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Qu’est-ce qu’on peut lire pendant le week-end de la Toussaint ?
1er novembre 2002
Article du 20 septembre 2004

Bonjour à tous les chasseurs de fantômes.
La Toussaint, c’est la veille du jour des morts. Qui dit jour des morts dit cimetière, donc famille, donc, histoires de famille...

Tiens ! Si on lisait un bouquin de psychanalyse ? Oui, je sais ce que vous allez me dire : d’abord, il faut y croire, et puis, même s’il y a un psy de service dans toutes les émissions de télévision et de radio, ces gens-là continuent encore souvent à jargonner ou, s’ils ne le font pas, à parler par sous-entendus, comme si tout le monde était censé connaître les expressions et concepts auxquels ils font sans arrêt référence, du complexe d’Oedipe au principe de plaisir en passant par la castration symbolique et le retour du refoulé.

Pourtant, on aimerait bien comprendre de quoi ils parlent, on aimerait en savoir plus sur les ressorts complexes de l’inconscient sans se sentir coupable à chaque seconde et, pourquoi pas, en s’amusant un peu. Justement, je vais vous parler d’un psychanalyste qui ne jargonne pas et qui écrit des livres passionnants - dont plusieurs sont consacrés aux squelettes que toutes les familles ont peu ou prou dans leurs placards.

L’individu se nomme Serge Tisseron. Son itinéraire n’est pas banal : après avoir choisi, en guise de thèse de médecine, de raconter l’histoire de la psychiatrie en bande dessinée (si ! si !) , il s’est fait remarquer - je devrais dire illustré - ... en lisant Tintin.

Oui, vous avez bien entendu. En 1985, Tisseron publie un livre épatant intitulé Tintin chez le psychanalyste. Avec humour et chaleur, il y relit les albums d’Hergé et, au fil des cases, il postule que le dessinateur a transposé dans son œuvre un lourd secret de famille, qui teinte son œuvre de manière indélébile. Sous la plume de Serge Tisseron, des personnages aussi familiers que la Castafiore, les Dupont/nd, le capitaine Haddock et son ancêtre le chevalier François de Hadocque, le château de Moulinsart et le Trésor de Rackham le Rouge prennent une dimension qu’on ne leur soupçonnait pas. Quelques années après la publication de Tintin chez le psychanalyste, les biographies d’Hergé ont révélé le secret de famille en question et confirmé l’hypothèse de Tisseron.

Notre homme ne s’est pas arrêté là et a poursuivi son petit bonhomme de chemin en publiant une vingtaine de bouquins tout aussi éclairants, le plus souvent consacrés à ses deux domaines de prédilection - les secrets de famille et les images. Avec simplicité, il y aborde des concepts psychanalytiques qu’on pouvait croire obscurs, et les illustre par les histoires simples et vraies de gens comme vous et moi. Dans Secrets de famille, mode d’emploi, Tisseron nous apprend comment nous héritons parfois, sans le savoir, de souffrances qui ont traversé les générations. Avec Du bon usage de la honte, il nous explique que ce terrible sentiment a néanmoins une fonction sociale propre. Dans Comment l’esprit vient aux objets, il révèle que les attributs les plus anodins peuvent être porteurs de symboles - tandis que L’intimité surexposée, publié l’an dernier, nous donne à voir l’émission Loft Story sous un angle résolument original et pas du tout moralisateur.

Son dernier livre en date, Les bienfaits des images, dédramatise tranquillement tous les discours diabolisants proférés chaque jour au sujet des images en général et de la télévision en particulier. Et pour faire bonne mesure, ce grand monsieur longiligne qui ressemble un peu au Professeur Piccard a même commis deux albums de bandes dessinées très drôles intitulés Les oreilles sales et Bulles de divan. Dans tous ses livres, sans se mettre en avant ni feindre la neutralité, Serge Tisseron nous fait partager son expérience et éclaire nos lanternes.

Bref, j’espère vous l’avoir fait comprendre, bien plus qu’un psychanalyste, c’est un conteur dont les histoires nous font du bien.

Bibliographie de Serge Tisseron
- Tintin chez le psychanalyste, Ed. Aubier, 1985
- Secrets de famille, mode d’emploi, Marabout, 1997
- Du bon usage de la honte, Ramsay, 1998
- Comment l’esprit vient aux objets, Aubier, 1999.
- Petites Mythologies d’aujourd’hui, Aubier, 2000
- L’intimité surexposée, Ed. Ramsay, 2001
- Bulles de Divan, Ed. Calmann-Levy-Ramsay
- Les oreilles sales, Ed. Les empêcheurs de penser en rond
- Les bienfaits des images, Ed. Odile Jacob, 2002

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