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Réflexion sur l’euthanasie en France : de Jacques Ricot au Comité national d’Ethique
par Tony Lambert et Martin Winckler

1er juin 2005

A la suite de la lecture du texte de Hubert Doucet, Tony Lambert (médecin généraliste) m’écrit :

Jacques Ricot, prof de philo, a à peu près le même genre de reflexions qu’H Doucet. Il est français quand même.
Il a écrit sur la fin de vie et l’euthanasie aux editions ENSP.

Lire une page synthétisant les réflexions de Jacques Ricot à ce sujet



Cher Tony L.
Merci de cette info. Je ne voulais pas dire qu’on ne fait ou ne dit rien en France, mais que je n’avais jamais vu un colloque médical qui aborde ce type de sujet comme on le fait au Québec (et surtout, sans passion excessive) . Il est vrai que les Québecois ne sont pas fermés aux rencontres "transversales", où soignants, philosophes, écrivains, etc, partagent leurs réflexions sans hiérarchie. En France, en revanche...
MW

Il est vrai que ce genre de colloque manque. Il y a eu recemment comme tous les ans 2 jours d’éthique de la santé à la Catho à Lille. L’essentiel des participants, si ce n’est la totalité, étaient des soignants, sauf un des "prof" qui est philosophe.
Je me demande si le comité consultatif national d’éthique français est à ce point aussi multidisciplinaire qu’on le dit ou, s’il l’est, si la parole des non soignants a autant d’impact que celle des soignants. j’ai essayé d’en savoir plus lors d’un cours à la Catho avec un des membres du CCNE, je dois dire que la France semble effectivement miser davantage sur les médecins universitaires de "haut vol".

Tony Lambert

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Commentaire de M.W. :

En Belgique, en Suisse, on est bien plus pluridisciplinaire qu’en France. D’ailleurs, tous les pays développés le sont plus que la France, qui souffre de son organisation hiérarchique féodale et d’une absence d’ouverture assez confondante, mais proportionnelle à la vanité des "élites" qui affirment haut et fort que nous sommes toujours le pays des Lumières. Je me demande si nous l’avons jamais été et si ce "bâton de maréchal" culturel n’est pas plutôt une brillante illusion projetée par... le Roi-Soleil et ses successeurs (Louis XV et Napoléon, en particulier) et reprise par les gouvernants français depuis le début de la Ve République. [1]

La médecine n’échappe pas, dans sa hiérarchie, à ce problème. La multidisciplinarité exige en effet qu’on respecte les autres et qu’on les lise, et qu’on les écoute - bref, qu’on fasse preuve d’humilité. Je connais peu de Professeurs de médecine qui fassent preuve d’humilité dans leur carrière universitaire. D’ailleurs, en France les termes d’ "humilité" et de "carrière (universitaire ou médicale)" sont profondément antagonistes, sinon incompatibles...

Didier Sicard, président du CCNE, est un honnête homme, je le pense sincèrement pour l’avoir entendu parler à une assemblée de non-médecins, en des termes qui n’avaient rien d’universitaire et de supérieur. Mais quand on lit la liste des membres, on se demande pourquoi elle ne comprend aucun représentant d’associations de patients, par exemple... alors qu’on y trouve des sénateurs, des magistrats... Pas de "citoyen lambda" (alors que tout de même, c’est pour eux qu’il existe, le CCNE.

Et pourquoi tant de membres sont-ils choisis par le président de la république ? Et qui choisit les autres ? Et comment faire acte de candidature ? Etc.

Si la représentativité du public est aussi peu respectée, la multidisciplinarité est certainement secondaire dans l’esprit du CCNE... En France, on se préoccupe beaucoup plus de l’aura des membres d’une commission que de la convergence de leurs compétences.

A noter que l’avis du CCNE portant sur la fin de vie, l’arrêt de vie, l’euthanasie date de... 2000 (bien avant les remous provoqués par la situation de Vincent Humbert). La réflexion de Jacques Ricot mériterait d’être diffusée, car elle me semble bien plus claire (et humble) que celle du CCNE...

MW

P.S.

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Pour télécharger directement l’avis du Comité COnsultatif National d’Ethique sur la fin de vie, cliquez sur l’icône PDF ci-dessous.


[1(De Gaulle s’est défendu d’être un dictateur, lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1958, mais les textes satiriques du Canard Enchaîné à son sujet et au sujet de Pompidou s’intitulaient très justement "La Cour" et "La Régence"..)




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