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Pourquoi utilise-t-on tant Minesse et Mélodia chez les adolescentes ? (Contraception : Questions/Réponses 79)

29 juin 2006


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Les sujets abordés cette semaine :
- Pourquoi utilise-t-on tant Minesse et Mélodia chez les adolescentes ?
- Changement de pilule Minesse -> Cérazette : quel délai pour être protégée ?
- DIU Mirena et prise de poids
- Fissure vaginale qui ne guérit pas
- Retard de règles sans grossesse
- Les IVG sont-elles multipliées par le désir de perfection des parents ?
- Enchaîner les plaquettes en cas de migraine la semaine des règles
- Allaitement long : passer de Cérazette au DIU ?

- Pourquoi utilise-t-on tant Minesse et Mélodia chez les adolescentes ?

Je suis étudiant sage-femme à Amiens, je vous avais écrit il y a environ 2 ans.
Je viens de passer en stage en planning familial et j’étais assez surpris de voir autant de prescriptions de
Minesse et Mélodia aux jeunes femmes de moins de 18 ans.
L’argument du médecin est que ces pilules avec 28 comprimés préviennent les oublis de reprise après pause principalement mais aussi qu’elles ont une efficacité comparable aux autres OP à 20 ou 30 gamma d’EE. Après quelques recherches je leur ai trouvé un indice de Pearl corrigé de 0,06, donc sur le papier comparables aux autres pilules minidosées.
J’ai posé la question du risque comparé en cas d’oubli, et là encore la réponse a été : "comme les autres pilules minidosées"

Or, j’avais quand même en tête mes lectures de "Contraceptions, Mode d’Emploi" et sur votre site :

Certes, les pilules combinées à 15 ou 20 µg d’EE contiennent aussi un progestatif, mais il est lui aussi en moins grande quantité que celui des pilules à 30-40 µg ! ! ! En diminuant les doses des deux hormones, on réduit leur efficacité séparément et ensemble. [...]
À l’heure actuelle je déconseille aux femmes de moins de 25 ans d’utiliser des pilules à 15 ou 20 µg. Les deux exceptions sont (peut-être) Minesse (15 µg) et Mélodia (15 µg) qui ont pour particularité de se prendre 24 jours d’affilée, suivis par 4 comprimés placebo (blancs), ce qui équivaut à 4 jours sans pilule seulement.

Ma question est donc la suivante : sans antécédent de grossesse sous pilule, existe-t-il des études sur l’efficacité des pilules à 15 ou 20 gamma prouvant leur efficacité moindre ? Et en cas de retard de prise, la tolérance est-elle diminuée également ?
La logique voudrait que oui, mais on avait dit la même chose à l’époque de l’apparition des premières minidosées. Avez vous des références bibliographiques à me fournir pour ma curiosité personnelle ou est-ce que vos écrits sont des conclusion personnelles face à la pratique en planning/IVG ?

Je suis étudiant sage-femme, donc futur prescripteur de contraception dans le post partum, et dans un avenir proche, nous aurons aussi un droit de prescription chez toute femme en dehors de toute grossesse, droit de pose de DIU, d’implant. Les bonnes pratiques en contraception me semblent dans cette optique essentielles.
B.

Votre message me fait d’autant plus plaisir que je viens de participer à une réunion sur le thème de la prescription de la contraception avec les sages-femmes de mon département.

En fait, pour ce qui concerne votre question, malheureusement il n’y a pas d’études. Tout simplement parce qu’il est difficile d’étudier rétrospectivement les échecs de pilule dans la mesure où le doute sur la prise est toujours possible. Et il est non éthique de mettre des femmes sous pilule en observation rien que pour voir si une grossesse va survenir...

MAIS en pratique :
- j’ai croisé dans le service d’IVG un grand nombre de femmes qui juraient mordicus s’être retrouvées enceintes plusieurs fois sans oubli avec du Minidril ou Trinordiol ; or, il n’y a pas de raison de penser qu’elles aient menti à plusieurs reprises, surtout quand elles expliquaient avoir demandé aux médecins de leur prescrire une AUTRE pilule que celle-là... en vain, et s’être retrouvées enceinte malgré une prise spartiate

- les échappements ovulatoires sous pilule SANS OUBLI existent (ils ont été observés) et ce sont les autres effets contraceptifs (épaississement de la glaire, amincissement de l’endomètre) qui servent alors de "sécurité"

- s’ils existent avec des pilules à 30 µ, ils existent sûrement avec des pilules moins dosées - ce qui explique qu’on commercialise les 15 et 20 µ avec un arrêt de 4 jours et non 7 pour éviter les reprises ovulatoires à l’arrêt. Mais chez certaines femmes, un échappement PENDANT la prise est toujours possible, surtout chez les très jeunes femmes dont l’ovulation est très facile... et comme il n’est pas possible de prédire chez quelles femmes, on peut penser que ces échappements ovulations seront d’autant plus fréquent que la pilule contient moins d’estrogène...

Voilà pourquoi, en toute bonne logique, je ne prescris pas Minesse et Mélodia à des très jeunes femmes. Je préfère leur prescrire une pilule plus "établie" (Adépal, Minidril) pour plusieurs raisons (remboursement, fiabilité plus grande) et si j’ai des raisons de penser qu’elles peuvent l’oublier (ou si elles sont très inquiètes à l’idée d’une grossesse), je leur conseille une fenêtre d’arrêt de 4 jours ou même une prise en continu... Elles seront mieux protégées avec de l’Adépal qu’avec Minesse et Mélodia (même en cas d’oubli) et rien n’empêche de les faire passer à une autre pilule au bout de quelques année.

De plus, les arguments "cardio-vasculaires" - selon lesquels moins une pilule est dosée en estrogène, moins les risques sont grands - ne tiennent pas : statistiquement, les phlébites - quoique rares - sont statistiquement un peu plus fréquentes avec des pilules contenant des progestatifs de 3e génération (donc : Minesse, Mélodia, Cilest, Varnoline, et toutes les pilules "pour l’acné", en général) qu’avec les pilules contenant des progestatifs de 2e génération (Adépal, Minidril, Miniphase). Donc, même l’argument "protecteur" ne tient pas debout.

Si le blocage ovulatoire diminue avec la dose d’hormone (on sait que les pilules ne contenant qu’un progestatif à faible dose ne bloquent pas l’ovulation) et si il n’y a aucun argument cardiovasculaire pour prescrire des 15-20 µ, pourquoi les prescrire, alors ?

La raison pour laquelle on prescrit autant Minesse et Mélodia, sous prétexte que les jeunes femmes "l’oublieront moins" (ce sont toutes des écervelées, bien entendu !) est en réalité le résultat de l’efficacité du marketing pharmaceutique. La contraception est un marché. Pour conquérir des parts de marché, les fabricants commercialisent des "variantes" de pilule avec des arguments souvent sans fondement scientifique. Et les professionnels suivent sans discuter. D’où le succès de non-pilules comme Diane 35, d’une pilule à indication en principe limitée comme Jasmine ou des pilules à 15-20µ...


- Changement de pilule Minesse -> Cérazette : quel délai pour être protégée ?

Je prenais la pilule Minesse mais j’ai dû changer car j’avais des tensions aux seins, migraines... Ma gynécologue m’a prescrit Cérazette. Je l’ai donc prise le même jour où j’aurais normalement dû recommencer Minesse (c’est à dire mercredi 07 juin). Jeudi 08 juin j’ai eu un rapport non protégé avec mon copain et quand je suis rentrée j’ai un peu parlé avec ma colocataire qui m’a dit que j’ai un risque de tomber enceinte du fait que j’aurais dû mettre un préservatif durant 7 jours...
Je tiens à préciser que je n’ai jamais oublié un seul comprimé !
N.

Si vous n’oubliez jamais vos comprimés, il n’y avait pas de risque car il n’y a pas eu d’interruption entre les deux plaquettes de pilule. De ce fait, votre ovulation était toujours "endormie" par Minesse quand vous avez commencé Cérazette, qui est efficace très vite. Raisonnablement, vous n’avez pas de souci à vous faire.


- DIU Mirena et prise de poids

J’ai une question simple et vaste à la fois : est-il avéré que le DIU Mirena en particulier induise une prise de poids ? Est-il possible que la diffusion des hormones se fasse au-delà de la zone
locale (cad dans tout l’organisme) et perturbe le métabolisme au point de désinhiber les signes secondaires sexuels de la testostérone (recrudescence de la pilosité par ex.) ?
Y.

Oui, bien sûr, c’est possible. C’est moins fréquent (cela concerne moins d’utilisatrices) qu’avec les progestatifs en comprimés ou dans un implant, mais ça se voit, bien sûr. L’utérus est plus ou moins perméable, d’une personne à une autre, et tous ces symptômes peuvent se voir avec un Mirena.
S’ils surviennent, la solution la plus logique est d’opter pour un DIU au cuivre (TT380)

La principale différence qui me concerne entre Mirena et TT380, est que l’un supprime les règles, et pas l’autre, bien au contraire ? L’autre particularité est la diffusion d’hormones (mais d’une seule sorte, contrairement aux pilules habituellement prescrites qui en délivrent de deux sortes ?) Je crois savoir que les hormones diffusées par le stérilet Mirena ne sont pas celles qui normalement masquent les effets secondaires masculins (oestrogènes ? ou autres ?)
Ma préoccupation porte plutôt sur les équilibres entre hormones "mâle" et "femelle", qu’ils soient naturels et déréglés ou apportés chimiquement.

J’ai 46 ans, une fille de 13 ans, et j’ai pris la pilule pendant plus de 20 ans, jusqu’en 1998, toujours bien supportée. La dernière en date devait être une "mini pilule" classique avec prise sur 21 jours et non remboursée en 1998, dont je ne me rappelle plus le nom.

Je me suis fait poser un stérilet Mirena il y a 7 ans et demi, et j’en ai changé il y a 2 ans et demi, sur les conseils de ma gynécologue afin de diminuer fortement des règles qui étaient abondantes et irrégulières (avant la prise de la pilule), et parce qu’on ne le changeait que tous les 5 ans - beaucoup d’appréhension de ma part sur la pose et douleurs importantes au moment de la pose. Et également parce que je ne voulais plus continuer la pilule, qu’il m’arrivait d’oublier, que mon foie commençait à donner des signes de faiblesse - transaminases de plus en plus élevées, et par anxiété
par rapport à l’apport chimique sur le long terme. Je ne souhaitais plus d’autre enfant (après 38 ans), mon mari ayant lui-même 55 ans.

J’ai aussi pris beaucoup de poids (92 kg pour 1,67 m) - même avant de me faire poser un stérilet - principalement par manque d’activité physique, repas trop caloriques et grignotage, puisque mes résultats sanguins cholestérol et glycémie ou thyroïdien sont normaux. Certainement aussi en
raison de facteurs héréditaires d’obésité maternelle.

J’avais consulté une endocrinologue pour essayer de perdre du poids (du fait des facteurs héréditaires également d’AVC et de cancer du sein (mère), de diabète non insulino dépendant (père), soupçonnant également un dérèglement de mon métabolisme hormonal en raison de mon surpoids, du fait de l’apparition de poils plus foncés, plus abondants (je suis plutôt claire de peau et de cheveux). En l’absence de règles, je me demandais si je n’avais pas de signes avant-coureurs d’une ménopause précoce.

Elle m’avait dit ne pas pouvoir faire de dosage hormonal efficace, puisque je ne sais jamais où j’en suis de mon cycle. Elle m’avait dit que la prise de la pilule pouvait avoir masqué les effets secondaires de la testostérone, qui pourraient s’être révélés à l’arrêt de la pilule.
Le stérilet au cuivre est-il la solution dans mon cas ? Que me conseillez-vous ?
Y.

Encore une fois, la prise de poids et le développement de la pilosité peuvent tout à fait se voir avec les hormones contenues dans le Mirena. C’est variable d’une femme à une autre. La prise de poids est due au mode de vie, mais les hormones la favorisent. Avec un DIU au cuivre, vous éliminerez toute interférence hormonale, vous retrouverez votre équilibre propre, et cela peut (entre autres) vous aider à perdre du poids. L’inconvénient est que vous aurez des règles comme si vous n’aviez pas de contraception (le DIU au cuivre n’agit pas sur le cycle). Mais ce n’est pas forcément un gros inconvénient. De plus, cela vous permettra de savoir exactement quand vous entrerez dans la ménopause.


- Fissure vaginale qui ne guérit pas

Je viens de lire votre article sur la pilule Diane 35 car je la prends depuis 1997 (nous sommes en 2006) et cette dernière m’a été prescrite en première pilule comme moyen de contraception c’est pourquoi je suis interloquée en lisant cet article. Depuis à peu près 5 ans, je prends Holgyème, la générique de Diane 35 et j’ai quelques problèmes de santé depuis 5 mois que les 6 gynécologues que j’ai vu ne semblent pas pouvoir soigner ! Je souffre d’une fissure vaginale pour laquelle j’ai eu différents traitements locaux jusqu’à ce que l’on me fasse 2 points de suture sur cette fissure qui se trouve au niveau de la fourchette et ce sans anesthésie ! Mais depuis (c’était en mars) avec chaque rapport que j’ai avec mon ami la fissure s’ouvre de nouveau mais de façon superficielle.

Depuis 1 mois j’ai de nouveau 1 traitement local à base d’oestrogènes sous forme de pommade et 1 lubrifiant appelé Replens en cas de rapport. Cependant, je commence à désespérer que mon problème s’arrange car cela va bientôt faire 6 mois et en attendant, mon couple en pâtit car nous ne pouvons pas avoir de rapports sexuels réguliers (environ 1 rapport par mois), ce rapport se fait avec beaucoup d’appréhension de la part de nous 2 et je n’ai plus le moral du tout, je suis un peu « aigrie ». Merci de votre réponse car 1 gynécologue m’a dit que cela venait sûrement de ma pilule mais il ne me l’a pas changé, que dois-je faire ?
M.

Je suis assez perplexe de ce qu’on vous ait fait des points (sans anesthésie) sur une fissure vaginale... !!! Et sans anesthésie !!!
Est-ce que cette fissure a été traitée comme s’il s’agissait d’une mycose (parfois, les mycoses provoquent des fissures à répétition) ? Est-ce qu’on vous a prescrit tout simplement une pâte à l’eau (type Dermocuivre ou Aloplastine), que l’on applique sur la peau des bébés quand ils ont des fissures de ce type ? Je ne crois pas qu’à elle seule votre pilule puisse être responsable de cette fissure, il s’agit probablement d’un problème purement local. Mais à cet endroit là, tout contact est susceptible de la réveiller, bien sûr. Cela étant, le plus souvent, les traitements les plus simples de pommade antimycosique (pour traiter la mycose) + pâte à l’eau (pour faire cicatriser) sont les plus efficaces.


- Retard de règles sans grossesse

Il y a 4 mois, j’ai arrêté ma contraception orale, j’ai eu des saignements réguliers, puis irréguliers, abondants puis plus rien et saignements pendant/après les rapports sexuels avec mon conjoint.
Aujourd’hui, j’ai 3 semaines de retard, j’ai passée une échographie hier pour d’autres soucis de douleurs subites et fortes en bas du ventre et du dos avec un ventre gonflé, etc... et je ne suis pas enceinte, malgré tout j’ai une poitrine assez douloureuse et plus ferme me semble t-il (ou est-ce trop tôt pour voir quelque chose ?)
Bref, je ne sais plus quoi penser... j’ai entendu parler de ménopause à un âge avancé... cela se pourrait-il ? Combien de temps attendre ?
V.

Dieu merci, toutes les irrégularités du cycle ne sont pas synonymes de ménopause ! Un retard de règles peut être dû à un cycle sans ovulation (surtout si une échographie est négative) qui peut donner ce type de symptômes : seins tendus, gonflement dans le bas ventre. Le fait d’avoir des cycles irréguliers après pilule, c’est également fréquent (vous retrouvez le cycle que vous aviez avant de prendre la pilule). Il y a deux choses que vous ne me dites pas et qui me permettraient de vous en dire plus :
1° votre âge
2° si vous désiriez être enceinte (c’est ce que j’ai cru comprendre) et si c’est votre première grossesse...

Ma vie : j’ai 30 ans et oui je désirais être enceinte, je suis depuis 5 ans avec mon compagnon...mais depuis 1 mois notre couple ne se porte pas au mieux de sa forme...il est américain, je suis française, après un tour du monde de 14mois nous avons décidé en juillet 05 de nous
installer en Italie... il est dans une école de dessin, je suis graphic designer...mais je souhaite rentrer en France prochainement et lui veut rester ici continuer ses études alors c’est un peu compliqué tout ça...sinon, OUI, cela serait ma première grossesse.
V.

Tout ce qui influe sur l’humeur influe sur l’ovulation : les centres neurologiques des émotions sont contigus au centre neurologique de l’ovulation... Alors, si vous avez de temps à autre des retards de règles (sans grossesse), ça ne me paraît pas très étonnant. Mais à 30 ans, ça n’aura rien à voir avec une ménopause !


- Les IVG sont-elles multipliées par le désir de perfection des parents ?

Je viens de voir un reportage sur France 2 sur les IVG en Angleterre. Il parlait de la multiplication (X3 en un an) des IVG (médicamenteuses et autres) en raison (entre autre) d’une recherche de perfection des parents même si la malformation est opérable (ex : bec de lièvre ou sixième doigt et hop le bébé passe à la trappe). A votre avis, est ce une réalité ? Et si oui, observe t’on le même phénomène en France ?
R.

Que des futurs parents soient de plus en plus angoissés à l’idée d’avoir des enfants porteurs de malformation, ça ne m’étonne pas : rien n’est fait pour les rassurer. Et corriger une malformation ça peut coûter très cher (un bec de lièvre, ça ne menace pas la vie, mais c’est une chirurgie très lourde, qui dure des années). De plus, une malformation visible c’est une chose, mais symboliquement, ça perturbe beaucoup les parents, qui n’ont pas une attitude rationnelle : si l’enfant a une "petite" malformation visible (un doigt en plus), est-ce qu’il n’en a pas d’autres, invisibles (du comportement) qui ne se manifesteront que plus tard ?

Alors, plutôt que le "désir de perfection" (terme tout à fait français et qui me paraît insupportable de jugement de valeur), je pense que j’évoquerais plutôt la peur d’avoir un enfant malformé parce que (implicitement) mal conçu (par un désir imparfait, par un couple imparfait), et qu’on se sent incapable d’élever.

J’ai entendu beaucoup de femmes me donner des raisons invraisemblables pour interrompre une grossesse, et j’ai fini par comprendre que la raison affichée était RAREMENT la vraie. C’était souvent un prétexte, cachant une raison plus profonde et plus sombre. Et ces personnes préféraient qu’on les qualifie d’insensées ou d’insensibles plutôt que d’avoir à révéler leur vrai motif - qui pouvait être tout simplement que l’enfant n’était pas du père supposé, par exemple.

Ce sont surtout les peurs et failles profondes des futurs parents qui me paraissent en jeu, pas un "désir de perfection" qui ne peut exister que chez des obsessionnels pathologiques - et ceux-là ne sont pas nombreux. De plus, ils auraient plutôt tendance à se croire capables de tout réparer, et donc plutôt prêts à avoir un enfant même malformé pour le "parfaire" à coup de chirurgie (comme les mères qui forcent leurs mômes à devenir reine de beauté, ou les pères qui poussent leurs fils à devenir athlète de compétition)

Il n’y a aucune préparation au fait d’être parent, et nous sommes tellement soumis à notre propre expérience qu’on ne peut pas demander à tout le monde d’avoir une attitude rationnelle et surtout mature face à la naissance d’un enfant. En ce domaine, je pense que la faute incombe beaucoup plus à des sociétés qui n’aident pas leurs citoyens à s’interroger sur l’importance symbolique de mettre des enfants au monde - et qui, d’ailleurs, posent toujours comme valeur n°1 le fait d’en mettre au monde, comme si tout le monde était prêt et désireux de le faire. Parce que pour élever un enfant avec tous les risques que ça comporte, depuis la conception et ensuite chaque jour !!!, il faut beaucoup de force et de désir. Et il faut constituer un couple sacrément solide, qui a déjà résolu ses propres questions de rapport de force et de tolérance...

Cela dit, il faudrait savoir d’où F2 tient ses chiffres, s’il s’agit d’une enquête sérieuse, et qui l’a faite.
En France, il est impossible de dire ce qu’il en est, tout simplement parce que ça n’intéresse déjà pas les pouvoirs publics d’identifier les femmes qui recourent à l’IVG par accident pour le leur éviter. Alors, celles qui y recourent par angoisse des malformations...


- Enchaîner les plaquettes en cas de migraine la semaine des règles

Je prends Cycléane 30 depuis près de deux ans, et voilà six mois que pendant la semaine où je ne prends plus la pilule, j’ai de terribles migraines !! Rien ne les soulage, et c’est accompagné de déprime, intolérance à la lumière, au bruit, irritation... La totale quoi. Du coup, comme je sais d’avance que je vais passer une semaine horrible, j’enchaîne mes plaquettes. On m’a dit qu’à cause de ça je pouvais développer des kystes aux ovaires. Je sais que je dois aller consulter pour changer de pilule, mais j’aimerais savoir pourquoi j’ai eu ça, et si enchaîner les plaquettes était néfaste.
M.

En fait, non seulement vous faites bien d’enchaîner les plaquettes (ça supprime les migraines) mais ça empêche AUSSI les kystes ovariens, qui sont déclenchés par l’ovulation (et favorisés par les ARRETS) de pilule.
Donc, continuez comme ça. Si vous aviez un implant, ce serait comme si vous preniez la pilule en continu pendant 3 ans, alors vous voyez, vous ne risquez rien. Cela dit, si les migraines apparaissaient aussi PENDANT la prise, là il faudrait changer de pilule, et opter pour une pilule sans estrogène (Cérazette).

Mais en l’état actuel des choses, si vous avez moins de 35 ans, moins de 15 ans de tabac (ou si vous ne fumez pas) et aucun risque cardio-vasculaire (pas d’antécédent de phlébite ni chez vous ni chez une personne de votre famille), rien ne s’oppose à ce que vous preniez cette pilule en continu.


- Allaitement long : passer de Cérazette au DIU ?

J’allaite toujours mon fils de 18 mois et je suis sous Cérazette depuis les jours suivants l’accouchement.
Je commence à "saturer" au niveau de ce mode de contraception et ai eu quelques "frayeurs" en ressentant des tiraillements utérins assez semblables à ceux des débuts de grossesse. J’ai déjà 3 enfants et même si un 4ème n’est pas exclu, nous aimerions attendre.
Je n’ai pas encore eu de retour de couches à ce jour.
Je viens d’avoir un RV avec mon gynéco pour lui demander la pose d’un DIU. Il est OK mais m’a demandé d’arrêter d’allaiter pour pouvoir déclencher des règles et poser ainsi le DIU. Je lui ai demandé s’il ne pouvait pas le poser en l’absence de règles et m’a répondu que le col n’étant pas dilaté cela risquait d’être douloureux car trop étroit et n’éliminait pas un possible début de grossesse. Donc pas de pose à l’aveugle pour lui...

1) je n’ai pas envie d’arrêter d’allaiter juste parce que la pilule m’agace.
2) je suis à 2 ou 3 tétées par jour et je ne suis pas certaine que l’arrêt de
Cérazette si je continue à allaiter enclenche mon retour de couches.

Ma question est : n’y a-t-il aucun autre moyen contraceptif que la pilule ou le préservatif qui soit compatible avec l’allaitement et qui puisse prendre de relais de Cérazette si longtemps après l’accouchement (j’ai vu que vous préconisiez une pose de DIU 6 à 8 semaines après l’accouchement... bien trop loin pour moi).
P.

Il n’y a aucune (je dis AUCUNE) raison de ne pas vous poser un DIU pendant que vous prenez Cérazette. Et même toutes les raisons de la prendre jusqu’à la pose d’un DIU. Vous avez accouché 3 fois !!! : votre col est assez ouvert pour passer un DIU, quel que soit le moment du cycle ! Arrêter Cérazette pour "attendre vos règles", c’est attendre que vous ovuliez... et courir le risque d’une grossesse. Bref, c’est illogique. Quant à éliminer le risque d’une grossesse en cours, il suffit de faire un test urinaire (Ou une échographie, ce qu’il peut parfaitement faire aussi) le jour de la pose.
Continuez à allaiter, allez vous faire poser votre DIU. Prenez de l’ibuprofène 200 mg 2 comprimés deux heures avant la pose et tout ira bien. Ensuite, vous pourrez arrêter Cérazette.




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