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"Les Trois Médecins" : un roman d’aventures et de formation (médicale)
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L’hostilité imbécile de certain(e)s pharmacien(ne)s...
par Charlotte
Article du 26 septembre 2005

Un soignant est un soignant. Ce n’est pas une question de diplôme ou de statut, c’est une question d’attitude. Un pharmacien peut, comme un médecin, être un soignant ou une brute bornée. Beaucoup de pharmaciens sont de vrais soignants, qui rendent d’infinis services à leurs patients alors même que leurs conditions d’exercice (et le mépris des médecins) leur rend la tâche difficile. .Dans le texte qui suit, Charlotte nous parle de l’autre catégorie.

MW.


Mon amie Marianne utilise le subutex depuis quelques années. Le subutex, c’est un substitutif à l’héroïne qui a permis à des dizaines de milliers de toxicomanes de décrocher en douceur de l’héroïne tout en retrouvant des conditions de vie décentes, et par là même améliorer leur insertion sociale et professionnelle.

Marianne a consommé de l’héroïne pendant trois ou quatre ans. Elle n’était pas ce qu’on appelle une « junkie », archétype que nous servent un peu trop souvent les média. On peut être héroïnomane et ne pas en avoir l’air (pour les moins concernés car pour nous, ses proches, elle n’était plus la même ; mais ça, c’est une autre histoire). Marianne faisait partie de ceux-là.

Elle a décidé de prendre du subutex voyant dans ce médicament une promesse de sevrage doux. Et ça a bien fonctionné. Elle réduit petit à petit le dosage quotidien et même si elle peine encore à envisager l’arrêt définitif de ce médicament, elle est sur la bonne voie.

Son médecin, lui prescrit régulièrement X boîtes pour deux mois. Il fait le point avec elle de ses besoins, lui demande où elle en est. Tout ce passe très bien.
Le problème est qu’à la pharmacie, elle se heurte régulièrement au comportement désobligeant de certains pharmaciens.

Il y a ceux qui ne lui adressent pas la parole et qui ne la regarde pas. Ils s’exécutent froidement.

Il y a ceux qui cherchent la petite bête, demandent à vérifier l’adresse, la date de la dernière prescription...

Il y a ceux qui prennent leur temps qui rappellent haut et fort devant les clients présents dans l’officine et lorsque les boîtes sont sur le comptoir bien en évidence, la posologie de ce médicament en sachant très bien qu’il n’est plus du tout utile de le lui rappeler.

Il y a ceux qui sont ouvertement désagréables avec elle. Qui arrivent de l’arrière boutique les boîtes à la main et les posent brutalement sur le comptoir qui vont chicaner parce qu’elle est venue avec un jour d’avance et que « je vous rappelle que ce sont des stupéfiants !!! », qui vont fourrer tout ça dans un sac et presque balancer à la figure la carte vitale.

On sait que le subutex est un stupéfiant, que les accros à la seringue se l’injecte, qu’on deale le subutex. Il y a danger et bien sûr il faut faire attention aux dérives. Mais cela signifie-t-il qu’il faut humilier, infantiliser, agresser ses utilisateurs ?

Si on reçoit de cette manière ceux qui ont décroché, comment reçoit-on ceux qui sont encore dedans et qui veulent acheter un matériel neuf et stérile ?

Comment est-on reçu lorsque l’on vient acheter des seringues ? Je n’ose l’imaginer.

Pour qui se prennent ces donneurs de leçons ? Ont-ils le droit de manifester leur opinion sur la question des substitutifs ?

Ne représentent-ils pas ainsi un danger pour ceux qui n’oseront plus se fournir dans leur pharmacie et qui finiront peut-être par prendre des risques ou utiliser les « marchés parallèles » pour ne pas avoir à affronter un regard désapprobateur ou un comportement offensant ?

Comment retrouver une bonne image de soi, chose essentielle à la reconstruction, lorsque l’on est renvoyé à celle d’un vulgaire drogué qui ne mérite pas qu’on cotise pour lui.

Samedi, Marianne a subi une fois de plus une pharmacienne. Elle en a vraiment marre.

Pour information, et parce que je suis très fière d’elle, Marianne a intégré à 34 ans l’école d’infirmière. Elle est aujourd’hui en seconde année. Elle est forte de son expérience et aborde sa future profession avec humilité et humanité.

Charlotte

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