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Grippe A/H1N1 : En France, la Revue Prescrire appelle à garder son sang-froid.
Par Marc Zaffran (Martin Winckler)

21 octobre 2009

Alors que les discours alarmistes ne s’atténuent ni dans les médias ni dans la bouche des gouvernants français, la très respectée "Revue Prescrire", publication médicale entièrement indépendante des institutions et de l’industrie, fait le point de ce qu’on sait sur la grippe A/H1N1 dans son numéro d’Octobre 2009. Et nous apprend que tous les vaccins fabriqués pour vacciner contre cette grippe d’importance "similaire à une grippe saisonnière" ne se valent pas...



Dans un des articles d’accès libre mis en ligne sur son site, Prescrire commence par nous rassurer : la grippe A est d’intensité modérée, et ses complications (décès inclus) sont comparables à la grippe saisonnière qu’elle a supplantée depuis le printemps.

Quelques extraits :

Ne pas surestimer la gravité clinique de la grippe H1N1.

"(...) Certaines estimations de mortalité liée à la grippe H1N1 ont été fondées sur le ratio du nombre de décès recensés sur le nombre de cas de grippe A/H1N1 (ou H1N1v pour variant H1N1) notifiés : il y a eu environ 1 décès pour 2 000 cas notifiés aux États-Unis d’Amérique et en Europe. Mais un tel calcul surestime fortement la gravité. En fait, le nombre de personnes réellement infectées est très supérieur au nombre de cas notifiés aux autorités sanitaires. De plus, les décès sont parfois comptabilisés comme liés à cette infection dès lors que le virus est présent, sans analyse de sa réelle contribution au décès.
(...)


Affluence chez les médecins généralistes :
forte, mais pas exceptionnelle. En Nouvelle-Zélande, selon une enquête auprès de la population générale, seulement environ 5 % des patients symptomatiques ont consulté un médecin généraliste. Au pic de la vague épidémique néo-zélandaise, les consultations pour syndrome grippal ont été environ 3 à 4 fois plus fréquentes que lors des épidémies hivernales de 2007 et de 2008.
En Australie, le pic de consultations a été similaire aux pics observés lors des épidémies saisonnières particulièrement actives de 2003 et de 2007.


Mêmes facteurs de risque de complication que la grippe saisonnière.

Diverses situations cliniques ont semblé associées à un risque accru d’hospitalisation : grossesse, diabète, maladie respiratoire ou cardiaque sévère, immunodépression. Ces situations cliniques sont aussi des facteurs de risque de complication lors des épidémies hivernales de grippe saisonnière. Aux États-Unis d’Amérique, environ 80 % des décès liés au H1N1v sont survenus chez des personnes ayant des facteurs de complication connus pour la grippe saisonnière.
(...)

Troisième trimestre de grossesse. Par rapport à la population générale, un risque accru de décès lié au H1N1v a été mis en évidence chez les femmes enceintes, au cours du 3e trimestre de grossesse. Aux États-Unis d’Amérique, d’avril à juin 2009, 13 % des 45 décès sont survenus chez des femmes enceintes alors que 0,62 % des cas de H1N1v notifiés, confirmés ou probables, sont survenus chez des femmes enceintes. Le risque d’hospitalisation est apparu environ 4 fois plus élevé chez les femmes enceintes que dans la population générale. La marge d’incertitude autour de ces taux est grande, car cette analyse a porté sur seulement 6 décès chez des femmes enceintes, dont 2 avec d’autres facteurs de risque. Cependant, bien que plus élevé que dans la population générale, le risque de décès est malgré tout faible en valeur absolue chez les femmes enceintes.

Plus de 65 ans : moins de grippes, plus d’hospitalisations. En comparaison aux personnes plus jeunes, peu de cas de grippe H1N1v ont été recensés chez les personnes âgées de plus de 65 ans.
Cependant, en cas de grippe symptomatique, les hospitalisations ont été fréquentes chez les personnes âgées de plus de 65 ans, comme lors des grippes saisonnières. (...)


Nourrissons : grippes et hospitalisations fréquentes.
Comme pour la grippe saisonnière, en cas de grippe symptomatique H1N1v, les hospitalisations ont été fréquentes chez les nourrissons, en comparaison à la population générale.

Adultes jeunes en bonne santé : des décès exceptionnels. De par le monde, quelques décès liés au H1N1v ont été signalés chez des adultes sans facteur de complications : environ 20 % des décès aux États-Unis d’Amérique. Autrement dit, même chez les personnes bien portantes un risque de décès existe, mais il apparaît extrêmement faible.

Gare à la démesure des actions préventives. Quatre mois après le début de l’épidémie devenue pandémique, les données sont convergentes pour estimer que la grippe A/H1N1 de 2009 (H1N1v) est de gravité clinique voisine de celle de certaines épidémies intenses de grippe saisonnière.
(...) la gravité clinique modérée de la grippe H1N1v est un élément fondamental pour déterminer la balance bénéfices-risques des actions de prévention. Gare aux actions préventives aux conséquences démesurées : par exemple une trop large utilisation des antiviraux, une utilisation indiscriminée de vaccins trop peu évalués, des mesures coercitives injustifiées."

J’engage tous les médecins qui seraient encore inquiets à consulter le site de la revue Prescrire.

Ils pourront y lire, outre l’intégrale du texte ci-dessus, un article comparant les avantages et inconvénients des divers vaccins mis au point pour lutter contre la pandémie.

Dr Marc Zaffran (Martin Winckler)

P.S.

Lire aussi : "Grippe : En Espagne et en Angleterre, les médecins rassurent la population. Et en France ?"




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