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Une fiction télévisée peut-elle être scientifique ?
Odyssée - 27 Juin 2003
Article du 16 avril 2006
Il y a quelques mois, nombreux sont les Français qui ont regardé L’odyssée de l’espèce, ce documentaire retraçant l’émergence de l’homme depuis ses ancêtres communs avec les grands singes, et son évolution jusqu’à l’orée de la période historique.
Le but de L’Odyssée de l’espèce était de mettre en scène certaines des théories les plus récentes de l’évolution, afin de les rendre claires et intelligibles pour le public sans pour autant les caricaturer. Cette réalisation remarquable a remporté un grand succès, et elle nous donne la preuve - si cela était encore nécessaire - que la science peut servir de support à une excellente narration.
Mais l’association entre science et fiction n’est pas nouvelle : on sait depuis longtemps que rien n’est plus passionnant que l’histoire des découvertes - Léonard de Vinci, Galilée, Thomas Edison, Alexander Fleming et bien d’autres ont inspiré écrivains, dramaturges et cinéastes - pensez au magnifique Pasteur de Sacha Guitry et plus récemment, à la conquête spatiale vue au travers de films comme L’étoffe des héros ou Apollo 13.
La télévision n’est pas en reste. En France, le téléfilm Virus au paradis, diffusé ces derniers jours en est un exemple ponctuel, mais la science est depuis plusieurs années le sujet même des séries télévisées américaines.
Je vous donnerai deux exemples. Le premier est archi-connu, c’est la série Urgences. Elle est actuellement rediffusée chaque jour vers 18 heures sur France 2 et les aficionados en attendent la nouvelle saison en septembre (une « saison », pour une série télévisée, c’est l’ensemble des épisodes produits pendant une année de diffusion).
Ce qui est caractéristique d’ Urgences, c’est que la médecine, y compris dans ses détails les plus techniques, y est traitée comme un sujet de narration, sans sacrifier à la vraisemblance et sans simplifier les problèmes.
La précision médicale des récits est assurée par une équipe de scénaristes qui comprend plusieurs médecins. Les maladies décrites sont authentiques et les traitements ne le sont pas moins au point qu’aux Etats-Unis, Urgences est utilisée comme outil d’enseignement dans les facultés de médecine. Bref, une fiction scientifique, lorsqu’elle a un contenu sérieux et lorsqu’elle est bien racontée, peut être pédagogique.
Une autre série récente illustre avec beaucoup de brio et d’intelligence les connaissances actuelles en biologie, météorologie, physiologie, balistique, cristallographie, chimie, etc.. Elle est diffusée par TF1 et s’intitule Les Experts. Elle décrit les enquêtes de la brigade scientifique attachée à la police de Las Vegas.
Cette série (et sa petite sœur, une série dérivée intitulée Les Experts : Miami, qui se déroule en Floride), raconte comment, en analysant des traces matérielles et en faisant marcher sa cervelle, on peut retrouver un assassin, mais aussi reconstituer les causes d’un accident d’autocar, d’un incendie ou de l’intoxication alimentaire de tout un mariage.
Parfois, tout de même, les scénaristes des Experts ont recours à de grosses ficelles. Dans l’un des épisodes, l’un des enquêteurs fait déplacer un satellite pour photographier une plaque minéralogique au sol. Et ça, m’a expliqué un auditeur qui connaît bien le sujet, ce n’est pas possible, quelles que soient les capacités d’imagerie des satellites américains.
D’abord, on ne déplace pas un satellite comme ça. Ensuite, bien plus souvent que les observateurs ne le voudraient, entre le satellite et le sol, il y a des nuages. De plus, les images obtenues ne sont pas fines au point pouvoir de lire des chiffres et des lettres de cette taille à pareille distance.
Pour ma part, j’ajouterai, même si je ne suis pas spécialiste de l’observation satellitaire, que quelque chose me chiffonnait dans cette histoire : une plaque minéralogique, ça ne se déchiffre que lorsqu’on la voit de face. À la verticale, en revanche...
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