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Quelle pilule peut-on prendre en continu ? (Contraception : Questions/Réponses 66)
Article du 1er février 2006
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Les sujets abordés cette semaine : - Quelle pilule peut-on prendre en continu ? - La pilule peut-elle provoquer des adénofibromes du sein ? - Est-il dangereux de prendre du Lutéran en permanence pour traiter une endométriose ? - Après retrait d’un implant, combien de temps faut-il pour débuter une grossesse ? - Est-il trop tard, à 40 ans, pour avoir un enfant ? - Mon Mirena est à l’envers dans l’utérus. Est-ce inquiétant ? - J’ai des règles très douloureuses. Ai-je le droit de me faire poser un DIU ?
- Quelle pilule peut-on prendre en continu ?
Quelle pilule prendre en continu pour ne pas avoir de règles ? Je prends Harmonet, mais elle n’est pas prévue à cet effet... D.
Toutes les pilules peuvent être prises en continu, il suffit de commencer une plaquette une fois la première finie. Le problème est que lorsque les pilules contiennent des doses différentes entre les premiers et les derniers comprimés, le passage de l’un à l’autre dosage peut s’accompagner de saignements, ce qui est le contraire de l’effet recherché quand on prend la pilule en continu, puisque justement, on ne veut pas de règles.
L’idéal est donc de prendre une pilule dont tous les comprimés sont identiques, une pilule dite "monophasique", ce que sont la majorité des pilules. Avec Harmonet, comme tous les comprimés sont identiques, ça peut donc marcher.
Mais Harmonet contient peu d’estrogènes (20 µ par comprimé) et il est possible qu’au bout de quelques semaines vous ayez un "spotting", (des saignements quotidiens, même sans arrêter votre pilule) du fait de ce faible dosage. Ce n’est pas obligatoire, mais ça peut arriver. Si cela arrive, demandez à votre médecin de vous prescrire une pilule à 30µ, contenant les mêmes substances : Moneva ou Minulet
Pour en savoir plus sur la prise de la pilule en continu, lire :
– Oui ! On peut prendre la pilule sans interruption
et
– Rien ne s’oppose à ce qu’une femme prenne sa pilule en continu, sauf les médecins qui n’y connaissent rien !
- La pilule peut-elle provoquer des adénofibromes du sein ?
Je voudrais savoir s’il existe un lien entre la prise de pilule oestroprogestative et l’apparition d’un adénofibrome du sein ? En sachant que la découverte de la masse s’est faite à trois semaines de la prise de Norlevo et qu’elle est de taille suffisante pour être gênante.
Ou existe t’il un rapport entre la contraception OP et l’apparition d’un adénofibrome ? Y a-t-il un risque à continuer cette contraception ? M.
Je peux être affirmatif en vous disant qu’il n’y a pas de relation entre adénofibrome (absolument bénin) du sein et contraception. Les adénofibromes sont des "verrues" intérieures du sein constituées de tissu conjonctif (le tissu de soutien) qui surviennent sans cause connue. Il était déjà là avant que vous preniez du Norlevo (il faut plusieurs années avant qu’un adénofibrome soit assez gros pour être palpé) mais a probablement été révélé par la prise de Norlevo qui peut provoquer un oedème (un afflux de liquide physiologique) dans les cellules du sein, les faire gonfler, et rendre l’adénofibrome plus facile à percevoir.
Il n’y a pas de danger à prendre une contraception quand on a un adénofibrome : ce n’est pas hormono-dépendant. Il semble même que les utilisatrices de pilule soient plutôt protégées contre les maladies bénignes du sein (comme adénome et kystes). Donc, vous pouvez être parfaitement rassurée.
Pour en savoir plus sur pilule et cancer du sein, lire : Est-il dangereux de prendre la pilule si on a des antécédents familiaux de cancer du sein ?
- Est-il dangereux de prendre du Lutéran en permanence pour traiter une endométriose ?
J’ai 30 ans et souffre d’endométriose au stade IV depuis plusieurs années (2 coelioscopies, IRM, Enantone, 1 enfant) Au bout de 10 ans, on me prescrit le traitement miracle : Lutéran 10mg par jour en continu ; je perds 6 kg en quelques semaines, les jambes dégonflent, elles ne posent plus problèmes malgré des antécédents de phlébite, transit régulé, humeur stable, absence de règles et de douleurs...pendant 3 ans !!! Un bonheur jamais connu jusqu’alors... (J’entreprends en parallèle du traitement une psychothérapie avec un psychiatre pour agir sur la cause de l’endométriose)
Puis j’arrête le traitement pour essayer d’avoir un 2ème enfant : prise de poids rapide et importante, rétention d’eau, gonflement au niveau du visage, jambes très douloureuses, maux de tête, troubles de l’humeur, du transit...et bien sûr douleurs pelviennes.
Gynécologue et chirurgien sont surpris de la façon dont je réagis au Lutéran, sans pouvoir l’expliquer... est-ce que mes propres hormones pourraient m’être préjudiciables, y a t-il une solution pour vivre bien sans prendre le Lutéran "à vie" ou bien n’y a t-il aucun risque à l’adopter jusqu’à la ménopause...? C.
Il n’y a certainement aucun danger à prendre du Lutéran à partir du moment où vous en tirez des bénéfices !!! Les progestatifs sont le traitement de l’endométriose, et ils n’ont pas d’effets secondaires nocifs, ni à court ni à long terme. La réaction individuelle aux médicaments est très différente d’une femme à une autre. Certaines vont très bien avec un médicament, d’autres pas. Si vous êtes bien sous Lutéran, prenez en non seulement pour soigner votre endométriose mais aussi en tant que contraception lorsque vous ne désirez pas être enceinte. Et dormez sur vos deux oreilles.
- Après retrait d’un implant, combien de temps faut-il pour débuter une grossesse ?
Je souhaiterais savoir quand arrivent les règles après avoir enlevé l’implant. En effet j’ai fait retirer mon implant le 21 décembre, car avec je saignais sans cesse et cela devenait pénible pour la relation avec mon mari. Nous souhaiterions avoir un enfant et donc l’implant est enlevé depuis le 21 décembre 2005 comme je vous le disais. Aujourd’hui le 10 janvier 2006 je n’ai toujours pas mes règles, donc difficile de savoir quand j’ovule.
Mais est-ce normal que je n’aie toujours rien ? On m’a dit que je devais attendre l’arrivé de mes règles pour repartir sur un bon et nouveau cycle, car être enceinte immédiatement après avoir enlevé l’implant augmenterait le risque de fausses couches. Donc l’idée était de savoir quand arriveraient mes règles afin que je reprenne la pilule pendant quelques mois puis ensuite quand on serait vraiment prêts avec mon mari l’arrêter pour avoir notre enfant. V.
Un implant met l’utilisatrice dans l’état hormonal de la grossesse. Après une grossesse, il n’est pas rare que le cycle remette 6 à 8 semaines à reprendre. Vous n’y êtes pas encore. Donc, ne vous inquiétez pas. Je n’ai lu aucune étude sérieuse (et il y en a) indiquant que les fausses couches étaient plus fréquentes peu après l’arrêt de l’implant. Mais on disait la même chose des pilules, et c’est faux. Je pense donc qu’on vous a simplement véhiculé une idée reçue. Si vous désirez reprendre la pilule quelques mois, prenez la dès maintenant (inutile d’attendre d’avoir des règles) et arrêtez-la quand vous voulez... en sachant qu’il risque de se passer la même chose : après toutes les contraceptions hormonales, le cycle peut ne pas reprendre tout de suite, mais au bout de 4 à 8 semaines...
Pour en savoir plus sur l’implant, lire : Qu’est-ce qu’un implant contraceptif ?
Est-il trop tard, à 40 ans, pour avoir un enfant ?
J’ai 40 ans et 2 enfants è 2 césariennes, mon col ne s’ouvrait pas et les enfants étaient "soi disant" en souffrance. Aujourd’hui j’ai des doutes sur les motivations des 2 gynécos différents de l’époque. En effet, pour mon second accouchement en 1998, la sage femme est venue me voir le lendemain pour me dire à quel point elle était désolée pour moi, car elle m’avait trouvée courageuse et aurait voulu continuer le travail avec moi qui semblait si désireuse d’accoucher par voie basse... Merci, mais trop tard !!
Je suis stupéfaite, moi qui ai "pratiqué" 4 gynécos (2 pour cause de déménagements et les 2 autres pour cause de discours lamentable, le premier qui, à ma première grossesse : " Faites attention parce que vous prenez trop de poids, y’en a marre de voir toutes ces grosses bonnes femmes !" et le second, quand je lui dis que j’envisage d’avoir un troisième enfant, qui me répond " A 40 ans, c’est trop tard de toute façon pour avoir un bébé"
Je me pose sincèrement la question de savoir pourquoi ces hommes sont devenus gynécos !! J’ai vraiment entendu des propos misogynes de la part de ces médecins, des jugements sur le corps de leurs patientes ou des discours aberrants, du style : "Le psychologique ça n’existe pas, tout est mécanique"
Je vais encore devoir changer de gynéco !! Au secours !!
Sauf contre-indication liée à votre état de santé vous pouvez parfaitement avoir un autre enfant après 40 ans. Nous avions respectivement 42 et 43 ans, ma femme et moi quand notre dernier enfant est né. Nous avions mûrement réfléchi en pesant les risques de malformation, plus élevés lorsque les deux parents dépassent la quarantaine. Nous avions aussi interrogé un gynécologue en qui nous avions toute confiance - un de ces médecins rares qui font passer la qualité de leurs relations avec les patients avant toute considération technique, un homme subtil et délicat qui passe beaucoup de temps à se former, et pratique aussi bien l’haptonomie que le Balint, bref, une perle - et il nous a rassurés sur le fait que, contrairement à ce qu’on disait il y a 30 ans, une grossesse à 40 ans passé n’est plus considérée comme une grossesse à risque pour la mère, car les femmes de 40 ans sont en bien meilleure forme aujourd’hui que leurs mères ne l’étaient au même âge.
Si vous désirez un enfant à 40 ans passé, et si vous êtes en bonne santé, personne, pas même un médecin n’a le droit de commenter négativement votre décision. Les médecins ont bien sûr l’obligation de vous informer des risques de malformation mais aussi celle de vous surveiller aussi attentivement et avec le même respect que si vous aviez 25 ans.
- Mon Mirena est à l’envers dans l’utérus. Est-ce inquiétant ?
Depuis 7 ans j’ai un Mirena et c’est super, plus de pilule, plus de règles. Par contre le retrait du premier en 2003 fut moins super. Je suis allée chez mon gynéco privé, choisi parce qu’il me parlait à moi et non pas à mon utérus, qui après avoir tenté de me retirer le dit stérilet pendant une heure m’a orientée vers un collègue de l’hôpital. Ce dernier a brutalement mais efficacement retiré le stérilet qui était à l’envers en fait ! Et inséré le second à ma demande.
En octobre dernier, je suis retournée voir le gynéco. A l’écho, il grimace et me demande si j’ai des douleurs. Je réponds que oui, cela m’arrive mais que ce n’est pas insupportable. Il me dit alors que mon stérilet est à l’envers et dans le fond de mon utérus mais que bon on a le temps de voir venir avant le retrait. Et voilà enfin ma question toute simple : Est-ce qu’il y a des risques de perforations ou autres de mon utérus par le stérilet et quid du retrait ?
P.
Il est probable que votre Mirena a tourné dans l’utérus parce que votre utérus est un peu plus large que le DIU (ce qui est fréquent chez les femmes ayant déjà eu des enfants). Ca n’a pas grande importance, car comme l’hormone qui le rend efficace diffuse dans n’importe quel sens, ça ne l’empêche pas d’être efficace.
Est-ce qu’il peut vous perforer l’utérus ? Non. C’est du plastique. C’est souple. Ca plie quand l’utérus se contracte (c’est d’ailleurs pour ça qu’il a pu tourner...)
Il sera peut-être un peu délicat à retirer, mais on dispose de sondes très fines pour le faire, je le fais souvent et il n’est pas du tout obligatoire de faire mal.
- J’ai des règles très douloureuses. Ai-je le droit de me faire poser un DIU ?
Après divers aléas rencontrés avec les contraceptions hormonales, j’aimerais me faire poser un DIU mais apparemment avec mes règles douloureuses c’est déconseillé, à moins de prendre un DIU aux hormones (plus difficile à poser sur une nullipare, mais cela se fait). Pour le DIU au cuivre mon gynéco ne peut pas du tout prévoir si je vais le supporter ou pas, il faut tester. Le DIU aux hormones je n’y pense même pas, vu tous les problèmes que j’ai eus avec la pilule j’ai peur d’en avoir à nouveau avec un DIU hormonal (« Mirena »).
Je souhaitais donc savoir si vous aviez déjà posé des DIU au cuivre à des patientes qui avaient des règles douloureuses et comment devenaient leurs douleurs une fois sous DIU. Je commence sérieusement à envisager une contraception sans hormones, mais le DIU au cuivre a l’air incompatible avec mes règles douloureuses (douleur comparable en intensité aux douleurs que j’avais lorsque j’ai fait ma péritonite, mais pendant longtemps j’ai cru que c’était "normal" de souffrir autant pendant les règles...). Je n’ai pas eu l’occasion de tester des médicaments comme le Ponstyl pour atténuer les douleurs, mais je voulais savoir si la pose d’un DIU était possible avec des règles très douloureuses à la base. Je n’ai pas trop envie de "tester" le DIU et de devoir le faire enlever 2 mois après, je préfère donc avoir un avis sur les DIU et les règles douloureuses. C.
Avant qu’on dispose du Mirena (DIU hormonal) on donnait couramment des anti-inflammatoires aux utilisatrices de DIU ayant des règles douloureuses et/ou abondantes. Donc, oui, on peut vous poser un DIU au cuivre.
Et non, les anti-inflammatoires n’ont pas d’effet sur l’efficacité du DIU, c’est une légende franco-française. (Lire ceci pour en savoir plus
Mais rien n’interdit de vous poser un Mirena, cela se fait couramment en Angleterre même à des femmes très jeunes, justement pour diminuer les règles et les douleurs. On leur donne du Ponstyl avant la pose (pour éviter les crampes à la pose) et parfois aussi du Cytotec (un médicament qui dilate le col). Personnellement, je n’ai presque jamais besoin de donner du Cytotec, même aux femmes n’ayant pas d’enfant.
Vous avez TOUJOURS le droit d’essayer une méthode, même si vous en changez au bout d’1 mois. Ca m’arrive constamment de le proposer aux patientes. Impossible de savoir si une méthode convient tant qu’on ne l’a pas essayée, et souvent, on a de bonnes surprises... Donc, vous pouvez essayer l’une ou l’autre, selon ce que vous désirez.
Quel que soit votre choix, faites vous poser le DIU quelques jours après le début des règles (le 7e ou 8e jour), pas au tout début (l’utérus se contracte beaucoup) et pas plus tard. Prenez du Ponstyl deux heures avant la pose, et pendant les deux jours qui suivent. Ensuite, s’il s’agit d’un Mirena, le progestatif fera le reste ; s’il s’agit d’un DIU au cuivre, 48 heures de Ponstyl pendant les règles suffisent largement, pour l’immense majorité des femmes qui ont des règles abondantes et/ou douloureuses.
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