Je n’ai pas (encore) d’enfant. Puis-je utiliser un DIU ("stérilet") ?
10 décembre 2013
article révisé et complété le 10.12.2013
Les femmes sans enfant peuvent utiliser un DIU (au Cu ou hormonal), quel que soit leur âge. Ce n’est pas une opinion personnelle, c’est une recommandation scientifique internationale. Les médecins français qui refusent un DIU aux femmes qui n’ont pas d’enfant, qu’elles aient 17 ou 37 ans, commettent une faute professionnelle. Je ne devrais pas avoir besoin de republier ce texte, mais je le fais parce qu’on me pose encore des questions à ce sujet. Le voici mis à jour avec des liens récents à l’appui de ce qui devrait être une évidence et une règle de bonne pratique, mais qui est encore un obstacle à l’accès de toutes les contraceptions par les femmes françaises qui le désirent.
La lutte continue.
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Certains gynécologues français s’efforcent de réhabiliter les DIU
7 juillet 2005
Il y a deux manières d’exercer la médecine : la première consiste à penser qu’on sait mieux que les patient(e)s ce qui est bon pour eux ou elles ; la seconde consiste à partager ce qu’on sait avec ceux et celles qui nous confient leur inquiétude, leur maladie ou leur souffrance, afin de leur permettre de vivre leur vie ou leur maladie au mieux. Bref, ce n’est pas le diplôme ou la renommée qui, à mon humble avis, fait la qualité du médecin, c’est son attitude vis-à-vis d’autrui.
Cette distinction que certains trouveront peut-être "manichéenne" (c’est leur droit) est pour ainsi dire mon seul critère pour qualifier un "bon" ou un "mauvais" praticien.
Je m’appuie en effet sur une idée simple et de bon sens : un diabétologue compétent est celui dont l’objectif est d’aider le patient diabétique à soigner son diabète de la manière la plus autonome possible ; aucun diabétique n’accepterait que son médecin lui dise : "Je ne veux pas que vous vous injectiez l’insuline vous-même, vous le feriez moins bien qu’un médecin ".
De même, il est inacceptable que des médecins disent ou laissent entendre à des femmes jeunes, en bonne santé et dont le niveau d’éducation est chaque jour meilleur, qu’elles sont inaptes à, ou incapables de choisir leur contraception, de comprendre leur mode d’action, ou de décider s’il est bon pour elles d’avoir ou non des enfants au moment où elles le décident.
Contrairement à ce que certains peuvent penser, je ne suis pas "anti-gynécologue", et je ne pense pas que tou(te)s les gynécologues sont incompétent(e)s. Je suis seulement (?!) très critique avec celles et ceux qui refusent aux femmes de choisir les méthodes contraceptives qui leur conviennent, que ce soit par ignorance, par indifférence ou par crainte. Et force m’est de constater, en écoutant ou en lisant ce que racontent les femmes (dans les secteurs où j’exerce ou ai exercés, mais aussi celles qui écrivent à ce site), les médecins (gynécologues ou généralistes) incompétents, timorés ou carrément autoritaires, il y en a beaucoup trop en France. Or, les utilisatrices potentielles de DIU sont encore aujourd’hui celles qui font le plus souvent les frais de ce genre d’attitude.
Mais quand des médecins, gynécologues ou généralistes, tentent de battre les idées reçues en brèche, je suis heureux de souligner la qualité de leur travail... car en ce domaine, les efforts conjugués sont beaucoup plus efficaces que les efforts isolés.
Le 17 juin 2005, j’ai reçu via le site "Gyneweb" (un site français de gynécologues en partie ouvert au public) un lien vers un compte-rendu du 4e congrès de la société francophone de contraception. Ce compte-rendu faisait la part belle aux déclarations de David Serfaty, spécialiste français de la contraception, et visant à lever tous les doutes et tous les préjugés dont souffre le DIU en France. En voici des extraits choisis, car le texte n’est pas encore disponible sur la partie "grand public" du site Gyneweb.
Je ne suis pas d’accord avec tout ce qui est publié sur le site Gyneweb, ni avec tous les points de vue qui s’y expriment. Mais, en l’occurrence, je souscris pleinement à l’effort que font les animateurs de ce site pour diffuser ces informations à leurs membres. Tout ce qui va dans le sens d’une plus grande liberté de choix des femmes, et de la lutte contre les préjugés et les idées reçues sur la contraception, à l’intérieur même de la profession médicale, ne peut qu’être bénéfique pour tous - médecins et patient(e)s.
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Ethique
LE DIU est-il abortif ?
par Jérôme et Martin Winckler - 1er avril 2005
A la lecture de mes articles sur les DIU, un visiteur du site, Jérôme, me pose les questions suivantes, concernant leur mode d’action contraceptif :
(en illustrations superposées, le TT 380, DIU au cuivre de référence et le DIU hormonal Mirena)
Bonjour,
merci pour votre site/émissions aussi ouverts qu’utiles.
Voici une question peut etre délicate :
D’un point de vue éthique, un DIU revient-t-il à un ’micro-avortement’ chaque mois puisque, pour autant que je puisse en juger, il s’agit de systématiquement empêcher la nidation d’un embryon après sa conception ?
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C’est désormais officiel en France : le DIU ("stérilet") n’est pas "réservé aux femmes ayant eu des enfants" ! ! !
Les recommandations de la HAS (anciennement ANAES), 7 décembre 2004 - 21 décembre 2004
La HAS (Haute Autorité de Santé)->http://www.has-sante.fr/] vient de publier ses recommandations pour le choix des méthodes contraceptives par la femme.
Téléchargez le rapport de la HAS
Toutes ces recommandations sont très importantes, car elles constituent, pour la première fois, un document médical OFFICIEL qui permettra aux femmes de demander aux médecins la contraception qui leur convient - et non celle qui convient au médecin.
Je suis heureux, pour ma part, que les choses avancent, pour le plus grand bien des femmes. Il est temps que les médecins suivent. Et pour qu’ils suivent, il faut leur communiquer l’information.
Je publie ci-dessous les principales recommandations, mais vous pouvez télécharger l’intégralité du document. Imprimez-le, apportez-le à votre médecin. Ce sont des recommandations officielles. Il DOIT s’y conformer.
Martin Winckler
Lire une excellente synthèse sur le DIU sur le site "Doctissimo"
Lire l’intégralité du rapport de la HAS
Lire l’intégralité des recommandations de la HAS
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DIU et nullipares : les gynécologues français auraient-ils raison ?
un échange de courrier - 27 juillet 2004
Ce site est un site de débat, et Madame B. l’a bien compris, puisqu’elle m’interpelle, article scientifique à l’appui, sur le fait de prôner la pose des DIU (dispositifs intra-utérins) aux nullipares (femmes n’ayant jamais eu d’enfant).
Je reproduis ici sa lettre et ma réponse, et la remercie de contribuer ainsi à la confrontation des idées.
Depuis cet échange, la publication en décembre 2004 des recommandations de l’ANAES, très sérieuse agence de santé française, est venue confirmer que les médecins français étaient très en retard sur le reste de la communauté internationale, et recommande désormais officiellement que le DIU soit considéré comme une première contraception possible pour toutes les femmes, qu’elles aient ou non des enfants. Lire l’article sur les recommandations de l’ANAES
MW.
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Pour savoir ce que font les généralistes britanniques dans le même cas cliquez sur ce lien
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