu’une convention. Il peut être inséré n’importe où sous la peau. On a choisi cette zone parce qu’elle n’est pas trop exposée (mais certaines femmes trouvent l’emplacement gênant) et aussi pour que, lorsque la personne qui l’enlève n’est pas celle qui l’a posé (et qui doit noter dans le dossier où il l’a posé), il cherche toujours au même endroit - dans le cas où la femme ne se souvient pas. (Oui, il arrive que certaines femmes ne se souviennent pas, trois ans plus tard, où l’implant a été posé, surtout si elles ne le sentent pas du tout sous la peau.)

Mais à proprement parler, il peut être posé à l’endroit que vous préférez. Aujourd’hui, on peut prendre une photo avec son téléphone cellulaire (ou celui du médecin) et garder une trace visuelle du site d’insertion. (Si c’est le médecin qui prend la photo, demandez-lui de vous l’envoyer. Vous pourriez être amenée à le faire enlever par quelqu’un d’autre...)

Attention !!! : la pose et le retrait de l’implant doivent être indolores et, pour cela, être pratiqués sous anesthésie locale.

L’implant doit être inséré sous la peau anesthésiée, soit avec un patch ou de la crème anesthésique Emla, soit après une injection de lidocaïne. Il est anormal et inacceptable qu’un médecin insère un implant sans anesthésie locale. Le "manque de temps" n’est pas une excuse : le médecin qui propose d’insérer un implant doit prescrire, pour le jour de la pose de la crème Emla, à appliquer sur la peau une heure avant la consultation. Le jour où la femme veut le faire enlever, le médecin doit de nouveau prescrire de la crème anesthésique à poser une heure avant. Au moment du retrait, il doit compléter l’anesthésie par une injection de lidocaïne, avant de faire une toute petite incision sur la peau au-dessus de l’implant et retirer celui-ci avec une pince.

Une fois l’implant posé, aucune visite de contrôle n’est nécessaire. Si vous tolérez bien votre implant, vous n’avez pas besoin de voir le médecin qui vous l’a posé pendant 3 ans, ou jusqu’à ce que vous ayez décidé de le faire enlever.

Il peut arriver que juste après la pose, un hématome ("bleu") apparaisse autour de l’implant. Cela peut arriver s’il y a eu un petit saignement au moment de la pose. Le "bleu" devient ensuite vert, puis jaune (c’est normal) et finit par disparaître.


Depuis quand l’implant existe-t-il ?

On pose des implants depuis près de 30 ans, en particulier dans les pays en développement. En France, où nous sommes toujours un peu à la traîne, le seul implant qui existe a été commercialisé pour la première fois en 2001. C’est le plus récent, mais aussi le plus fiable et le plus facile à utiliser. Aujourd’hui, on a tout de même quinze ans de recul, ce qui n’est pas rien.

Comment ça marche ?

Une fois l’implant inséré sous la peau, des orifices microscopiques se dilatent à la chaleur du corps et libèrent une hormone progestative (similaire à celle qui est contenue dans les pilules progestatives, sans estrogènes) et cette hormone diffuse dans le sang. Comme avec toutes les méthodes hormonales, le cerveau de l’utilisatrice perçoit les hormones dans le sang et « croit » que cette circulation d’hormone est synonyme de grossesse. De ce fait, l’ovulation est mise en sommeil. La quantité d’hormone présente dans l’implant est suffisante pour être efficace trois ans.

Comme la pilule progestative l’implant ne présente pratiquement aucun danger. Il peut être utilisé à n’importe quel âge, de l’adolescence à la quarantaine passée, même par les femmes qui fument. Il ne nécessite aucune manipulation et aucune précaution.

Est-ce vraiment une contraception très efficace ?

Oui, l’efficacité de l’implant est très grande : si j’en crois les statistiques auxquelles j’ai eu accès, parmi les 200 000 femmes ayant reçu un implant en Europe ces dernières années on a observé moins de dix grossesses.

Dans mon expérience personnelle (j’ai posé des implants entre 2001, date de leur commercialisation en France et 2008), je n’ai eu à observer que quelques grossesses (sur plusieurs centaines d’implants insérés), dans les circonstances suivantes :

 Deux grossesses sont survenues chez des femmes qui... étaient déjà enceintes avant d’avoir fait poser leur implant : elles s’étaient trompées sur la date de leurs dernières règles ou avaient omis de prendre des précautions contraceptives entre l’arrêt de leur contraception précédente et la pose de l’implant. Je leur avais posé l’implant en toute confiance. A l’une d’elle, j’avais recommandé de refaire un test de grossesse quinze jours plus tard (je n’étais pas du tout sûr qu’elle ne pouvait pas être enceinte) mais elle ne l’a pas fait.

 Une grossesse est survenue chez une femme épileptique dont le traitement, compatible avec un implant, a été modifié plusieurs mois après la pose de l’implant par le neurologue. Le « spécialiste » n’a pas jugé utile d’interroger cette femme sur son désir ou non d’être enceinte, ni de se préoccuper des interactions entre le nouveau traitement qu’il lui prescrivait et sa contraception existante. Or, non seulement le médicament qu’il lui a prescrit avait pour effet de diminuer l’efficacité de l’implant, mais en plus, il était toxique pour une éventuelle grossesse. Ce type-là mériterait qu’on lui interdise d’exercer, car l’interaction entre certains médicaments anti-épileptiques et la contraception hormonale fait partie du B.A.-BA de la neurologie. (Et en plus, c’est inscrit sur les notices...)

 Un petit nombre de grossesses sous implant (moins de cinq) sont survenues sans cause identifiable.

Au total, on peut considérer que l’implant est une méthode très, très fiable.


Si vous en avez assez de prendre la pilule et désirez changer de contraception, pensez aussi au DIU.

Tout ce que vous avez besoin de savoir sur le DIU (Dispositif intra-utérin ou "stérilet")


Est-ce que l’implant fait prendre du poids ?


Dans les documents du fabriquant, on peut lire qu’ « Une étude a montré que les femmes qui prennent du poids ne sont pas plus nombreuses parmi les utilisatrices d’implant que parmi les utilisatrices de stérilet (qui, lui, ne contient aucune hormone.) »

Mon sentiment clinique (dont la valeur scientifique est inévitablement réduite, car je ne peux pas être objectif, mais qui est fondé sur l’observation et le bon sens) est le suivant : Toutes les méthodes hormonales de contraception reproduisent peu ou prou l’état hormonal de la grossesse ; comme toutes les méthodes hormonales, l’implant peut favoriser une prise de poids importante chez certaines femmes prédisposées - celles qui prennent beaucoup de poids pendant leurs grossesses. C’est évidemment difficile à prévoir chez une femme qui n’a jamais été enceinte mais
 si votre mère a pris beaucoup de poids pendant sa ou ses grossesses
 si vous avez pris beaucoup de poids avec une autre méthode hormonale (pilule)
 si vous avez été enceinte brièvement et avez pris bcp de poids pendant les semaines où vous étiez enceinte,
 si vous êtes en surpoids ou avez tendance à prendre du poids facilement,
alors il est très probable que l’implant vous fera prendre du poids. Ce n’est donc pas, dans ces circonstances, une méthode que je recommande.

De manière assez caractéristique, je n’ai pour ainsi dire jamais vu une femme mince ou maigre (et qui se plaignait de l’être) prendre du poids avec un implant (alors que souvent elle le souhaitait). Cette observation m’a conforté dans l’idée que l’implant, en lui-même ne fait prendre du poids qu’à des femmes prédisposées (celles que je décris plus haut), de même qu’il ne provoque une poussée d’acné que chez les femmes qui en ont ou en ont eu par le passé. Encore une fois, cette observation n’a pas valeur de vérité absolue, mais elle est fondée sur le bon sens.

Ces réserves faites, il m’est arrivé souvent d’entendre des femmes me dire qu’elles préféraient courir le risque de prendre du poids plutôt que d’être enceinte, et bien entendu, je respectais leur choix de l’implant, car c’est leur choix qui doit être déterminant, pas les inquiétudes ou les préjugés du médecin.

L’implant favorise-t-il l’acné ?

L’implant contient un progestatif, hormone qui ressemble aux hormones masculines. Chez les personnes qui y sont sujettes, le progestatif de l’implant peut accentuer l’acné, voire même provoquer une poussée d’acné. Il est donc important que les femmes qui choisissent un implant le sachent avant de choisir cette méthode. Chez les femmes également prédisposées à ces phénomènes l’implant peut également (comme tous les progestatifs) favoriser la séborrhée (peau grasse), un certain degré d’hirsutisme (pousse des poils) et... la chute des cheveux. Mais encore une fois, ces phénomènes surviennent essentiellement les femmes qui y sont déjà sujettes. Le progestatif de l’implant ne fait qu’accentuer une prédisposition personnelle, il ne la crée pas.


Attention ! Ces phénomènes sont les mêmes avec le DIU hormonal qui contient sensiblement la même hormone que l’implant contraceptif. Les femmes ayant tendance à prendre du poids et prédisposées à l’acné, à la séborrhée et à l’hirsutisme doivent savoir qu’un DIU hormonal risque d’accentuer ces symptômes. (Même si statistiquement, ces phénomènes sont moins fréquents chez les utilisatrices de DIU hormonal que chez les utilisatrices d’implant.


Un inconvénient imprévisible de l’implant : l’irrégularité des menstruations

En reproduisant l’état hormonal de la grossesse, l’implant met souvent l’ovulation en sommeil. Ainsi, 18 % des utilisatrices n’ont pas de règles du tout, comme si elles étaient enceintes. D’autres (surtout pendant les premières semaines) peuvent observer un gonflement ou une tension un peu douloureuse des seins.
(Parfois, l’absence de règles et la tension des seins fait redouter une grossesse. Un test de grossesse négatif permettra de vous rassurer. Le port de l’implant ne modifie pas les tests de grossesse.)

Ces phénomènes sont sans danger. Et ils ne concernent pas toutes les utilisatrices.
La majorité des utilisatrices ont des règles moins fréquentes, et plus irrégulières qu’en l’absence de contraception.

Un certain nombre (12 % d’utilisatrices) ont des règles plus fréquentes - qui surviennent souvent de manière imprévisible - surtout pendant les 6 premiers mois.
Ces saignements ne sont pas des règles, mais un « spotting », un saignement minime provenant de l’utérus, et lié à la finesse de la paroi intérieure de l’utérus (endomètre), très aminci par l’hormone. Le « spotting » s’observe aussi chez les utilisatrices de pilule (surtout celles qui prennent la pilule en continu) ou les porteuses de DIU (« stérilet »), au cuivre ou hormonal. IL est sans danger et n’a pas de signification particulière, mais il peut être très gênant.

Que faire quand on a un "spotting" ?

Les femmes qui ont des règles trop fréquentes, ou des saignements légers plus ou moins permanents (« spotting ») pendant les premiers mois d’utilisation de l’implant peuvent atténuer ce phénomène en prenant de l’ibuprofène (en vente libre) par cures de 2 comprimés à 200 mg, trois fois par jour, 4 jours d’affilée. Le plus souvent, cela suffit à interrompre durablement le spotting. Une autre méthode, quand les saignements sont très fréquents ou très gênants, consiste à prendre des estrogènes (qui ont tendance à ré-épaissir l’endomètre, ce qui l’empêche de saigner). Les estrogènes peuvent être pris sous la forme... d’une pilule combinée ordinaire. Elle n’est alors pas utilisée comme contraception, mais pour faire cesser le « spotting ».


À retenir

Si vous n’avez pas de règles dans les semaines ou les mois qui suivent la pose d’un implant, ne vous inquiétez pas : a priori, vous n’êtes pas enceinte ! C’est un effet fréquent. L’absence de règles ne compromettra pas votre aptitude à être enceinte après le retrait de l’implant. (Si vous voulez être complètement rassurée, faites un test de grossesse.)

Si vous avez des règles irrégulières, c’est également un effet de l’implant. Cette irrégularité peut durer pendant les trois ans d’utilisation. Elle ne veut pas dire que l’implant est inefficace, mais si elle est gênante, et si elle n’est pas contrôlée par la prise d’ibuprofène (voir plus haut), elle peut contraindre à retirer l’implant.


Si vous désirez recourir à une méthode de contraception très efficace mais sans hormones, choisissez un DIU (dispositif intra-utérin ou "stérilet") au cuivre.
Pour en savoir plus


La résistance des médecins

Beaucoup de gynécologues et de médecins français semblent très opposés à l’implant. Certains invoquent ses effets secondaires, mais toutes les méthodes en ont, et si l’utilisatrice potentielle est prévenue des effets possibles de l’implant, et si elle n’est prédisposée ni à la prise de poids, ni à l’acné, elle peut essayer l’implant. L’irrégularité du cycle est certes possible et imprévisible, mais elle n’est très gênante que pour 12 à 15 % des utilisatrices.

Dans le département français où j’ai longtemps exercé, de nombreuses femmes demandaient un implant à un gynécologue qui refusait de les poser, et qui le leur prescrivait pour être posé par quelqu’un d’autre. Cette attitude n’est pas acceptable : la pose de l’implant est un geste simple, à la portée d’un étudiant en médecin de 4e année, et le choix de la contraception appartient à la femme, surtout quand la méthode est sans danger (or, la seule méthode contraceptive susceptible de comporter un danger mortel... c’est la pilule combinée !)

Il n’est donc pas professionnel de refuser la pose d’un implant sans raison médicale raisonnable. Rappelez-vous par ailleurs qu’il n’est pas nécessaire d’aller voir un gynécologue pour vous faire prescrire une contraception (ou poser un implant ou un DIU) : médecins généralistes et sages-femmes sont habilité(e)s à le faire et beaucoup le font très bien, sans réticence.

Si les professionnels de santé exerçant en privé autour de chez vous ne veulent pas vous poser d’implant, contactez le Centre de Planification public ou du Planning Familial le plus proche. (Les liens vers ces deux listes sont ici.)

Certains professionnels (???) ne veulent pas entendre parler de l’implant parce que (soi disant) ça ne leur « rapporte rien de poser un implant » (alors que la pose d’un stérilet est un acte qu’ils peuvent faire payer).

C’est faux, bien entendu. La pose et le retrait de l’implant sont cotés par la sécurité sociale : ils ont un tarif bien précis, comme vous pouvez le voir dans CET ARTICLE.

En réalité, l’opposition de nombre de médecins à l’implant est liée au fait... que ça ne les intéresse pas. Ne connaissant pas bien cette méthode et ne cherchant pas à proposer le plus grand nombre possible de méthodes contraceptives à leurs patientes, ils ne veulent pas se risquer à la prescrire et à la conseiller. Cela aussi est tout à fait anti-professionnel, car tout médecin a l’obligation de mettre à jour ses connaissances, en particulier dans son champ de spécialité.

Toutes proportions gardées, un.e professionnel.le de santé qui refuse de prescrire, poser ou retirer des implants "parce que ça ne l’intéresse pas" est aussi peu sérieux (et fiable) qu’un garagiste qui refuse de réparer une voiture sous prétexte qu’il n’aime pas le modèle. Ce n’est pas au professionnel de choisir votre contraception, c’est à vous !!!

L’implant est-il une meilleure contraception que la pilule ou le DIU ?

Cette question n’a pas de réponse absolue : il n’y a pas de contraception supérieure aux autres car la meilleure contraception pour une femme donnée peut être mauvaise pour une autre. La meilleure contraception, c’est celle que vous choisissez en connaissance de cause. Et ça peut ne pas être toujours la même pendant les 35 ou 40 années où vous aurez besoin de contrôler votre fertilité !

L’implant est une contraception efficace, sans danger et bien tolérée par un grand nombre de ses utilisatrices. Il mériterait d’être proposé systématiquement, en même temps que d’autres méthodes efficaces (DIU, pilule, anneau vaginal, "patch"), à toutes les femmes qui veulent une contraception très fiable.

Lire la recension par Le Figaro de l’avis du Collège des gynécologues et obstétriciens américains sur la prescription du DIU et de l’implant chez l’adolescente. (Il recommande l’un et l’autre chez les ados qui le demandent et en dehors des (rares) contre indications possibles.) Cet avis date de fin 2012, mais il est toujours d’actualité.


Si vous en avez assez de prendre la pilule et désirez changer de contraception, pensez aussi au DIU.

Tout ce que vous avez besoin de savoir sur le DIU (Dispositif intra-utérin ou "stérilet")


L’IMPLANT EN PRATIQUE

Comment puis-je trouver un.e professionnel.le qui pose et retire les implants ?

Deux méthodes simples :
 demandez à votre généraliste ou à votre médecin traitant s’il ou elle en pose ; ou s’il ou elle connaît une sage-femme ou un gynécologue qui le font.
 interrogez le centre de planification ou l’antenne du Planning Familial les plus proches de votre domicile La liste est ICI
 Consultez cette liste de liens mise à votre disposition par l’association des sages-femmes orthogénistes.

Au bout de combien de temps l’implant est-il efficace ?

S’il est posé juste dans la semaine qui suit les règles, on considère qu’il est efficace immédiatement. S’il est posé plus tard dans le cycle, il est prudent d’utiliser des préservatifs pendant les sept jours qui suivent la pose.

Y a-t-il un moment particulier du cycle pour le poser ?

Non, il peut être posé n’importe quand dans le cycle, à condition d’être sûre qu’on n’est pas enceinte... Il est absolument inutile d’attendre « les prochaines règles ». De plus, il est quasiment impossible de prendre un rendez-vous avec un médecin juste après ses règles... Donc la méthode la plus simple consiste (par exemple) à continuer sa pilule jusqu’au jour de la pose et pendant les 3 ou 4 jours qui suivent. Si on n’utilisait pas de contraception avant la pose, il est souhaitable d’utiliser des préservatifs entre le premier jour des règles et la pose de l’implant, et pendant la semaine qui suit.

Mon médecin me conseille de prendre Cérazette quelques semaines pour savoir si je vais supporter l’implant. Qu’en pensez-vous ?

Que ça ne présente pas de danger mais que... ça n’aide en rien à prédire si l’on va supporter l’implant ou non. En effet, Cérazette contient la même molécule que l’implant, mais l’absorption par la bouche et l’absorption sous-cutanée ne sont pas du tout identique, et ne produisent donc pas les mêmes effets. Personnellement, je pense donc que prendre Cérazette avant de se faire poser un implant est une perte de temps. Si vous désirez essayer un implant, faites-vous le poser dès que possible. Le seul intérêt de prendre Cérazette est... d’avoir une contraception jusqu’au jour de la pose. Ca ne nécessite pas de la prendre pendant plusieurs mois.

Comment puis-je me procurer un implant ? Est-il remboursé ? Combien coûte-t-il ?

Vous devez acheter l’implant en pharmacie, sur ordonnance de votre médecin. Il coûte environ 140 euros et il est remboursé à 65 % (à 100% si vous avez une mutuelle). Donc, beaucoup moins cher qu’une pilule prise pendant 3 ans...

Le retrait de l’implant se fait-il simplement ? Laisse t-il des cicatrices ? Remet-on un autre implant tout de suite au même endroit ?

Lorsqu’on a affaire à un.e praticien.ne qui en a l’habitude, il n’y a pas de problème, ni à la pose, ni au retrait. On pose l’implant un peu au-dessus du coude, juste sous la peau, à la face intérieure du bras - autrement dit : la zone qui, lorsqu’on laisse pendre le bras le long du corps, touche le thorax. Donc, ça ne se voit pas (même chez les femmes très minces, il faut vraiment avoir le nez dessus pour le voir).
La cicatrice de la pose est souvent invisible, ou c’est juste une toute petite tache pâle sur la peau.

Pour enlever l’implant, il suffit, après avoir endormi la peau une nouvelle fois, que le médecin fasse une petite incision (plus courte qu’une boutonnière), pousse l’implant vers l’orifice, l’attrape avec une pince et le retire. Comme l’incision est très petite, on la referme avec des stéristrips (sparadraps très fins), et la cicatrice est ensuite presque imperceptible.

On peut remettre un second implant au même endroit, et si la femme en désire un autre, il est préférable de le mettre en place pendant la consultation où on retire le précédent. Pendant les huit années (2001-2008) où j’en ai posé, j’ai souvent mis un 2e ou un 3e implant à plusieurs patientes qui s’étaient fait poser le premier en 2001.

Le retrait n’est difficile que si l’implant est posé trop profond, ou si l’utilisatrice est un peu forte et si le médecin essaie de l’enlever alors qu’il ne le sent pas. Quand on ne sent pas l’implant sous la peau, il faut demander à un échographiste expérimenté de le localiser (il ne se voit pas à la radio, mais se voit très bien à l’échographie), et de tracer un trait au feutre en regard de l’implant pour bien le repérer. Le retrait est ensuite le plus souvent très simple.

Au pire, quand on ne le retrouve pas du tout (ça peut arriver, il y a eu un ou deux cas en France), il n’y a pas de danger à le laisser en place. Si la femme veut une grossesse, évidemment, elle doit attendre que l’effet de l’implant se termine (ça peut être de l’ordre de quelques mois). Si elle n’en veut pas, on peut très bien lui mettre un autre implant et laisser l’implant vide en place. C’est du plastique inerte, il ne peut pas vraiment entraîner plus de problèmes que quand il était plein d’hormones !


QUESTIONS ET REPONSES FREQUENTES

Quels sont les médicaments qui peuvent compromettre l’effet d’un implant ?

Tous ceux qui compromettent aussi les effets des pilules contraceptives :
  Certains médicaments antiépileptiques (phénobarbital et autres barbituriques, phénytoïne, primidone, topiramate, vigabatrin, carbamazépine, felbamate, oxcarbazepine.)
  Un médicament « psychostimulant », le modafinil
  Certains médicaments antituberculeux (rifabutine, rifampicine)
  Certains antiviraux (antiprotéases) utilisés contre le VIH (amprenavir, ritonavir, nefinavir, efavirenz, neviratine)
  Un antifungique (médicament contre les champignons) : griséofulvine
  Le millepertuis, une plante médicinale !!!

Faut-il absolument enlever l’implant au bout de 3 ans ?

En fait, l’implant ne cesse pas brutalement d’agir au bout de 3 ans. Chez les femmes minces ou de poids normal (inférieur à 70 kilos), il agit probablement encore plusieurs mois au-delà des 3 ans indiqués par le fabriquant, mais il n’est pas possible de savoir combien de temps. Il m’est arrivé à de nombreuses reprises de changer des implants jusqu’à 3 ans et 6 mois après la pose sans que les utilisatrices aient été enceintes. Cela signifie donc que vous n’êtes pas à 2 mois près pour le faire changer.

Et bien sûr, vous n’êtes jamais obligée de le garder 3 ans. Si vous voulez porter un implant quelques mois seulement, vous avez parfaitement le droit de vous le faire poser pour un délai limité. C’est à vous de décider du moment de vous le faire enlever, et non au médecin.

Une réserve : il est possible que l’implant soit efficace moins longtemps chez les femmes en surpoids (plus de 80 kilos). A ces utilisatrices-là, il est recommandé de le changer plus tôt (au bout de 2 ans ½).

Après avoir enlevé son implant, combien de temps faut-il attendre avant de pouvoir être enceinte ?

Comme toutes les méthodes hormonales, l’implant reproduit l’état hormonal de la grossesse. Quand l’implant est retiré, le retour à un cycle normal est similaire à celui qui suit un accouchement : de l’ordre de 4 à 8 semaines avant que des règles normales réapparaissent (si l’utilisatrice n’en avait pas pendant l’utilisation de l’implant).

Ensuite, une fois le cycle naturel de la femme rétabli, le délai avant une grossesse est variable en fonction de la femme et du couple... LISEZ CECI

L’implant est-il utilisable par une femme qui a une endométriose ?

Oui, car il contient un progestatif qui est utilisé pour traiter l’endométriose, mais il peut être insuffisant pour faire disparaître les symptômes de l’endométriose, en particulier les règles douloureuses. Donc ça mérite d’être essayé, mais l’efficacité n’est pas constante pour toutes les femmes.

Peut-on utiliser un implant quand on a des migraines avec la pilule ou pendant ses règles ?

Oui, un implant ne présente pas de danger pour une femme migraineuse, contrairement à une pilule contenant des estrogènes. Et comme l’implant endort l’ovulation et espace ou fait disparaître les règles, il espace aussi les migraines liées aux règles !

Je fume, est-ce que je peux utiliser un implant ?

Oui. Ce qui est incompatible avec le tabac, après 35 ans, ou après 15 ans de consommation de tabac, c’est l’estrogène présent dans les pilules combinées. L’implant est sans danger pour les femmes qui fument. (Mais le tabac, lui, ne l’est pas...)

Peut-on se faire poser un implant après un accouchement, et quand on allaite son bébé ?

Oui. Et cela peut-être fait le lendemain de l’accouchement (donc, à la maternité) ou n’importe quand au cours des semaines qui suivent.
Ce qu’il faut savoir :
 si vous avez pris beaucoup de poids (plus de 15 kilos) pendant votre grossesse, utiliser un implant peut vous empêcher de les perdre ;
 il semble que les saignements sous implant soient plus fréquents quand l’implant est inséré très tôt après l’accouchement ; il n’y a pas d’inconvénient à attendre 15 jours ou 3 semaines pour le poser : l’ovulation ne se reproduit pas avant le 21e jour qui suit l’accouchement ;
 l’implant est compatible avec l’allaitement ; la quantité d’hormone qui passe dans le lait est infime, et ne met pas le bébé en danger ;

J’ai quatorze ans. Puis-je utiliser un implant ?

Oui. Tout comme vous pourriez utiliser une pilule progestative ou combinée (ou un DIU, d’ailleurs, si vous le désirez). Comme toute prescription de contraception, la pose d’un implant est gratuite et anonyme pour les mineures dans les Centres de planification et d’éducation familiale et les Plannings Familiaux. Et l’implant est sans danger pour les adolescentes. Il est en revanche bien plus sûr qu’une pilule et bien plus économique (il est remboursé intégralement). Et il peut être utilisé sans l’accord des parents, bien sûr, comme toute contraception (le médecin a en effet interdiction d’enfreindre le secret et de prévenir les parents d’une mineure qui demande une contraception ; s’il le fait, il peut être poursuivi en justice).


Attention ! La pilule et l’implant ne sont pas les seules méthodes utilisables par les adolescentes. Un DIU (dispositif intra-utérin ou "stérilet") peut parfaitement convenir à des jeunes femmes n’ayant jamais eu d’enfant.
Pour en savoir plus Cliquez ICI]


Y a-t-il des allergies à l’implant ?

Apparemment non. Le plastique de l’implant est inerte et ne provoque pas d’allergie. L’hormone qu’il contient non plus.

J’ai fait une phlébite autrefois. Est-ce que je peux utiliser un implant ?

Oui. L’implant n’est pas contre-indiqué après qu’une phlébite a été traitée.

Mon implant est plié ou cassé sous la peau. Est-ce dangereux ?

Il arrive qu’à la pose, l’implant soit plié et/ou se casse. Cela n’a pas d’incidence sur son efficacité et c’est sans danger.

J’ai eu des règles pendant trois mois après la pose de l’implant, et depuis, plus rien. Comment savoir si c’est un effet de l’implant ou si je suis enceinte ?

Il suffit de faire un test de grossesse (urinaire ou, mieux, sanguin). Les tests de grossesse ne sont pas modifiés par l’implant.

Je veux me faire enlever mon implant et me faire poser un DIU. Dois-je attendre ?

Non. Vous pouvez vous faire poser votre DIU et faire enlever l’implant au cours de la même consultation. Je dirais même que le médecin ou la sage-femme doit le faire le même jour : il est inutile de vous faire payer deux consultations ; et il est inutile de vous laisser sans contraception entre le retrait de l’un et la pose de l’autre.

Je prends la pilule. On m’a posé un implant aujourd’hui. Dois-je finir ma plaquette ?

Ce n’est pas indispensable sur le plan contraceptif (vous êtes protégée au bout de quelques jours d’implant) mais l’arrêt de votre pilule entraînera des saignements au bout de quelques jours. Il sera probablement plus confortable pour vous de terminer votre plaquette, et il n’y a pas de danger à la terminer (ou à la continuer pendant une semaine, si vous étiez au début de la plaquette) après la pose de l’implant.

Est-ce qu’un implant fait monter le cholestérol ?

Non. Et même s’il le faisait, ça n’aurait aucune importance, car ça n’en a aucune quand on est une femme de moins de cinquante ans, comme vous le lirez en CLIQUANT ICI.

J’ai quarante-sept ans. Est-ce que je peux me faire poser un implant, et quand dois-je le faire enlever ?

Vous pouvez utiliser un implant pendant plusieurs années, et ne vous le faire enlever que lorsque vous serez ménopausée. En effet, en France, les femmes sont ménopausées de plus en plus tard, et des grossesses sont souvent encore possibles après la cinquantaine. IL n’est donc pas recommandé de cesser d’avoir une contraception avant la ménopause. Et il n’y a pas de danger à porter un implant au-delà de cinquante ans.

Depuis que j’ai un implant, ma libido (mon désir sexuel) est à zéro. Est-ce que l’implant est responsable ?

Toutes les méthodes hormonales peuvent diminuer la libido... Si vous avez observé une nette diminution de votre désir à partir du moment où il a été posé, et si vous n’avez pas d’autre raison de manquer de désir (dépression, maladie, problème de couple, etc.) alors, oui, vous êtes en droit de faire retirer votre implant pour cette raison. La meilleure méthode pour retrouver la libido, c’est un DIU au cuivre (sans hormone).

J’ai des adénofibromes du sein. Puis-je porter un implant ?

Oui. Les maladies bénignes du sein ne sont jamais une contre-indication à l’implant, qui peut même être utilisé par une femme qui a été traitée pour cancer du sein et qui en a guéri.


Si vous en avez assez de prendre la pilule et désirez changer de contraception, pensez aussi au DIU.

Tout ce que vous avez besoin de savoir sur le DIU (Dispositif intra-utérin ou "stérilet")


Pour en savoir plus sur la contraception lisez Contraceptions mode d’emploi ou Choisir sa contraception

IMPRIMER
Imprimer


RSS - Plan du site  - Site conçu avec SPIP  - Espace Privé