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"Les Trois Médecins" : un roman d’aventures et de formation (médicale)

Le blogue de Martin Winckler (Dr Marc Zaffran) - PasseportSanté.net

pla.ce.bo

Pour ceux qui s’intéressent au sujet, voici un excellent site consacré au placebo.


Le médecin et le patient nouveau - Entretien avec MZ pour Passeportsanté.net

Entretien donné à Passeportsanté.net (site québecois de santé) en 2008 autour des relations soignant-soigné.


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Feuilleton, 5
Médecin étouffant, médecin méprisant
Les médecins maltraitants, 5e épisode
Article du 14 juillet 2011

RRésumé des épisodes précédents
Un médecin est une personne comme une autre mais certains médecins ont systématiquement une attitude maltraitante (volontairement ou non)

Tous les médecins ne sont pas maltraitants, loin de là. Mais ces médecins là trahissent l’idéal qu’ils sont censés incarner, ils font du mal non seulement aux patients, mais aux soignants authentiques, nombreux mais silencieux, qui font leur travail de leur mieux. Ils compromettent la bonne délivrance des soins par les professionnels respectables et dévoués.

Il est donc important de les identifier, afin que les patients sachent que leur comportement n’a rien de "naturel", ni même de "normal" dans le cadre professionnel. Dans tous les pays développés (et dans beaucoup de pays en développement) les médecins sont assujettis à des codes de conduite : lois et réglementations, codes de déontologie, repères éthiques.

Les médecins maltraitants ne respectent pas tout ou partie de ces codes.

En dehors des situations de stress, le fait qu’un médecin se comporte de manière désagréable, brutale, autoritaire, intrusive ou insultante n’est pas acceptable. Les gestes et attitudes maltraitants pratiqués systématiquement ne doivent pas être tolérés. Un même médecin peut cumuler plusieurs types d’attitude maltraitante. Si vous connaissez d’autres archétypes de médecins maltraitants, vos témoignages sont les bienvenus.

Après le médecin terroriste, deux catégories qui valent leur pesant de cacahuètes : le médecin étouffant et le médecin méprisant.

Lire les épisodes précédents :

 1. La maltraitance est un abus de pouvoir
 2. Médecin phobique, médecin en burn-out
 3. Médecin distant, médecin égocentrique
 4. Médecin terroriste

Le médecin étouffant

Avec ce médecin-là, la relation commence plutôt bien : il/elle vous accueille, vous écoute, vous rassure, vous parle, il/elle va tout arranger. Et puis, au fil des semaines ou des mois, le médecin étouffant devient de plus en plus protecteur, de plus en plus indiscret, de plus en plus intrusif dans les consultations, de plus en plus interventionniste : son comportement rassurant se transforme en conseils puis en exigences qui, lorsqu’elles ne sont pas remplies, entraînent des reproches, parfois sur le mode du chantage affectif.

Sa bienveillance - que vous avez trouvée rafraîchissante au cours des rencontres initiales - vous semble très vite exagérée et, pour tout dire, lourde. Sa sollicitude ne vous libère plus, elle vous enchaîne.

Un médecin étouffant ne veut que votre bien. Le problème, c’est qu’il vous soigne comme s’il s’agissait de lui. Or, vous n’êtes pas lui (ou elle) mais il feint de l’ignorer - ou il l’ignore vraiment, ce qui n’est pas moins grave. Ses valeurs sont toujours plus importantes que les vôtres et ce qui le/la rend étouffant, c’est la manière très persuasive, très rassurante, très maternelle que ce type de médecin emploie pour vous convaincre que telle décision est meilleure que telle autre - même si vous pensez le contraire.

Le médecin étouffant va parfois jusqu’à appeler les patients quand ils ratent leur rendez-vous (il passe chez eux s’il est médecin de campagne). Il ou elle « gronde » gentiment celui ou celle qui n’a pas fait l’examen recommandé ou pris le médicament ordonné. Bref, il ou elle est insupportable.

Un médecin étouffant est dans le meilleur des cas un médecin phobique (voir le 2e épisode), qui se comporte ainsi par souci réel... de se rassurer. L’enfer est pavé de bonnes intentions. Ne suivez pas cette route-là.
Mais ça peut être aussi - et c’est beaucoup plus problématique - un pervers qui commence par rassurer pour pouvoir ensuite mieux manipuler (voir un épisode ultérieur). Là, il faut fuir immédiatement.

Que faire ?

Un médecin étouffant ne connaît pas de barrières. Par son intrusivité, il se disqualifie car il ne respecte pas l’intimité (physique ou morale) du patient.
Dans le premier cas, vous êtes en droit d’écrire au médecin étouffant pour lui expliquer pourquoi vous ne voulez plus de ses soins trop appuyés. Dans le second cas, nous le verrons, il est préférable de fuir sans demander son reste.

Le médecin méprisant ou insultant

S’il est un sentiment qui ne doit pas apparaître sur le visage ou dans les paroles d’un soignant, c’est le mépris. Comment peut-on prétendre soigner des personnes qu’on ne respecte pas ? Le médecin qui exprime son mépris ou son dédain à l’égard de n’importe quel aspect ou facette d’un(e) patient(e) est irrespectueux. Attention ! Je ne veux pas dire qu’un médecin doit nécessairement être vertueux au point de ne pas savoir ce qu’est le mépris : ce serait naïf et illusoire. Les psychosociologues ont montré que le mépris fait partie de nos mécanismes innés : nous jaugeons, nous évaluons les autres sans cesse. Cela nous permet non seulement de nous préserver des agresseurs, mais aussi de repérer les interlocuteurs/trices et partenaires les plus « fréquentables ». Cela étant, un soignant a pour mission de soigner tout le monde, sans laisser ses préjugés interférer avec ses soins. C’est plus facile à dire qu’à faire quand on a vingt-cinq ans (à cet égard, on peut se demander s’il est bien avisé de former des médecins en les prenant à l’adolescence, avant qu’ils aient un peu de recul sur les subtilités et les complexités de la vie). Mais tout soignant peut apprendre (ou s’entraîner à) laisser ses préjugés de côté (les groupes Balint, en particulier, sont faits pour ça).

De plus, il s’agit d’une obligation déontologique...
Un médecin n’a pas à commenter votre vie privée, à faire des remarques désobligeantes sur vos activités, votre aspect physique, votre milieu socio-économique, vos origines ethniques, votre façon de vous exprimer, votre comportement avec vos enfants ou votre conjoint, etc. Et ce, d’autant qu’il ne vous voit que de manière ponctuelle et, le plus souvent, dans un moment difficile (je ne connais personne qui aille consulter un médecin pour le plaisir). Il doit vous prendre tel(le) que vous êtes au moment où vous sonnez à sa porte.
Par conséquent, lorsqu’un médecin est systématiquement hautain ou méprisant, a fortiori s’il est insultant, il manque à ses obligations.

Le mépris est le sentiment le plus répandu chez les médecins. Pourquoi ? Parce qu’ils sont (dé)formés pour se penser supérieurs aux personnes qu’ils soignent. Le mépris s’exprime souvent lorsque le patient formule une hypothèse personnelle sur son état. Dans ce cas-là, c’est une attitude liée au « savoir supposé » du médecin et à l’ignorance supposée du patient.

Les connaissances médicales sont très variables d’une personne à une autre. Leurs connaissances ne font pas des médecins des personnes supérieures. On peut sourire de certaines craintes, on n’a pas pour autant le droit de s’en moquer : l’inquiétude n’est pas risible, et on ne peut pas tout savoir. (Même les meilleurs médecins ont des connaissances limitées à leurs sphères d’intérêt.) Par conséquent, lorsqu’un(e) patient(e) exprime une opinion sur son état, il peut se tromper (et ce n’est pas toujours vrai) mais son erreur ne justifie pas le mépris du médecin. Elle doit seulement déclencher une explication... quand il y en a une (il n’y en a pas toujours) ou à défaut une hypothèse.

Certains médecins méprisants ne disent rien, ils se contentent d’ignorer ce que déclarent les patients, ou les questions qu’ils posent. C’est dans la manière dont ils ponctuent la consultation (en secouant la tête, en soupirant, en faisant la moue) ou la concluent (par une ordonnance sans commentaire, par exemple) que leur mépris s’exprime. Ils ont tort de penser que vous n’avez pas compris. Parfois un médecin méprisant peut carrément être insultant (en faisant des commentaires sur l’aspect, la personnalité, les origines, le statut social). Beaucoup de patient(e)s insulté(e)s sont sidéré(e) d’être traité(e)s ainsi et ne réagissent pas sur le champ. C’est normal. Ne vous en veuillez pas si vous n’avez pas su quoi dire : il ou elle vous a pris(e) par surprise. Vous étiez venu(e) vous faire soigner, pas pour vous faire « traiter ».

Lorsqu’un médecin s’est comporté de manière impolie ou insultante une fois, un jour qu’il vous paraissait mal luné, vous pouvez (pour cette fois) lui accorder le bénéfice du doute : c’est un être humain, il a le droit à un « Joker ». Mais lorsque le mépris, l’irrespect ou les comportements insultants sont répétés, ils sont inexcusables.

Que faire ?

S’il s’agit d’un mépris occasionnel, et si vous avez de l’estime pour lui/elle et pensez qu’il en a, habituellement, pour vous, écrivez-lui pour exprimer, posément, ce qu’il ou elle vous a fait subir, et décrivez précisément les gestes et les paroles qui vous ont semblé méprisants ou insultants. Invitez-le à réexaminer sérieusement son comportement. Demandez lui de vous répondre par écrit si vous n’avez pas d’occasion proche de le/la revoir. Si vous avez un nouveau rendez-vous dans peu de temps, proposez-lui d’en parler de vive voix. Un médecin qui n’a pas eu l’intention d’être méprisant ou insultant se confondra en excuses, oralement ou par écrit. Un médecin « naturellement » vous recevra avec un mépris renouvelé (dans ce cas, sortez sans un mot) ou vous écrira une lettre incendiaire (souvent, les médecins méprisants le sont encore plus par écrit). Si tel est le cas, envoyez les deux lettres (la vôtre, la sienne) à l’Ordre et à son syndicat professionnel.

Prochain épisode : le médecin manipulateur

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