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Le colonisateur a toujours raison !
par Paul Xize

2 décembre 2005

Je viens de voir aux infos que les députés UMP de l’assemblée nationale ont en majorité refusé l’abrogation d’un article de loi visant à positiver la colonisation française à l’école.

En gros, dès maintenant, les profs devront nous dire que la colonisation française, c’était bénéfique.

Je ne veux pas lancer un débat ou imposer mon avis, mais j’aimerais rappeller que l’école n’est pas censée juger l’histoire et ne doit donner que les faits pour permettre à l’élève de juger par lui-même.

Je considère donc cette loi comme un pur acte de propagande.

Paul Xize, 16 ans (classe de 1ère)


Pour en savoir plus sur cette belle page de l’histoire récente (et ancienne)

Article paru dans La Croix (28-11-2005)

Polémique sur la colonisation française

Le PS et le PCF veulent faire abroger un article de loi selon lequel les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif de la présence française outre-mer

« L’article 4 de la loi 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés est abrogé. » La proposition de loi qui sera examinée ce matin à l’Assemblée nationale, à la demande du groupe socialiste, tient en une seule phrase et un unique article. Elle suscite pourtant de vifs débats car elle rouvre le dossier brûlant de la colonisation, du rôle joué par la France dans ses anciennes possessions et de la façon dont cette période doit être aujourd’hui enseignée dans les écoles.

L’article de loi que le PS veut voir abroger était passé plutôt inaperçu lors de son introduction dans le texte. Amendée et sous-amendée, la version finale reprend la formulation proposée par le député UMP du Nord Christian Vanneste : « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord. »

À l’époque, le texte avait suscité de nombreuses réactions. Puis, les critiques avaient passé la Méditerranée, notamment en Algérie, où le président Abdelaziz Bouteflika fustigeait, en juin dernier, « une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme ».

Neuf mois après l’adoption définitive du texte, le PS entend donc revenir sur le sujet. En proposant, dans le cadre de sa « niche » parlementaire qui sera discutée ce matin, un texte demandant purement et simplement d’abroger le paragraphe contesté. « Il est incompréhensible que le Parlement dise l’Histoire, surtout quand les historiens sont loin d’avoir achevé leurs travaux », assure ainsi Jacques Floch, député socialiste de Loire-Atlantique qui figure parmi les premiers signataires du texte soutenu par l’ensemble du PS.

L’unanimité espérée est toutefois loin d’être acquise

Pour Jacques Floch, « l’amendement Vanneste » n’a que des désavantages. Il a d’abord le tort de vouloir « écrire une histoire officielle alors que cela ne se fait plus depuis la IIIe République ». Selon Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS, l’article incriminé est ainsi « une faute politique et une aberration éducative ».

Jacques Floch souligne aussi les « dégâts causés par l’amendement dans nos relations, notamment avec l’Algérie ». « Le texte met à mal l’amorce de la réconciliation commencée en 1999 lorsque j’avais fait voter un texte, adopté à l’unanimité, reconnaissant que ce qui s’était passé en Algérie était bien une guerre. »

Pour l’élu, lui-même ancien du contingent en Algérie, entre 1958 et 1960, « la France n’a évidemment pas à s’excuser d’avoir été une puissance coloniale. Mais elle doit en tirer les conséquences, dans ses rapports avec ces pays comme dans sa façon de regarder son passé ».

Uni sur le sujet, le PS recevra aussi le renfort des communistes. François Liberti, élu de l’Hérault, terre de repli de très nombreux pieds-noirs, estime d’ailleurs que la proposition du PS n’est qu’un début. Et voudrait revoir l’ensemble de la loi sur les rapatriés.

« Ce que demandent les rapatriés n’a rien à voir avec la loi qui a été votée. Ce qu’ils veulent, c’est une aide pour les laissés-pour-compte. Les trois lois de réparation ont grassement indemnisé les grands propriétaires fonciers ou les grands groupes pétroliers. Mais le petit peuple pied-noir, lui, n’a rien obtenu », assure l’élu communiste. Faute de pouvoir effacer toute la loi, le PCF défendra au moins l’abrogation de l’article 4 « pour en finir avec cette glorification de la colonisation », assène François Liberti.

Affichant son unité, la gauche espère même obtenir l’appui de la droite. Non pas pour la suppression pure et simple de l’amendement controversé, mais sur une position de compromis, qui dirait que l’histoire de la période mérite d’être enseignée. Sans en fixer le contenu. L’unanimité espérée est toutefois loin d’être acquise.

Lionel Luca estime qu’il s’agit d’une « tempête dans un verre d’eau »

Lionel Luca, député UMP et membre du conseil général des Alpes-Maritimes, oppose même, au nom de la majorité, un « refus net et clair » à toute idée de modifier l’« amendement Vanneste ». « Sur la forme, l’article peut peut-être prêter à discussion, mais sur le fond il n’y a aucune raison d’y revenir », explique le membre de la commission des affaires culturelles. Tout juste concède-t-il que la droite aurait pu être plus attentive « à sa rédaction afin de ne pas prêter le flan aux mauvaises interprétations ».

Dénonçant les « manœuvres médiocres de la gauche pour déformer l’intention de l’auteur », Lionel Luca invite en effet à « lire la phrase dans son entier » car, selon lui, « la reconnaissance de l’œuvre positive de la présence française outre-mer a pour but de ne pas oublier le sacrifice de tous les combattants de l’armée française issus de ces territoires ».

Allant plus loin, Lionel Luca dénonce également « la vindicte d’un président étranger, M. Bouteflika pour ne pas le nommer, qui va traumatiser encore plus nos compatriotes ayant mal vécu cette période et qui ont déjà le sentiment d’être maltraités par l’histoire officielle ».

Lui-même professeur d’histoire-géographie, il illustrera, mardi 29 novembre, à l’Assemblée nationale ce propos en s’appuyant sur les passages se rapportant à la fin de l’Algérie française d’un des livres d’histoire utilisé dans les établissements scolaires de sa circonscription.

« Cette tempête dans un verre d’eau, à l’origine de laquelle se trouve un petit groupe de pression, ne satisfait que les héritiers des anciens porteurs de valise du FLN », poursuit Lionel Luca. Visiblement très remonté contre l’actuel président algérien, le député souligne enfin qu’« aucune autre ancienne possession française n’a réagi ».

Concluant : « M. Bouteflika a lancé des attaques inadmissibles contre la France, mais il vient toujours se faire soigner chez nous. Par contre, ses compatriotes ne bénéficient plus des soins français. Il ne s’agit pas de contester ce qui a pu être négatif, mais il faut aussi reconnaître ce qui a été positif dans la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord. »

Laurent de BOISSIEU et Mathieu CASTAGNET

***

Repères

L’article contesté

L’article 4 de la loi portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés stipule :

« Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite.

Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit.

La coopération permettant la mise en relation des sources orales et écrites disponibles en France et à l’étranger est encouragée. »

Les réactions en Algérie

Le 6 juin 2005, à Alger, le FLN condamne la loi du 23 février qui « glorifie l’acte colonial ».

Le 29 juin, à Tlemcen, Abdelaziz Bouteflika affirme que la loi du 25 février représente « une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme ». Il qualifie le colonialisme d’« un des plus grands crimes contre l’humanité que l’histoire a connus ».

Le 7 juillet, les deux chambres du Parlement algérien condamnent par des déclarations de leur président la loi adoptée en France.




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