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"Les Trois Médecins" : un roman d’aventures et de formation (médicale)
Les médecins, les patients, et tout ce qui s’ensuit... > Soignants en formation, soignants en souffrance >

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Il y a vingt ans, j’ai raté l’internat de Paris... (27.02.04)
par Bruno S.
Article du 28 février 2004

Il y a 20 ans juste, nous écrit Bruno S., j’ai raté l’internat de Paris. Et je m’en fous complètement...

J’aime beaucoup son texte. Il a le mérite d’écrire en peu de mots un sentiment que partagent beaucoup de généralistes, mais qu’expriment peu de spécialistes. Mais Bruno S. n’est pas un spécialiste tout à fait comme les autres. Merci Bruno, pour ce beau texte.

Mar(c)tin


Il y a 20 ans juste, j’ai raté l’internat de Paris. Et je m’en fous complètement...

Pourtant, le jour où j’ai pris connaissance des résultats, le monde a semblé alors s’effondrer sous moi : je ne ferais pas partie de ce corps d’élite les " IHP ", internes des hôpitaux de Paris, corps qui constituait (disait-on) la seule voie de réussite possible, hors de laquelle, on ne peut avoir aucune estime de ses pairs, voire des patients !

Je me suis donc retrouvé interne en province, ô comble de l’ironie dans une ville de faculté dont la première lettre est aussi un P, avec un sentiment d’échec profond, de ne pas mériter mon titre d’interne, de l’usurper, même quand l’infirmière m’appelait " Mr l’interne " avec une déférence toute provinciale.

Il faut dire que lors de ma première visite d’interne, je voyais par la fenêtre, des champs et des vaches et que parfois je ne comprenais pas ce que les patients me disaient en patois local.

Lors de mon premier déjeuner à l’internat, le collègue - c’est comme ça qu’on s’appelle entre internes, sinon on dit "confrère" - assis en face de moi me demande : " T’es d’où ? " "... De Paris ! ", " Mais non ! De quelle fac ? Moi je suis de Larib et lui, là de Saint-Antoine ". J’ai compris que je n’étais pas le seul " raté "...

Pendant, toutes mes études, l’ambiance, la politique (?) de nos enseignants, patrons de CHU a été de nous faire croire, dans les services, que le seul moyen correct de faire un médecin était de préparer et de réussir ce concours et que surtout faire de la médecine générale était un pis-aller, voire une infamie !

Je me souviens que, lors de mon premier stage, un MG venu voir un de ses patients un matin attendait patiemment au début du couloir la fin de la visite de l’interne (un bel et fringant IHP). Celui-ci, ayant été prévenu, me dit à moi, étudiant d’à peine 4ème année, débutant dans l’apprentissage des pathologies, " Tiens, t’as qu’as y aller, toi, lui donner des nouvelles ! ! ! ".

Depuis plus de 15 ans d’installation, j’ai croisé nombre de " MG " bien dans leurs baskets, épanouis dans leur boulot, compétents, bien formés (malheureusement surtout auto-formés) dont nombre constituent mes amis, proches et très proches.
J’ai croisé aussi des " collègues " suffisants, dont la compétence n’était pas réactualisée...

J’ai retiré " Ancien Interne " de ma plaque et je ferais bien suivre ma spécialité (cardiologue) de la mention " de famille "... Mais j’ai encore peur que tout le monde ne comprenne pas !

Bruno S., cardiologue de famille (1)

(1) Tu peux, Bruno, tu peux... (M.W.)

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