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Faut-il avoir une dent contre le fluor ?
Odyssée - 19 Mai 2003
Article du 29 mars 2006

A la suite de ma chronique sur les médicaments, de nombreux parents se sont inquiétés : faut-il ou non donner du fluor aux nourrissons ? Toute l’histoire du fluor en France est racontée en détail dans l’excellent livre de Christian Lehmann, Patients, si vous saviez..., que je considère comme l’équivalent vécu de La maladie de Sachs. En voici les grandes lignes.

Le fluor a d’abord été proposé au milieu des années 80 pour prévenir les fractures osseuses chez les femmes ménopausées. Il a été interdit en 1990 aux Etats-Unis et en 1998 en France car on avait constaté qu’il augmentait la fréquence des fractures de vertèbres.

Et pour les dents, alors ? Eh bien, le fluor est présent dans la nature, en quantités variable dans l’eau potable. Après avoir observé que la fréquence des caries était inversement proportionnelle à l’absorption de fluor, certains pays en ont rajouté dans l’eau de boisson. En France, on a choisi au début des années 80 de donner du fluor en goutes ou en comprimés aux femmes enceintes et aux bébés.

Mais en 1996, deux conférences de consensus - c’est à dire des conférences d’experts indépendants de l’industrie pharmaceutique - ont remis en question l’apport de fluor, d’une part parce que son action s’exerce surtout au contact des dents déjà en place, et non sur les dents en formation, et d’autre part parce que dans les pays où on rajoute du fluor dans l’eau, les dents des enfants deviennent grises de manière irréversible par surdosage en fluor.

Les conclusions de ces conférences d’experts sont claires et, en août 2000, la CNAM et l’Union française des soins bucco-dentaires ont publié une brochure officielle indiquant non moins clairement qu’avant l’âge de 3 ans, la prise systématique de comprimés ou de gouttes de fluor n’est pas conseillée, pas plus que la prescription à la femme enceinte. Après l’âge de 3 ans, l’utilisation d’un dentifrice au fluor ou d’un sel de table fluoré peut être conseillée chez les enfants à risque c’est à dire ceux qui mangent beaucoup de sucreries.

Pourquoi, alors que des directives officielles le déconseillent, les médecins français continuent-ils à prescrire du fluor aux femmes enceintes et aux nouveaux-nés ? Parce que l’information n’est pas bien relayée. Rappelons que la principale source d’information des médecins est la « visite médicale », autrement dit la présentation aux médecins des médicaments par les représentants de leur fabriquant...
Pendant ce temps, les laboratoires français qui commercialisant le fluor fabriquent, par exemple, des médicaments contenant de la vitamine D (utile pour fixer le calcium dans les os) ET du fluor.

La nécessité d’apporter aux prescripteurs une information totalement indépendante de l’industrie pharmaceutique est chaque jour plus grande. Ainsi, j’ai appris hier que les activités du FOPIM, Fonds pour la Promotion de l’Information sur le Médicament, structure créée par décret en 2001 pour fournir aux professionnels de santé une information indépendante et fiable, ont été suspendues sine die.

Le FOPIM préparait en particulier un bulletin mensuel, qui aurait été adressé à tous les médecins français, et qui décortiquait, entre autres, les publicités diffusées par les laboratoires, comme le fait depuis bientôt vingt ans la revue Prescrire - qui n’a jamais, soit dit en passant - été poursuivie pour diffamation...

Objectivement, comme le montre l’exemple du fluor, l’industrie n’a pas vraiment intérêt à ce que des informations fiables parviennent aux médecins, et en particulier aux médecins généralistes, et certaines campagnes de promotion de médicaments (je vous renvoie à la revue Prescrire qui, chaque moi, passe la publicité médicamenteuse à la loupe) peuvent être assimilées à de l’intoxication. Le seul problème (certains parleraient de « détail ») c’est que, quand on intoxique les médecins, on intoxique aussi les citoyens...

À lire :
Christian Lehmann, Patients, si vous saviez, Ed. Robert Laffont, 2003.

Les recommandations en France :
(http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/fluor/sommaire.htm) qui vont jusqu’à donner la liste des médicaments contenant du fluor (on ne leur en demande pas tant)

À comparer avec ce qu’on fait au Canada :
http://www.santepub-mtl.qc.ca/Dentaire/fluor/fluor.html

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