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Prescription de la pilule : une étudiante en pharmacie partage son expérience

30 octobre 2005

Je viens de lire l’article sur les examens à réaliser (enfin à ne pas réaliser en l’occurrence !) pour la prescription de pilule. Je suis extrêmement surprise. Quand j’ai pris la pilule pour la première fois à 17 ans, j’ai eu droit à tous les examens (TV, frottis, examen des seins) et notre médecin de famille m’a fait la grande faveur de ne les faire qu’après 6 mois de pilule. J’ai trouvé mon médecin un peu trop ravi de me palper les seins, mais c’est un autre problème. Bon j’en garde un très mauvais souvenir, j’ai trouvé ça très traumatisant et j’ai arrêté la pilule un an après plutôt que de recommencer ces examens. Suite à quoi j’ai eu droit à un long chapitre moralisateur sur les conséquences d’avoir un enfant à mon âge, etc...Passons.



Je ne suis pas tombé enceinte, et quelques années plus tard je rencontre mon second partenaire, avec qui je suis depuis 3 ans. Je reprends la pilule. Je vais chez un médecin généraliste. Je tombe sur la remplaçante. J’ai droit à un examen complet, à poil. Bon. La pilule m’est prescrite pour 6 mois. J’y retourne donc après 6 mois. Nouvelle remplaçante, qui me dit que c’est re-exam à poil ou je reviens dans un mois. Bon. Rebelote.

Je ne suis jamais retournée dans ce cabinet. Travaillant très régulièrement en pharmacie, j’achète ma pilule. Je culpabilisais pas mal de le faire, beaucoup moins après lecture de cet article. Je compte faire un frottis l’an prochain, ça va faire 3 ans que je n’en ai pas eu. J’espère trouver un gynécologue qui ne me fera pas revenir tous les 3 mois...Enfin ce qui est sûr, c’est que ma tension est bonne !!

J’ai aussi été un peu outrée de la façon de faire à l’hôpital ( j’ai passé 3 mois de stage en gynéco). Dès qu’une femme a des rapports, on estime qu’on peut lui faire un examen gynéco. Je ne trouve pas qu’il y ait un grand lien entre un rapport consenti avec quelqu’un qu’on a choisi et un examen franchement désagréable effectué par un inconnu.

Enfin je suis ravie d’avoir découvert ce blog. Et l’intrusion de ces médecins dans ma vie intime m’a convaincu d’avoir un accouchement le plus physiologique possible, ce qui me fait rêver d’un accouchement à la maison. (je ne suis pas enceinte). Je passe régulièrement pour une illuminée pour ça, mais je veux vivre mon accouchement et non le subir, et éviter toutes ces pratiques barbares qui semblent n’avoir pour but que la maîtrise de la capacité de reproduction des femmes par les hommes. (Ex : "le point du mari" lorsque l’on recoud une épisiotomie... Ou comment refaire souffrir pendant des mois une femme qui vient d’accoucher pour le plaisir de son mari... Pratique ahurissante !!)

Voilà, en tout cas je suis extrêmement contente d’avoir lu cet article. Je me sens moins "tarée" d’avoir mal vécu ces examens gynéco. Et j’ai des arguments pour éviter une partie des prochains !!!
R.

Le site est fait pour partager des expériences. La vôtre est très importante, car elle en dit long sur ce qu’on impose aux femmes. Votre réaction, consistant à ne plus prendre la pilule pour ne pas subir les examens imposés, est précisément l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de jeunes femmes n’utilisent pas de contraception : elles n’ont pas envie d’être tripotées ou humiliées systématiquement par les médecins qui les examinent.

Je reçois beaucoup d’adolescentes envoyées par leur mère qui leur a affirmé que je ne les embêterai pas et leur sourire de soulagement est toujours le même quand, après s’être assises très crispées sur la chaise, elles m’entendent dire que pour une prescription de pilule je n’ai absolument pas besoin de les examiner, seulement de leur poser certaines questions.
Combien de grossesses non désirées (et d’angoisses) pourrions-nous éviter en ayant simplement le respect le plus élémentaire pour ces jeunes femmes ?

Je ne trouve pas qu’il y ait un grand lien entre un rapport consenti avec quelqu’un qu’on a choisi et un examen franchement désagréable effectué par un inconnu.

Je suis bien d’accord avec vous, et si les médecins (et leurs étudiants) pouvaient entendre cette réflexion, nous avancerions beaucoup.

"Le point du mari" ? Où avez-vous entendu cette expression, et que désigne-t-elle exactement ? L’épisiotomie, en elle-même ? C’est la première fois que je l’entends, mais il existe tant de "spécificités régionales..." en matière de comportement médical, hélas...

Martin W.




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