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De quoi la Terre est-elle faite ?
"Odyssée", France Inter 9 Mai 2003

11 juin 2005

Il y a deux semaines, je vous ai parlé des séismes en disant que, là-dessous, dans les profondeurs de la terre, bouillonne du magma en fusion. En réalité, comme me l’a fait remarquer une auditrice qui connaît bien le sujet, c’est un peu plus compliqué que ça, et vous allez le constater.



Le globe terrestre a un rayon de 6380 kilomètres. Et il est composé de trois formations concentriques : au centre, le noyau, qui fait environ 3400 kilomètres de rayon, est constitué de nickel et de fer, et sa température est d’environ 5000 °C. Sa partie externe est fondue, mais la partie interne est solide et elle a environ la taille de la lune.

Tout autour du noyau, il y a le manteau, environ 2900 kilomètres d’épaisseur, et qui représente les 4/5 du volume total du globe. Ce manteau est solide, mais la température y est si élevée que les roches s’y comportent comme des liquides visqueux et sont animées de mouvements qu’on appelle mouvements de convection, un peu comme les mouvements que fait le marc de café dans une tasse tiède.

Et puis, tout autour du manteau, il y a l’écorce ou « croûte » terrestre, faite de basalte et épaisse de 10 km sous les océans, de matériau granitique épais de 30 à 70 Km sous les continents. L’écorce est divisée en 12 plaques indépendantes. Ces plaques bougent, sous l’effet des mouvements du manteau, elles se chevauchent, ou se percutent, ou glissent l’une sur l’autre. C’est ce qu’on appelle la « tectonique des plaques », qui est à l’origine de la « dérive des continents ».

La théorie de la dérive des continents fut formulée pour la première fois par un géologue allemand nommé Alfred Wegener, en 1915. On la rejeta à l’époque, mais depuis les années 60, elle a été confirmée par diverses disciplines scientifiques.

La voici : il y a 200 millions d’années, les cinq continents n’en formaient qu’un - que Wegener nommait la Pangée - situé au milieu d’un unique océan, la Panthalassa. Les mouvements des plaques ont provoqué la fragmentation de cet unique continent en plusieurs, on le constate si on découpe les continents sur une carte : par exemple, la côte est de l’Amérique du sud s’emboîte parfaitement avec la côte ouest de l’Afrique...
C’est la découverte, sur les deux continents, de part et d’autre de l’Atlantique, de très anciens fossiles animaux et végétaux similaires, qui a permis entre autres de confirmer la dérive des continents.

Les mouvements des plaques ne sont pas très rapides, elles se déplacent d’environ 3 centimètres par an et, sur leurs bords, le magma du manteau, qui est fluide, remonte, sort, se refroidit et se solidifie, surtout au fond des océans, pour former de véritables chaînes de montagnes océaniques - c’est ce qu’on appelle les zones d’accrétion.
Comme les plaques sont incompressibles, de l’autre côté, elles s’enfoncent dans le manteau, au niveau des fosses océaniques les plus profondes, ou sous le bord des continents - c’est ce qu’on appelle les zones de subduction. Lorsque les plaques entrent en collision, elles produisent des montagnes terrestres - c’est ainsi qu’est né l’Himalaya.

Et les éruptions volcaniques, alors ? Eh bien, elles se produisent lorsque des roches du sommet du manteau ou de la base de la croûte entrent en fusion. Comme ces magmas en fusion sont plus fluides que les roches qui les entourent, la pression les fait lentement remonter. Arrivés près de la surface de la croûte, les magmas sortent par des cheminées, sous forme de lave à 1100 °C, de roches ou de gaz.
On recense environ 1500 volcans actifs actuellement sur la planète, mais beaucoup ne sont pas visibles. Ils sont nombreux surtout dans zones d’accrétion du fond des océans et dans les zones de subduction - en particulier autour du Pacifique où ils forment ce qu’on appelle la Ceinture de feu.
Plus rarement, les volcans apparaissent au niveau de ce qu’on appelle un point chaud : là, le magma, qui remonte de très très bas, perce la croûte terrestre directement comme un chalumeau perce une plaque d’acier.

Tout ça est impressionnant, mais ce qui l’est encore plus, c’est de savoir que la terre se refroidit. Sa température baisse d’une centaine de degrés par milliards d’années. Un jour, elle sera toute froide.

Eh oui, comme le dit le titre du bel album de George Harrison, All things must pass (1971), toutes les choses ont une fin. Même la Terre.

Pour visualiser la dérive des continents :

http://www.uh.edu/ jbutler/physical/drift.gif




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