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La pilule contraceptive, le cycle menstruel, les règles et comment réussir ensuite à être enceinte quand même !
par Martin Winckler (3 janvier 2006)
Article du 3 janvier 2006
Comment la pilule empêche-t-elle d’être enceinte ? POurquoi donne-t-elle tant d’effets secondaires ? En quoi modifie-t-elle le cycle menstruel ? Empêche-t-elle d’avoir des enfants par la suite ?
Vous trouverez la réponse à toutes ces questions dans ce nouvel article...
Martin Winckler
COMMENT LA PILULE EMPÊCHE-T-ELLE D’ETRE ENCEINTE ?
D’abord, il faut rappeler ce qu’est une grossesse :
Entre la puberté et la ménopause, chaque mois (en principe), une glande du cerveau (l’hypophyse), déclenche l’émission d’un « ovocyte » (une cellule de la reproduction) par un des ovaires. Ca s’appelle "l’ovulation". L’ovocyte est propulsé hors de l’ovaire dans la trompe de Fallope où il attend les spermatozoïdes. Les spermatozoîdes, déposés dans le vagin au cours d’un rapport sexuel, traversent le "col de l’utérus", et "nagent" vers la trompe. Lorsque un spermatozoïde arrive à l’ovocyte et le féconde, l’union des deux devient un ovule, puis un embryon, qui va ensuite s’implanter et se développer à l’intérieur de l’utérus.
Illustration : organes sexuels féminins vus de face
1 : vagin
2 : col (entrée) de l’utérus
3 : utérus
4 : trompe
5 : ovaire
6 : pavillon (entrée de la trompe)
Une grossesse dure en principe neuf mois. Pendant ces neuf mois, une femme enceinte n’ovule pas (elle ne produit pas d’ovocyte), car si elle ovulait, elle pourrait être enceinte de plusieurs embryons d’âges différents... et serait enceinte en permanence.
A RETENIR : une femme n’ovule pas quand elle est enceinte.
Pourquoi une femme enceinte n’ovule-t-elle pas ?
Les hormones sexuelles fabriquées par l’embryon devenu foetus circulent dans le sang de la femme et sont perçues par le cerveau, qui comprend qu’il est alors inutile de fabriquer des ovocytes puisque une grossesse est en cours... Autrement dit : la grossesse « endort » l’ovulation. La pilule et les autres contraceptions hormonales (implant contraceptif, progestatifs injectables, DIU hormonal) agissent en reproduisant cet "endormissement naturel" de l’ovulation pendant la grossesse.
À RETENIR : Une femme enceinte n’ovule pas ; la contraception fonctionne en reproduisant ce phénomène naturel : les contraceptions hormonales (pilules, implant, progestatifs injectables, DIU hormonal) empêchent l’ovulation en faisant croire au corps de la femme qu’elle est déjà enceinte.
LES EFFETS SECONDAIRES DE LA PILULE CONTRACEPTIVE
Les effets des hormones contraceptives sur le cerveau ne se réduisent pas à l’endormissement de l’ovulation. Elles peuvent produire d’autres symptômes similaires à ce qui se passe pendant une grossesse :
– nausées
– gonflement et douleur des seins
– prise de poids
– baisse de la libido et absence de désir sexuel
– acné
– « plaques colorées » sur le visage
– cellulite
– modification ou disparition temporaire des règles
A RETENIR : les hormones contraceptives font croire au cerveau que la femme est déjà enceinte, elles peuvent donc aussi provoquer des symptômes similaires à ceux de la grossesse !
Tous ces symptômes sont possibles, mais toutes les femmes ne les ressentent pas. Certaines femmes n’ont aucun symptôme désagréable. D’autres les ont tous !
Donc, si vous ressentez ces symptômes quand vous utilisez une pilule ou une autre contraception hormonale, ça n’est pas « psychologique », c’est ce qu’on appelle un « effet indésirable » de la contraception.
Les symptômes provoqués par la pilule contraceptive sont-ils possibles avec les autres méthodes de contraception ?
Oui, ces symptômes peuvent se voir avec
– le patch « Evra » Lire cet article
– l’anneau contraceptif « Nuvaring » Lire cet article
– l’implant contraceptif « Implanon » Lire cet article
– le DIU hormonal « Mirena » Lire cet article et aussi celui-ci
– les progestatifs utilisés seuls (« Cérazette », « Microval », « Milligynon », « Lutényl », « Lutéran »)
Toutes les femmes n’ont pas de symptômes avec toutes les méthodes.
Autrement dit : si une méthode ne vous convient pas, ça ne veut pas dire que toutes les méthodes ne vous conviendront pas.
Y a-t-il une méthode contraceptive efficace qui n’ait pas les effets indésirables des méthodes hormonales ?
Oui, mais une seule : le DIU (dispositif intra-utérin, ou « stérilet ») au cuivre, qui ne contient pas d’hormones. Il ne modifie pas le cycle naturel de la femme. Il n’a pas d’effet sur la libido, les règles, ou l’ovulation. Comme le dit une de mes collègues, médecin généraliste en Bretagne : « Le DIU, c’est un bijou pour l’utérus. Et c’est comme les boucles d’oreilles : quand on en porte un, on oublie qu’il est là. »
Contrairement à ce qu’on a longtemps dit, le DIU n’est pas une méthode qui provoque un « mini-avortement ». C’est une méthode spermicide : le cuivre inactive les spermatozoïdes.
A RETENIR : Si vous ne tolérez pas les méthodes contraceptives hormonales, vous devriez envisager d’utiliser un DIU (dispositif intra-utérin, ou « stérilet »)
Lire « Tout ce qu’une femme doit savoir pour se faire poser un DIU »
et aussi
Le DIU n’est pas réservé aux femmes ayant des enfants
LE CYCLE MENSTRUEL, LES REGLES ET LA PILULE
Est-ce qu’on a encore un cycle menstruel quand on prend la pilule ?
Un « cycle menstruel » , c’est tout se qui se passe entre le début des règles et le début des règles suivantes, 25 à 35 jours plus tard. Pendant ce cycle, une ovulation se produit. Si cette ovulation n’est pas fécondée par un spermatozoïde, des règles surviennent. S’il y a fécondation et grossesse, il n’y a pas de règles.
A RETENIR Un femme qui prend la pilule n’ovule pas, et son cycle est en sommeil, comme si elle était enceinte. Donc, une femme qui prend la pilule n’a pas de cycle menstruel.
Pourquoi a-t-on quand même des règles quand on prend la pilule, alors ?
À l’origine, la pilule était faite pour être prise en permanence (365 jours par an, sans interruption), pour maintenir l’ovulation endormie en permanence. Comme les femmes qui la prenaient en permanence étaient inquiètes à l’idée de ne pas avoir de règles, on a décidé de « rythmer » artificiellement la prise de la pilule sur un « cycle » (artificiel) de 28 jours : 21 jours de pilule, 7 jours d’arrêt : l’arrêt temporaire des comprimés provoque des saignements qui ne sont que des règles artificielles.
A RETENIR : Les saignements qui surviennent entre deux plaquettes de pilule sont des saignements artificiels, provoquée par l’arrêt des comprimés, et non des règles authentiques.
Mais alors, les règles de la pilule ne servent à rien ?
Eh non, elles ne servent à rien. Les « fausses règles » de la pilule n’ont aucune utilité, elles sont seulement destinées à « rassurer » les utilisatrices qui craignent d’être enceintes. Et comme ces saignements ne sont pas des règles, c’est une manière de rassurer qui est 1° inexacte ; 2° source de désagréments et d’échec de la contraception.
Les « fausses règles » de la pilule n’ont que des inconvénients : après avoir arrêté la pilule pendant 7 jours, l’ovulation est susceptible de se produire si on oublie de commencer une nouvelle plaquette.
A RETENIR :
1° c’est au début de chaque plaquette de pilule qu’un oubli est le plus susceptible d’entraîner une grossesse. Cliquer ICI pour en savoir plus
2° moins on arrête la pilule longtemps entre deux plaquettes, moins on risque d’être enceinte ! ! ! Cliquer ICI pour en savoir plus
3° ne pilule qu’on n’arrête pas du tout est beaucoup plus efficace qu’une pilule qu’on arrête une semaine par mois.
4° une femme qui prend la pilule sans interruption (365 jours par an) a très peu de risque d’être enceinte... et très peu de règles également ! ! ! !
Et ce n’est pas dangereux, de prendre la pilule sans interruption pour ne pas avoir de règles ?
Non. De nombreuses utilisatrices prennent une pilule ou une autre contraception hormonale sans interruption pour ne pas avoir de règles :
- les sportives professionnelles
- les femmes qui souffrent des migraines au moment de leurs règles
- les femmes épileptiques (prendre la pilule en continu diminue la fréquence des crises)
- les femmes souffrant d’endométriose (la prise de progestatifs en continu, pour arrêter les règles, évite non seulement de souffrir, mais est aussi thérapeutique...)
Et aussi :
- Aux USA, une pilule nommée « Seasonale » est commercialisée depuis quelques mois. La boîte comprend trois mois de comprimés à prendre sans interruption.
- Trente pour cent des utilisatrices d’implant contraceptif, dont l’hormone est administrée sous la peau chaque jour, sans interruption, n’ont pas de règles pendant les 3 ans d’utilisation de l’implant.
- Quarante à cinquante pour cent des utilisatrices du DIU hormonal « Mirena » n’ont pas de règles pendant 5 à 7 ans.
Et toutes ces femmes vont très bien.
Oui, mais si je prends la pilule en continu et que je n’ai pas de règles, est-ce que je n’aurai pas de mal à être enceinte, ensuite ?
Non. Souvenez-vous : pour vous empêcher d’être enceinte, la pilule fait croire à votre organisme que vous êtes déjà enceinte. Si vous étiez vraiment enceinte, vous n’auriez pas d’ovulation pendant 9 mois, puis pendant 3 ou 4 mois d’allaitement. Est-ce que ça vous empêcherait, ensuite, après avoir accouché, d’être enceinte à nouveau ? Non, bien sûr.
A RETENIR : La prise de la pilule en continu n’empêche pas d’être enceinte quand l’on arrête, pas plus que la grossesse n’empêche d’être enceinte une fois qu’on n’est plus enceinte ! ! !
GROSSESSE APRES CONTRACEPTION : MEFIEZ-VOUS DES MEDECINS TERRORISTES ET DES TRAITEMENTS-MIRACLE
On lit partout sur les forums internet des témoignages de femmes qui après avoir arrêté leur contraception, n’ont pas pu être enceintes tout de suite. Qu’en est-il exactement ?
D’abord, il faut se rappeler une chose :
Les forums sont souvent le seul lieu d’expression libre des personnes qui ont des soucis. Donc, vous y lirez beaucoup d’histoires angoissantes... Mais la majorité des utilisatrices de contraception n’ont pas de problème et sont infiniment plus nombreuses que les femmes qui en ont. Les femmes enceintes sans problèmes (les plus nombreuses) ne s’en plaignent pas sur les forums internet.
Ce qui veut dire que parmi les femmes qui s’expriment sur les forums, dans de nombreux cas, beaucoup sont inquiètes à tort (ça ne fait pas deux ans qu’elles essaient d’être enceintes et les médecins qu’elles ont consulté ont été plus terroristes que rassurants), ou bien font partie des 5 % de femmes qui ne sont pas encore enceintes au bout de 2 ans... mais qui vont l’être ensuite. Très peu sont effectivement « stériles ».
A RETENIR : Il y a plus de femmes (et de couples) pressés que de femmes (et de couples) stériles.
A RETENIR AUSSI : Les méthodes utilisées pour « faire des enfants » aux femmes « stériles » ne sont pas plus efficaces que le simple fait d’attendre. Autrement dit : les femmes qui sont enceintes après un traitement médical sont, le plus souvent, des femmes qui auraient été enceintes sans aucun traitement.
Après l’arrêt de ma pilule (ou le retrait de mon implant) je n’avais plus de règles. Mon médecin m’a proposé un traitement hormonal (Lutéran, Lutényl) « pour faire redémarrer mon cycle ». Qu’en pensez-vous ?
Qu’il ne connaît pas le fonctionnement de l’organisme féminin. Les progestatifs n’ont jamais fait démarrer un cycle qui n’aurait pas repris spontanément. En revanche, ils peuvent... endormir l’ovulation ! ! ! Donc, retarder la reprise du cycle normal.
Mais certains médicaments sont utilisés pour déclencher l’ovulation, non ?
Oui, bien sûr, le clomifène (« Clomid ») en particulier est le plus connu. Et il est parfois proposé par certains gynécologues à des femmes qui ne sont pas enceintes au bout de quelques mois d’arrêt de leur contraception, alors qu’elles ne sont pas du tout stériles, mais seulement inquiètes de l’être. Ce type de traitement est déconseillé, pour au moins deux raisons :
- pour déclencher des ovulations, il augmente la multiplication cellulaire dans les ovaires et les traitement de ce type sont soupçonnés de favoriser le développement de cancers de l’ovaire
- le clomifène (et les autres inducteurs de l’ovulation) sont si efficaces qu’ils provoquent PLUSIEURS ovulations en même temps ; s’ils sont prescrits à une femme fertile (mais un peu pressée), ils provoquent... des grossesses multiples (jumeaux, triplés, quadruplés, etc.)
Ce type de traitement ne devrait donc être donné qu’aux femmes chez qui on a démontré que leur ovulation ne se faisait pas naturellement. Et n’oubliez pas que dans 1/3 des cas, c’est une anomalie des spermatozoïdes qui est la cause de l’absence de grossesse ! ! !
A RETENIR : avant de se soumettre un traitement pour être enceinte, il vaut mieux s’assurer qu’on a vraiment un problème de fertilité.
Certains gynécologues disent qu’il faut se dépêcher d’avoir des enfants avant 35 ans parce qu’après, c’est foutu... Est-ce vrai ?
Non, c’est du terrorisme. Une femme peut être enceinte jusqu’à l’âge de la ménopause (date où les ovulations s’arrêtent naturellement), qui est de plus en plus tardif (autour de 50 ans, actuellement). Cela dit, la probabilité d’être enceinte dépend de la fécondité initiale de la femme et du couple, et elle diminue avec l’âge. La fécondité baisse de 30 % après 35 ans. De 50 % après 40 ans. Mais après 40 ans, la fécondité n’est pas inexistante. Cela étant, je pense personnellement que, de la part d’un médecin, pousser les femmes à avoir un enfant « parce que, plus tard elles ne pourront pas », c’est non seulement du terrorisme, mais une manière scandaleuse de se mêler de ce qui ne le regarde pas.
Vous ne tolèreriez pas qu’un médecin vous dise que votre conjoint ne lui plaît pas ? Vous n’avez pas non plus à tolérer qu’il émette un jugement sur l’âge où vous décidez d’être enceinte.
A RETENIR : Même si c’est un peu moins facile qu’à 25 ans, on peut parfaitement être enceinte après 35 ans, quoi qu’en disent les médecins. Mais il faut attendre plus longtemps qu’à 25 ans...
Pourquoi a-t-on du mal à avoir des enfants ?
Quelques chiffres :
- Une femme dont le cycle est de 28 jours ovule 12 à 14 fois par an, mais chaque ovocyte vit 24 heures. Donc, une femme n’est fécondable que 14 jours par an...
- tous les ovocytes qu’une femme fabrique ne sont pas aptes à produire une grossesse viable (c’est pour ça qu’on peut rarement être enceinte du premier coup, le mois où on le décide)
- environ 90 % des couples qui arrêtent une contraception (quelle que soit la contraception) mettent une grossesse en route dans l’année qui suit. Au bout de 2 ans, 95% des couples ont commencé une grossesse.
- un couple parfaitement fertile a seulement une chance sur trois (33%) de faire démarrer une grossesse dès le premier mois d’essai. Ce qui veut dire que pour 2 couples fertiles sur 3, la grossesse ne commencera pas le premier mois ! ! ! Parmi les couples ayant une fertilité normale, 5 à 10% mettent plus d’un an à mettre une grossesse en route !
- on considère qu’il y a un problème de fécondité dans le couple s’il n’y a pas de grossesse au bout de 2 ans de rapports sexuels réguliers (au moins deux fois par semaine).
A RETENIR : avant de faire des bilans de stérilité, patientez au moins deux ans...
Martin Winckler
Si vous voulez en savoir plus :
La rubrique contraception comprend de nombreux articles décrivant les effets et le choix d’une pilule contraceptive, et en particulier :
– La pilule, comment la prendre, et que faire quand on l’oublie ?
ou encore :
– Comment s’y retrouver parmi toutes ces pilules ?
L’article sur les règles :
– Les règles : en avoir ou pas ?
est lui aussi souvent consulté ainsi qu’un article plus spécifiquement destiné aux femmes qui, après avoir arrêté leur pilule (ou une autre contraception), s’inquiètent de ne pas être enceintes tout de suite :
– J’ai arrêté ma contraception et je ne suis toujours pas enceinte, que se passe-t-il ?
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