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Qu’est-ce qu’une hépatite virale ?
22 octobre 2002
Article du 16 septembre 2004
C’est une question que posent beaucoup d’auditeurs. Alors, prenons les choses dans l’ordre.
Une hépatite, c’est une inflammation du foie due à un toxique comme l’alcool, à certains médicaments ou à un virus. Quand un virus est responsable, on parle d’hépatites virales. Plusieurs virus sont susceptibles d’entraîner une hépatite, mais je ne vous parlerai aujourd’hui que des trois principaux qu’on désigne par les trois premières lettres de l’alphabet : A, B et C.
L’hépatite A est la plus répandue dans le monde. Elle est très contagieuse, se transmet par l’alimentation et de ce fait survient souvent dans l’enfance ou à l’adolescence. Mais elle est aussi pratiquement toujours bénigne. Neuf fois sur dix, les personnes contaminées par le virus A ne souffrent d’aucun symptôme. Quand le virus A provoque une hépatite, celle-ci se manifeste par une jaunisse qui guérit au bout de quelques jours ou quelques semaines sans traitement particulier et sans laisser de trace.
Le virus de l’hépatite B se transmet par le sang, les sécrétions sexuelles et peut-être (mais c’est très controversé) la salive. Il faut donc avoir un contact intime avec un patient atteint par le virus pour être contaminé. En France, la transmission du virus de l’hépatite B se fait principalement par voie sexuelle - c’est donc une maladie sexuellement transmissible - ou, entre toxicomanes, par le partage d’aiguilles et de seringues contaminées. Neuf fois sur dix, une hépatite B guérit sans laisser de trace, mais le malade continue à être porteur du virus et peut le transmettre ; il peut aussi, le temps passant, se mettre à souffrir d’une hépatite chronique.
Le vaccin contre l’hépatite B n’est obligatoire en France que pour les professionnels de santé ; il est recommandé aux compagnons et familles de personnes infectées ; aux nouveau-nés dont la mère est porteuse du virus ; aux personnes ayant des partenaires sexuels multiples, aux toxicomanes par voie intraveineuse et aux personnes qui voyagent souvent en Afrique ou en Asie du sud-est. En raison de la fréquence croissante de l’hépatite B dans le monde, l’Organisation mondiale de la santé recommande depuis 1992 à tous les pays de vacciner tous les enfants, et ce dès le plus jeune âge, pour prévenir la maladie. Etant donné la faible endémie de la maladie en France, est-il vraiment justifié de vacciner tous les enfants ? Ce n’est pas sûr.
Le virus de l’hépatite C n’a été découvert qu’à la fin des années 80. Avant de l’identifier, l’hépatite qu’il provoquait était appelée « non A-non B ». En France, on estime que 600 000 personnes ont été infectées par le virus de l’hépatite C, dont 200 000 sont utilisateurs de drogues par voie intraveineuse. Le virus C se transmet en effet essentiellement par transfusion sanguine ou lors du partage de seringues ou d’aiguilles contaminées, mais très rarement par les relations sexuelles. Le dépistage du virus C dans les dons de sang ne remonte qu’à 1992, après qu’on a su le reconnaître. /br>Avant la mise en place de ce dépistage, les porteurs de virus C qui ignoraient avoir été infectés pouvaient faire des dons du sang et les personnes transfusées après intervention chirurgicale ou accident, par exemple, pouvaient être contaminées par ces dons de sang sans le savoir.
Environ 70 à 80 % des personnes infectées par le virus de l’hépatite C finissent par souffrir d’une hépatite chronique - c’est à dire d’une maladie inflammatoire progressive qui peut entraîner, à la longue, une cirrhose, c’est à dire une destruction du foie. Le dépistage du virus de l’hépatite C, une prise de sang remboursé à 100% par la sécurité sociale, permet d’identifier les personnes portant le virus sans le savoir. En effet, un traitement antiviral existe et, comme la maladie évolue très lentement, il est toujours utile de la traiter, même si on a été infecté il y a dix ans. Ce dépistage est donc conseillé entre autres aux personnes ayant été opérées, transfusées ou greffées avant 1992, à celles qui ont utilisé par le passé des drogues intraveineuses, aux personnes incarcérées, aux compagnons de personnes porteuses du virus C.
Il est également possible, même si ce n’est pas absolument démontré, que les piercing, les tatouages et l’acupuncture transmettent le virus de l’hépatite C lorsque les instruments ne sont pas correctement stérilisés. /br>
Pensez-y avant d’aller vous faire tatouer un papillon sur le haut de la fesse ou glisser un anneau dans le nombril.
Pour en savoir plus : renseignements au 0 800 845 800
ou à ces deux adresses internet :
http://www.sante.gouv.fr/htm/points...
http://www.cfes.sante.fr/index.asp?...
Note : Cette chronique m’a valu beaucoup de courrier. J’y avais déclaré qu’il n’était pas « peut-être pas justifié de vacciner tous les nourrissons et tous les enfants contre l’hépatite B » et on me l’a reproché. C’est, manifestement un sujet controversé. En raison de la fréquence croissante de l’hépatite B dans le monde, des mouvements de population de plus en plus fréquents et de la multiplication des contacts sexuels entre jeunes adultes, l’Organisation mondiale de la santé recommande désormais à tous les pays de vacciner tous les adolescents de 11 à 15 ans pour prévenir leur contamination. (voir : http://www.who.int/inf-pr-1998/fr/c...).
Les médecins français sont majoritairement de cet avis. On a accusé le vaccin de déclencher des maladies (des scléroses en plaque, en particulier) - ce qui a conduit le ministère de la santé, en France, à suspendre la vaccination et à réactiver dans le public l’angoisse née de la survenue de maladies de Creutzfeldt-Jacobs chez des jeunes gens ayant reçu de l’hormone de croissance. Mais comme l’apparition de cette maladie - d’origine et de nature inconnues - est sporadique et peu fréquente, que les malades aient ou non été vaccinés contre l’hépatite B, la relation de cause à effet est très douteuse.
En Suisse, par exemple, un communiqué commun du Comité médical de la société suisse de sclérose en plaques, de la Commission suisse pour les vaccinations et de l’Office fédéral de la santé publique recommandait, dès 1999, de la poursuivre, car (je cite) : « Il n’y a à ce jour pas d’argument scientifique permettant d’établir un lien de causalité la vaccination contre l’hépatite B et la survenue de sclérose en plaques. (Bulletin OFSP 1999 ; n°45, 844-6) »
En France, la mise en place d’une vaccination généralisée de tous les enfants en bas âge a éte présentée comme une nécessité cruciale par une campagne plutôt inquiétante. Vacciner contre l’hépatite B (dont le virus est beaucoup plus contagieux que le VIH et qui peut provoquer un cancer du foie) est probablement une bonne chose chez l’adolescent ; fallait-il pour autant en faire une urgence sanitaire du tout-petit ? On est en droit de se poser la question.
En tout cas, les questions autour des vaccinations (Faut-il ou non vacciner ? Qui et contre quoi ? Quels sont les dangers des vaccins ?) sont souvent revenues dans les messages des auditeurs. Faute de temps, je n’ai pas pu, malheureusement, les aborder de nouveau.
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