Contraception et gynécologie >
Préservatif, MST et Contraception (Contraception : Questions / Réponses 84)
Article du 5 septembre 2006
Pour plus d’informations sur Préservatifs, pilules, DIU, implant et contraception d’urgence, CLIQUER ICI
Lire toutes les questions réponses sur la contraception
Lire les questions/réponses précédentes
Poser une question : martin_winckler@yahoo.fr (en étant indulgent pour le délai de réponse...)
Les sujets abordés cette semaine : - Préservatif, MST et contraception - Coïtus interruptus, fertilité et cannabis - Le cuivre des DIU est-il cancérigène ? - Oubli de Cérazette pendant l’allaitement - Règles intempestives et surabondantes - DIU, contractions de l’utérus et stress - Efficacité de Minidril ?
- Préservatif, MST et contraception
Enseignant en SVT au collège, une question fréquente des élèves me taraude. Pourquoi les préservatifs sont ils dits efficace contre les MST mais pas suffisant comme moyen de contraception ? Autrement dit si les préservatifs sont efficaces contre les MST c’est qu’ils ne laissent pas passer le sperme, alors ils devraient aussi être de bons moyens de contraception. Pourquoi n’est ce pas le cas ?
J’ai l’habitude de leur répondre que le préservatif peut laisser échapper quelques gouttes de sperme. Or il suffit d’un spermatozoïde pour tomber enceinte. Cependant il faut une plus grande quantité de sperme pour transmettre une MST. Ma réponse est elle valable ? Auriez vous un complément d’information à me fournir ? Je vous remercie d’avance pour votre réponse, je serai ainsi prête pour la rentrée... C.
Votre réponse est parfaite. Il y a plusieurs centaines de milliers de spermatozoïdes par goutte de sperme, chez 95 % des partenaires potentiels.
Il y a en revanche très peu de germes par ml de sperme, chez... quelques pour cent des partenaires potentiels.
C’est pour ça que les préservatifs (quand ils sont utilisés en permanence) sont toujours plus efficaces pour prévenir les infections que pour prévenir les grossesses.
De plus, quand la relation est régulière, les partenaires ont tendance à oublier les MST (ils savent qu’ils sont indemnes parce qu’ils ont fait des tests et n’ont pas de symptômes) et aussi... à utiliser les préservatifs (à titre contraceptif) moins souvent. Ils ont en effet l’idée qu’une grossesse n’est possible qu’à certains moments (donc on peut se passer de préservatifs) alors que l’infection serait possible à tout moment.
En réalité, c’est l’inverse qui est vrai : les grossesses sont possibles à tout moment (c’est imprévisible) tandis que pour transmettre une infection il faut probablement plusieurs rapports sexuels infectants, et des lésions préalables (inflammation ou co-infection du vagin, etc.)
- Coïtus interruptus, fertilité et cannabis
J’ai 36 ans et j’ai arrêté Diane 35 il y a 2 ans parce que je fumais et ne voulais plus multiplier les risques (veineux notamment). Nous avons pratiqué avec mon compagnon le coït interrompu pendant un an par jeu sexuel et parce que le désir d’enfant n’était pas mûr... Depuis 6 mois nous ne le faisons plus car nous voulons désormais cet enfant... qui ne vient pas. Je sais pour avoir consulté votre site que l’attente peut aller jusqu’à deux ans.
Ma question est la suivante : le coït interrompu n’étant pas considéré comme une méthode fiable de contraception, dois-je considérer que mon potentiel de fertilité est un peu plus faible que la moyenne ? Question deux : la consommation de cannabis sur une longue période peut-elle intervenir sur la fertilité des spermatozoïdes ou sur la mienne ? S.
J’ai lu, effectivement, que le cannabis pouvait diminuer la fertilité masculine. Voici un article anglais sur le sujet : http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/northern_ireland/3586115.stm
Mais cette conséquence du cannabis n’est pas encore tout à fait démontrée (les études ont été faites sur un petit nombre d’individus). Dans le doute, je m’abstiendrais...
En tout cas, si une grossesse se fait attendre, l’examen le plus simple et le plus rapide est le spermogramme, qui permet d’éliminer une éventuelle baisse de la fertilité masculine. Discutez-en avec votre compagnon.
S’il le fait et si l’examen est normal, le plus probable est que vous n’aurez qu’à prendre patience.
- Le cuivre des DIU est-il cancérigène ?
Mon gynéco m’a posé un DIU UT 380 et j’ai une collègue qui m’a parlé des cancers soi-disant dus au cuivre... Y.
Non seulement le cuivre n’est pas cancérigène pour l’utérus (rien de tel n’a jamais été observé, et le cuivre est utilisé dans les DIU depuis près de 30 ans...) mais selon plusieurs études scientifiques, le port d’un DIU diminue la fréquence des cancers de l’utérus car il accélère l’élimination des cellules de la paroi intérieure, à renouvellement rapide, qui sont, elles, parfois potentiellement cancéreuses ! Vous pouvez donc être parfaitement rassurée.
- Oubli de Cérazette pendant l’allaitement
Mon problème est que j’ai oublié de prendre ma pilule (Cérazette car j’allaite mon enfant qui a 2 mois) lundi 24 juillet 2006 et que je l’ai prise le mardi et je m’en suis aperçue le mercredi 26 juillet (aujourd’hui). Je tiens à préciser que j’ai eu des rapports hier soir (mardi 25). J’ai appelé mon gynéco qui m’a dit qu’il fallait que j’arrête de prendre la pilule tant que j’allaite (car ça ne me protégerait plus) et de prendre une pilule normale quand j’allaiterai plus. Pourtant j’ai lu nulle part qu’il fallait faire comme ça, est-ce normal ? Faut-il faire comme ça ? C’est-à-dire préservatif jusqu’à la fin de l’allaitement ? Et y a t il un risque de grossesse vu que j ai eu un rapport le lendemain de l’oubli (même si j’ai pris ma pilule ce jour là) ? B.
Surtout n’arrêtez pas ! Un oubli de 24 heures n’a pas d’importance dans ce contexte : vous êtes protégée par l’association entre allaitement et Cérazette. Donc, continuez votre pilule, et ne craignez rien. Cérazette est très sûre et, encore une fois, associée à l’allaitement, elle est encore plus sûre. Il est possible que dans les jours qui suivent l’oubli vous ayez des saignements inhabituels. Ne vous inquiétez pas, c’est juste dû à l’oubli. Ca n’a pas d’importance.
- Règles intempestives et surabondantes
J’ai 24 ans et j’ai toujours eu des règles irrégulières et très abondantes, dues d’abord (vers 14 ans) à un kyste organique, régulées spectaculairement par la prise d’une pilule classique pendant un an et demi.
Vers dix-neuf ans, rebelote : cette fois-ci, pas de problème de régularité du cycle, mais des règles très
abondantes. Retour à la case gynécologue, prescription de Trinordiol, et le problème est de nouveau réglé pendant un an.
En mars dernier, de nouveau des problèmes : spotting entre les règles, qui redeviennent très douloureuses. La (nouvelle) gynécologue n’a pas voulu me croire quand je lui ai dit qu’il ne pouvait pas s’agir d’une MST, alors que je n’ai JAMAIS eu de rapport non protégé, et m’a donc fait faire toutes sortes d’examens : prélèvements vaginaux (fort douloureux, avec une laborantine qui se plaignait de ne rien voir après m’avoir fait très mal) et frottis qui sont bien évidemment revenus négatifs, si ce n’est la découverte d’un kyste dermoïde à l’ovaire gauche, qui est censé n’être en rien lié aux saignements. Elle me prescrit donc du Duphaston et du Ponstyl.
Pour moi, rien n’avait changé, si ce n’est une légère amélioration des douleurs grâce au Ponstyl. Une
échographie pelvienne montre que le Duphaston est sans effet (la muqueuse utérine est toujours trop épaisse), d’où un changement de traitement : arrêt du Duphaston pour passer à : un comprimé d’Androcur + un d’Oromone pendant vingt jour suivis de huit jours d’arrêt.
Pour moi : aucune amélioration, je dirais que la situation a plutôt empiré : règles tous les 23 jours, très longues (plus de huit jours), très abondantes et douloureuses. Avant j’avais mal le premier jour des règles, aujourd’hui c’est permanent. Je compte bien changer de gynécologue, et me demande comment remédier à la situation. Quel traitement(s) seraient indiqués à ma situation ? Je précise que mon kyste m’a été enlevé en décembre et le chirurgien a trouvé un petit bouquet d’endométriose à la racine de l’utéro-sacré gauche. A.
Comme souvent, vous avez manifestement eu affaire à quelqu’un qui n’utilise pas la bonne vieille logique toute simple pour soigner. Si vous avez un peu d’endométriose, les douleurs sont dues à l’endométriose, qui peut être légère, mais faire beaucoup souffrir. Un point c’est tout. Et il est probable qu’elle est légère puisque des pilules classiques l’ont calmée pendant plusieurs mois.(Mais peuvent ne plus suffire au bout de quelques années).
Le traitement ne passe évidemment pas par l’Androcur + estrogène (les estrogènes font pousser l’endométriose, pas étonnant que ça soit pire !!!!) mais sur une pilule "à climat progestatif" type Adepal (un peu plus dosée que le Trinordiol, qui avait été efficace) ou sur une pilule progestative pure (Cérazette, par exemple, avant de passer aux progestatifs plus puissants, dont le Duphaston ne fait malheureusement pas partie...).
Bref, si vous étiez une de mes patientes, je vous prescrirais de l’ADEPAL en vous conseillant de la prendre en continu (pas de règles = pas de douleurs). Eventuellement, si l’Adepal ne marchait pas, vous pourriez essayer d’abord Cérazette (qui se prend en permanence) avant de passer à un progestatif plus puissant, qui risque tout de même de vous faire prendre du poids...
Une dernière solution, encore plus simple, consisterait à vous poser un DIU hormonal progestatif Mirena, qui est prescrit couramment en Angleterre aux femmes (de tous âges) ayant des règles abondantes et des douleurs liées ou non à une endométriose... Ce sera sûrement plus compliqué, étant donné la résistance, voire l’opposition farouche des gynécologues à la pose des DIU aux femmes sans enfant. Mais de toute manière vous avez raison, vous devriez envisager de changer de gynécologue...
- DIU, contractions de l’utérus et stress
Ma question concerne les DIU (cuivre ou hormonaux, je ne pense pas que la différence soit significative dans ce cas). Je porte un DIU cuivre depuis quelques mois. J’ai remarqué qu’à la suite d’événements stressants, je ressens les contractions de mon utérus, alors qu’avant la pose du DIU, le stress ne s’accompagnait pas de cette sensation. Cela peut aller d’une petite gène à des contractions
douloureuses accompagnées de légères pertes hors période de règles.
D’autres utilisatrices de DIU ont observé la même chose, avec un ressenti différent bien sûr selon chacune.
J’aimerais savoir pourquoi le stress déclenche (ou amplifie) ces contractions. Y a-t-il une explication physiologique ? Maintenant que j’ai compris ce qui causait ces douleurs, je voudrais savoir "comment ça marche". M.
En fait, ce qu’on ne sait pas, c’est que l’utérus se contracte en permanence. En particulier après les rapports sexuels, sous l’effet de substances contenues dans le sperme (les prostaglandines), afin d’ "aspirer" les spermatozoïdes, pense-t-on. Comme tous les muscles il est sensible aux stress et à l’adrénaline qui circule dans notre organisme. Si vous êtes fatiguée ou contractée, vous aurez mal dans le bas du dos ou le cou, ou au ventre : ce sont les muscles abdominaux qui se contractent. L’utérus peut se contracter aussi du fait du stress.
Ce n’est pas le DIU lui-même qui est responsable, mais le fait que les hormones de la pilule ont tendance à diminuer beaucoup les contractions de l’utérus (c’est pourquoi les femmes dont les règles sont spontanément douloureuses ont bien moins mal sous pilule). Le plus souvent, le DIU n’est pas une contraception de premier choix, mais vient après une utilisation de pilule. Les femmes retrouvent donc des contractions qui existaient déjà, mais qu’elles sentaient peu, ou pas sous pilule, et qui, par comparaison, se font plus présentes... d’autant plus qu’elles ont tendance à être plus attentives à ce qui se passe "dans l’utérus" à partir du moment où elles portent un DIU.
Toute proportion gardée c’est ce qui se passe quand on commence à porter des boucles d’oreille nettement plus lourdes que les autres : au début on les sent. Et puis on finit par les oublier.
- Efficacité de Minidril ?
Je prend Minidril, je ne l’oublie jamais et je ne la prend jamais en retard et je m’inquiète à propos du risque de grossesse de 0.01 pourcent, parait-il. Vous dites dans votre article que des jeunes femmes ont été enceintes avec Minidril, et pourtant vous dites plus tard que vous préférez des pilules plus "établies" que Minesse, comme Minidril et Adépal (ce qui réhabilite Minidril).
Donc je me demande : Minidril a t’elle une efficacité maximale voire infaillible sans oubli ni vomissement ni interaction médicamenteuse ? Merci d’avance et heureusement qu’il y a des sites comme le votre pour dire la vérité sur des choses que l’on ignore. K.
Aucune pilule n’est infaillible parce que les femmes ne sont pas des robots, mais des êtres de chair et de sang, et que rien n’est jamais sûr avec des êtres de chair et de sang. MAIS
- à mon avis, vous êtes bien mieux protégée avec Minidril qu’avec Minesse.
- si vous voulez augmenter l’efficacité de votre pilule, réduisez le délai entre deux plaquettes à 4 jours (au lieu de 7). Car moins on arrête la pilule, mieux l’ovulation est endormie, et plus l’efficacité est grande. (Vous pouvez aussi choisir de la prendre sans interruption : pas de règles, et risque de grossesse = 0, même si vous l’oubliez un jour)
Imprimer
|