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Jeune femme cherche hôpital pour accéder à l’IVG…
par M. 

30 mars 2005

Voici l’histoire banale de Stéphanie, jeune femme de 28 ans demeurant une ville moyenne de l’Ouest de la France. Stéphanie a un souci. Stéphanie a besoin d’un médecin pour faire une interruption volontaire de grossesse.



Elle a accouché il n’y a pas très longtemps dans le service de maternité de l’hôpital général de la ville. C’était sympa, on lui a tout bien expliqué pour s’occuper de son bébé. Encadrement très rassurant. Une lacune cependant : on ne lui a pas expliqué qu’il fallait bien se protéger, même rapidement après bébé…

Oh, elle a bien trouvé l’ordonnance pour la pilule sur sa table de nuit. Le gynéco était passé pendant qu’elle donnait son bain à bébé. La pilule, bof, ce n’était pas sa priorité, d’autres chats à fouetter, on a bien le temps d’y penser.

Et puis voilà, c’est arrivé, insensé, prématuré. Il ne lui restait plus que l’IVG.

Stéphanie s’est donc rendue au centre hospitalier, service de gynécologie obstétrique. Oui, mais… On n’y pratique pas d’IVG. Une consultation, oui, une adresse où aller, dans une autre ville à proximité.
-Mais vous êtes sûr, aucun des médecins ne peut m’aider ?
- Non Madame, aucun des médecins ne le pratique, vous savez, nous n’y sommes pas obligés !

Clause de conscience mollement avancée…
- Mais c’est compliqué, j’ai un tout petit bébé, l’attente est longue là-bas.
- Y’a pas de mais, c’est comme ça, au revoir Madame. Non mais !

Heureusement qu’elle n’a pas insisté, Stéphanie. Heureusement qu’elle n’a pas traîné, elle aurait tout entendu. Il s’est fâché, le médecin [1], énervé, agacé.
- Qu’est-ce qu’elles viennent nous emmerder ? Elles vont bien faire les soldes à la ville d’à côté [2], elles peuvent aller y avorter ! Déjà qu’elles ne sont pas foutues de prendre correctement la pilule qu’on leur prescrit…

Et si on lui cherche des poux dans la tête ? Il racontera qu’on cherche partout un collègue pour pratiquer les IVG. Pas question de se laisser enquiquiner, le mensonge est le prix de la tranquillité.

Et, à l’affût, les associations anti-ivg adressent à la maternité des messages de félicitations… Des encouragements à résister contre le démon… Même ça, ça n’incite pas les médecins à réagir. Oh, ils ne sont même pas de ce bord là, seulement englués dans leur routine. Ne rien changer. Surtout ne pas être dérangés. Elles n’ont qu’à mieux se protéger. Font chier…

M. 


[1Note de MW : Précisons qu’il s’agit du responsable de la maternité, qui s’oppose formellement à ce qu’on pratique des IVG dans son service, même si c’est quelqu’un d’autre qui les fait. Une question : un service hospitalier, ça "appartient" à son responsable, ou au service public ?

[2Note de MW : Précisons tout de même que "la ville d’â côté (où on pratique les IVG) est à... 40 kms !




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