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Le préservatif est-il une contraception efficace ?
Article du 1er décembre 2004
Lors d’une chronique de France Inter, j’ai déclaré que le préservatif n’était pas une bonne méthode contraceptive. Plusieurs auditeurs se sont inquiétés : les jeunes gens allaient-ils en déduire qu’il ne faut pas utiliser de préservatifs ? Évidemment, ça n’était pas le message que je voulais faire passer. Mais le simple fait qu’il y ait eu un doute justifie que j’y revienne. Alors, reprenons.
Le préservatif a, depuis toujours, deux fonctions : c’est une méthode de contraception (autrefois on disait " anticonceptionnelle ") et c’est une méthode de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles (autrefois on disait " maladies vénériennes "). En France, entre 1920 et jusqu’en 1987, toute publicité ou promotion du préservatif était interdite. Avec l’arrivée du sida, le préservatif est revenu sur le devant de la scène. Malheureusement, le discours de prévention du sida, qui reste indispensable, a complètement occulté une notion fondamentale : lorsqu’on fait un très bon repas, c’est aussi pour se nourrir.
Même si nous faisons le plus souvent des galipettes pour le plaisir, la finalité biologique du rapport hétérosexuel, on n’y peut rien, c’est la reproduction. Par conséquent, la conséquence la plus probable (et la plus fréquente) d’un rapport hétérosexuel, ce n’est pas la maladie, c’est la grossesse. Or, la question que posent beaucoup de jeunes gens est plutôt celle-ci : " Si j’utilise des préservatifs, est-il vraiment utile que j’aie une autre méthode de contraception ? " La réponse est oui.
Suivez-moi bien :
– D’une part le risque d’infection augmente avec le nombre de partenaires : plus on a de partenaires, plus on risque d’attraper une MST.
– D’autre part, la probabilité d’une grossesse augmente avec la fréquence des rapports sexuels.
Dans les deux cas, pour qu’un préservatif soit très efficace, il faut l’utiliser à chaque rapport sexuel. Mais le préservatif peut glisser, ou craquer - ce qui provoque des fuites et il faut très peu de sperme pour provoquer une grossesse. Et, souvent, quand un jeune couple est monogame et se sent en sécurité par rapport aux infections, l’utilisation du préservatif devient moins systématique, car les jeunes gens sous-estiment le risque de grossesse.
Beaucoup de jeunes filles pensent qu’elles ne peuvent pas se retrouver enceintes à la suite de leurs premiers rapports sexuels, ce qui est faux. Beaucoup de femmes s’imaginent qu’elles sont en sécurité si elles ont des rapports sexuels à certains moments du cycle, ce qui est faux aussi : une étude récente a montré que même lorsque les femmes ont un cycle très régulier de 28 jours, les deux tiers d’entre elles ovulent sans prévenir à n’importe quel moment de leur cycle.
De sorte que la sécurité contraceptive réelle du préservatif est d’autant plus aléatoire qu’il n’est pas utilisé systématiquement et avec beaucoup de soin.
Donc, si on a besoin d’une contraception, trois cas se présentent :
-1° quand on a peu de rapports sexuels et un seul partenaire, le préservatif peut suffire comme protection ET comme contraception, mais il faut l’utiliser systématiquement, à chaque rapport sexuel et quel que soit le moment du cycle de la femme.
-2° quand on a beaucoup de rapports sexuels et un seul partenaire, un DIU (" stérilet "), un implant ou une pilule seront plus efficaces que les préservatifs seuls ; si l’on choisit une de ces méthodes de contraception et s’il n’y a pas de risque de contamination (deux partenaires en bonne santé en relation monogame), on peut se passer des préservatifs.
-3° quand on a beaucoup de rapports sexuels et plusieurs partenaires (ou un partenaire polygame...), il vaut mieux utiliser stérilet ou pilule ou implant ET des préservatifs.
Voilà, vous êtes parés ! Bon week-end....
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