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Pilule et accident vasculaire cérébral (Contraception : Questions/Réponses 68)
Article du 20 février 2006
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Les sujets abordés cette semaine : - Pilule et accident vasculaire cérébral - Ovulation après retrait d’un Mirena - Pilule : attention au Millepertuis !!! - Prise de pilule en continu : spotting ou règles abondantes ? - Mirena et pilosité - Contraception et HyperTension Artérielle - Absence prolongée des règles
- Pilule et accident vasculaire cérébral
Par quel mécanisme la pilule contraceptive peut-elle entraîner un accident vasculaire cérébral ? I.
L’une des deux hormones, l’estrogène, favorise la formation de caillots (thromboses) dans le sang, soit dans les veines (on parle alors de phlébite), soit parfois dans les artères. Ce caillot, s’il est entraîné dans la circulation, peut aller jusqu’à boucher une artère du poumon (embolie pulmonaire), ou du cou ou du cerveau ce qui peut provoquer un AVC.
Ces accidents ne surviennent pas chez tout le monde, mais chez des femmes particulières : - soit parce qu’elles ont un trouble de la coagulation pré-existant (souvent familial) ou parce qu’elles ont déjà fait une phlébite (qui ont tendance à récidiver) - soit parce qu’elles fument et ont plus de 35 ans (tabac + âge + estrogènes = thrombose) - soit parce qu’elles subissent un incident qui perturbe la circulation sanguine (fracture de jambe, intervention chirurgicale, par exemple).
C’est un accident rare, qu’on évite totalement en ne donnant pas de pilule contenant des estrogènes aux femmes susceptibles d’avoir ce genre de risque, on le sait le plus souvent en les interrogeant.
Autrement dit : une femme de moins de 35 ans (qu’elle fume ou non) en bonne santé, n’ayant jamais eu de problème de coagulation, et dont les parents et frères et soeurs n’en ont jamais eu, a moins de risque de faire un AVC avec la pilule que si elle est enceinte. En effet, la grossesse perturbe la coagulation, et on voit des phlébites et des AVC chez les femmes enceintes, du seul fait qu’elles sont enceintes.
- Ovulation après retrait d’un Mirena
J’ai eu mes règles le 5 janvier et j’ai fait retirer mon stérilet Mirena le 9 janvier dans le but de faire un bébé. Ma gynéco m’a dit d’attendre le prochain cycle. Jusque là pas de problème sauf que depuis le retrait de mon stérilet j’ai toujours mes règles et nous sommes le 15 janvier. Si j’ai un cycle normal (de 28 jours), je devrais avoir de nouveau mes règles le 1 février, est ce que le fait d’avoir encore mes règles aujourd’hui va retarder mes prochaines règles et comment vais-je savoir quand je vais ovuler ? C.
Comme vous aviez un Mirena, il n’est pas possible de vous dire quand vous allez ovuler. Toutes les méthodes hormonales (y compris le Mirena) peuvent endormir l’ovaire et, après arrêt de la contraception, le cycle normal peut reprendre au bout de 4 à 8 semaines seulement. Mon conseil : n’y pensez pas et vivez votre vie. La grossesse viendra au moment opportun (et comme les spermatozoïdes vivent 4 à 5 jours, si vous avez au moins 2 rapports sexuels par semaine, vous êtes sûre de ne laisser passer aucun ovule.. sans avoir besoin de savoir quand ovuler.
- Pilule : attention au Millepertuis
Je prends Androcur comme moyen de contraception et je prends également du millepertuis car j’ai des tendances dépressives. Y a-t-il interaction entre Androcur et le millepertuis ? Si oui, dois-je respecter un écart entre la prise de l’un et de l’autre ? Combien de temps d’écart dois-je respecter entre la prise d’Androcur et du millepertuis ? O.
Le millepertuis est un "inducteur enzymatique", ce qui veut dire qu’il accélère l’élimination de certains médicaments par le foie, en particulier l’élimination des hormones sexuelles (donc, contraceptives). Et en principe on aurait dû vous en prévenir. Voici un article sur le sujet
A mon avis, vous devriez sérieusement envisager de modifier l’un des deux traitements : soit changer de contraception (par exemple passer au DIU au cuivre, avec lequel il n’y a aucune interaction), soit changer d’anti-dépresseur. Mais si vous prenez du millepertuis, vous risquez d’inactiver la contraception par Androcur... qui d’ailleurs ne devrait jamais être utilisé seul comme contraception (il n’est pas fait pour ça...)
Je vous conseille d’aller voir votre médecin pour lui en parler.
- Prise de pilule en continu : spotting ou règles abondantes ?
J’ai lu avec un très grand intérêt vos textes concernant les règles et le fait de pouvoir prendre la pilule en continu. Je me posais des questions à ce sujet, parce que j’aimerais ne plus en avoir (moins en tout cas), même si vous n’êtes pas une femme vous comprendrez aisément pourquoi...
Vos textes m’ont beaucoup éclairée, c’est très bien expliqué et, pour une fois, c’est libre et sans jugement.
Il me reste une question cependant : Lorsqu’une femme qui était enceinte a son retour de couches, les saignements sont très abondants et très longs. Alors, si on prend la pilule en continu (disons 3 mois), est-ce que pendant ce temps l’endomètre ne va pas s’épaissir et quand on va avoir ses règles, est-ce qu’elles ne seront pas beaucoup plus abondantes ?? (ma pilule est Cilest).
J’hésite aussi à prendre ma pilule en continu car on m’a dit qu’on pouvait avoir des "spottings" n’importe quand en faisant ça... est-ce vrai, et si oui pourquoi ? Trop de progestérone ? Voilà, j’espère vraiment que vous pourrez me répondre rapidement, car aucun gynéco ne m’a encouragée dans cette utilisation, et je préfèrerais avoir le choix. D.
L’absence de règles ou de saignements pendant la prise de pilule en continu présuppose que les deux hormones (estrogènes et progestatif) dans la pilule ont une action conjuguée équilibrée sur l’endomètre : les estrogènes ne le font pas trop épaissir, le progestatif ne l’amincit pas trop. Evidemment, c’est une donnée théorique car ça dépend moins de la pilule elle-même que de l’action de la pilule sur une femme donnée. Chaque femme va "métaboliser" une même pilule de manière différente.
Certaines femmes prendront une pilule donnée (mettons Cilest) sans interruption sans jamais avoir de spotting (ou alors, trois jours deux fois par an). D’autres auront un spotting au bout de 15 jours (donc avant même d’avoir fini leur plaquette). Par conséquent, qu’on la prenne ou non en continu il faut choisir la pilule appropriée au profil hormonal naturel de la femme.
Si celle-ci a (sans aucune contraception) un syndrome prémenstruel (œdèmes des jambes, gonflement des seins) et des règles abondantes, il vaut mieux qu’elle prenne une pilule à "climat progestatif" (les pilules remboursées comme Minidril, Adépal, Miniphase).
Si la femme a le profil inverse (règles peu abondantes, peau grasse, acné), elle sera mieux avec une pilule à "climat estrogénique" (les pilules récentes non remboursées : Cilest, Varnoline, etc.)
Ceci n’est qu’un repère, qui doit parfois être adapté après un premier choix. Car le "profil hormonal apparent" est une chose, les effets de la pilule en sont une autre.
Vous pouvez parfaitement, et sans crainte, essayer de prendre votre pilule pendant 3 mois. Si vous n’avez aucun signe de "surdosage en estrogènes" (gonflement des seins, en particulier), il y a peu de chance que vous ayez des règles très abondantes lorsque vous l’arrêterez. Quant au spotting, il est imprévisible. On le voit fréquemment avec les pilules à "climat estrogénique" quand elles contiennent seulement 15 ou 20 µg d’estrogène mais plus rarement quand elles en contiennent 30 ou 35 (ce qui est le cas de Cilest). Donc, si vous la prenez d’ores et déjà sans effet secondaire Cilest peut très bien être une bonne pilule à prendre en continu, pour vous.
- Mirena et pilosité
Je suis très contente du Mirena, que je supporte très bien depuis 4 ans, mais le problème est que depuis quelques mois apparaît sur mon visage (joues, menton) et sur d’autres parties du corps (bas ventre, bras) une augmentation de la pilosité... je suis brune et j’ai toujours eu quelques duvets mais là, c’est devenu un peu trop et gênant surtout sur le visage.
Ma gynéco me dit que c’est un effet du Mirena et me conseille de me placer un Nova T à la place...
Pensez vous que cela puisse venir des hormones contenues dans Mirena ? Je suis vraiment désolée car ce stérilet avait un confort extrême....mais bon , les poils c’est pas top !!! C.
Cela peut, effectivement être lié à l’action du Mirena, parce que vous êtes "susceptible" (aux hormones masculines, auxquelles celle du Mirena ressemble). Vous pouvez envisager de changer de DIU mais, par pitié, ne vous faites pas poser un Nova T, qui est le plus inefficace des DIU disponibles en France, mais demandez qu’on vous pose un TT 380 au cuivre, DIU de référence que vous pourrez, en plus, garder 10 ans si vous le désirez... ou revenir au Mirena dans 5 ans, quand les duvets se seront estompés...
Lisez ceci : http://www.martinwinckler.com/article.php3?id_article=79 Et imprimez-le pour votre gynéco.
- Contraception et HyperTension Artérielle
A mon unique grossesse à 36 ans, j’ai déclaré une toxémie gravidique dont j’ai hérité une HTA permanente traitée matin et soir. J’ai testé plusieurs pilules que je n’ai pas tolérées, je me suis fait poser un stérilet que j’ai du faire retirer 6 mois plus tard. Les douleurs ne me quittaient pas, jours et nuits, c’était intenable.
J’ai tout abandonné, je me contente de préservatifs avec une grande frustration. Aujourd’hui, j’ai un ovaire très gros, pour lequel je suis traitée par Lutényl. J’espérais, tant qu’à absorber des hormones, l’utiliser comme contraceptif. Mais j’ai une réponse négative. Avec l’évolution de la médecine, puis-je espérer avant la ligature des trompes un quelconque moyen contraceptif hormonal bien toléré ? F.
Pourquoi vous a-t-on répondu non à l’utilisation de Lutényl comme contraceptif ? Les progestatifs ne font pas monter la tension. Pris 21 ou 22 jours par mois, ils sont contraceptifs. Je suis étonné (et scandalisé) qu’on vous ait dit le contraire. Mais en tout état de cause, vous pourriez très bien prendre du Lutényl 3 semaines par mois, et rien ne vous l’interdit ; Surtout pas une hypertension traitée...
PS : Si vous avez souffert en permanence après la pose du DIU, c’est parce qu’on ne vous l’a pas bien posé. La cavité utérine peut tolérer la présence d’un foetus de 3 kilos, alors un DIU qui fait 3 cm de long et 3 mm de large...) Mais s’il est posé trop bas (dans le canal d’ouverture de l’utérus) et non dans la cavité, il fait mal...
Merci de votre réponse, vos propos rejoignent ceux de mon généraliste. J’ai été étonnée de la réponse de mon gynéco, (mais à chacun son métier !). Merci de m’apporter une solution, mais ceci dit je ne sais pas comment je peux proposer votre solution à mon gynéco. A ce jour, je prends le Lutényl du 11ème au 25ème jour du cycle. Je suis en plus contente car je n’ai pas d’effets secondaires et surtout plus mal au ventre.
Autre question : pensez-vous que je pourrai retenter un pose de stérilet sans risquer de redéstabiliser ma tension ? La pose avait semblée très difficile, car j’ai accouché comme vous pouvez l’imaginer par césarienne et le col était totalement fermé malgré la prise de je sais plus quel médicament. J’en garde un très mauvais souvenir. F.
D’abord, vous n’avez pas besoin du gynéco : votre généraliste peut vous prescrire le complément de Lutényl.
Ensuite : on peut poser un DIU à une femme ayant accouché par césarienne en utilisant, juste avant, du Cytotec, un médicament qui dilate le col.
Je le fais couramment chez les femmes sans enfant, dont le col est étroit, puisqu’elles n’ont jamais accouché. Cela n’a aucune raison de déstabiliser votre HTA, si celle -ci est soignée.
- Absence prolongée des règles
Je vous écris car depuis 5 ans je n’ai plus mes règles. J’ai 20 ans et je m’inquiète beaucoup de cette absence de règles. Tout ce que je peux dire c’est qu’il y a 5 ans j’ai été très perturbée par un déménagement que je ne voulais pas et suite à cela j’ai fait une petite dépression qui m’a conduite à l’anorexie. J’ai perdu beaucoup de poids mais je suis guérie depuis maintenant 2 ans. Pourtant, je n’ai toujours pas mes règles.
J’ai toujours eu des règles irrégulières mais elles le sont devenues encore plus quelques mois avant le déménagement. Une gynéco m’a prescrit Cycléane et Spasfon que j’ai pris pendant 3 mois. J’ai bien sûr retrouvé mes règles avec ces pilules mais j’ai dû arrêter le traitement car cela me donnait un caractère épouvantable.
Donc, depuis je n’ai pas mes règles.
Qu’en pensez-vous ? Que dois-je faire ? Est-ce inquiétant ? C.
Il est très fréquent que les jeunes femmes ayant souffert d’anorexie n’aient pas de règles pendant leur maladie et longtemps après. Prenez-vous encore des médicaments antidépresseurs ? Certains contribuent à endormir l’ovulation (et sans ovulation, pas de règles). Cela dit, l’immense majorité des jeunes femmes anorexiques qui guérissent finissent, tôt ou tard, par retrouver le cycle qu’elles avaient auparavant. C’est une question de patience, d’autant plus que vous n’avez que 20 ans, pas 40. Et moins vous prendrez de médicaments agissant sur l’ovulation, plus tôt votre cycle reviendra.
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