source - https://www.martinwinckler.com/article.php3?id_article=544 -



Quel homme du XVIIIème siècle fut inventeur, homme d’état, diplomate, imprimeur et homme de presse, philosophe, météorologiste et humoriste ?
"Odyssée", France Inter, le 8 Mai 2003

20 avril 2005

L’autre jour, j’ai terminé ma chronique en disant qu’à part la mort et les impôts, il n’y avait rien de sûr en ce bas monde. Et j’ai attribué ce bon mot à Woody Allen. Eh bien, on ne prête qu’aux riches, car le mot n’est pas de Woody Allen, ce brigand, mais de Benjamin Franklin.



Si je prononce ce nom, certains auditeurs se souviendront certainement de la silhouette ronde et bonhomme du personnage incarné par un Orson Welles méconnaissable dans le Si Versailles m’était conté de Sacha Guitry. Mais qui était exactement Benjamin Franklin ? Eh bien, c’est probablement l’un des personnages historiques les plus respectés d’Amérique.

Né à Boston, en 1706, il fut d’abord, à douze ans, apprenti dans l’imprimerie de son frère, James. À 17 ans, il part seul en Pennsylvanie, puis, après un bref séjour en Angleterre, ouvre sa propre imprimerie à Philadelphie. En 1729, il acquiert la Pennsylvania Gazette, dont il fera l’un des périodiques les plus lus de l’Amérique coloniale. Il y introduit des dessins humoristiques, fait illustrer les articles et publie des lettres de lecteurs, ce qui à l’époque était très novateur.

En 1736, il crée la première compagnie de pompiers d’Amérique. Après avoir publié plusieurs revues, et organisé le service des postes de Pennsylvanie, il vend son imprimerie et se consacre à sa carrière de savant et d’inventeur. C’est en 1752 qu’il fait avec un cerf-volant les fameuses expérimentations sur la foudre qui vont le conduire à inventer le paratonnerre.

En 1775, il devient membre du Congrès et en 1776, co-signe la déclaration d’indépendance. Il part pour la France avec laquelle il signe un traité d’alliance. Puis, dans la foulée, il part négocier la paix entre les jeunes États-Unis et la Grande-Bretagne. En 1787, année où il co-signe la Constitution des Etats-Unis, il devient président d’un mouvement de Pennsylvanie militant pour l’abolition de l’esclavage ! Il meurt en 1790, à l’âge de 84 ans, après une vie bien remplie.

Au XVIIIe siècle, en Amérique comme en France, l’homme de science était celui qui s’intéressait à tout. Et on peut dire de Benjamin Franklin qu’il était curieux de tout, car il étudia les tornades en les poursuivant à cheval et fut l’un des premiers à mesurer la température de l’eau de l’Océan pendant ses voyages et à établir des cartes du Gulf Stream, ce grand courant tiède qui parcourt l’Atlantique.

Inventeur inspiré, on lui doit - outre le paratonnerre - les verres à double foyer et le poële en métal, qu’il mit au point pour remplacer les feux de cheminée et chauffer les maisons de manière plus économique et plus sûre. Comme il avait de la suite dans les idées, il inventa aussi la première assurance-incendie.

Chargé d’organiser la distribution du courrier, il parcourut et mesura les routes de Pennsylvanie pour étudier les itinéraires les plus pratiques. C’était évidemment un grand lecteur. Arrivé à un âge avancé, comme il ne parvenait plus à atteindre les livres placés sur les étagères du haut, il mit au point une sorte de longue pince à sucre qui lui permettait de les saisir sans mal...

Franklin était aussi un homme de plume et d’humour. Il écrivait en particulier : « Si j’avais le choix, je ne verrais aucune objection à recommencer ma vie depuis le début. Mais je demanderais à bénéficier du même privilège que les auteurs, qui corrigent dans la deuxième édition de leur ouvrage les erreurs de la première. »

On lui doit aussi cette phrase définitive sur la postérité : « Si vous ne voulez pas qu’on vous oublie le jour où vous serez mort et pourri, écrivez des choses qui valent la peine d’être lues, ou faites des choses qui valent la peine d’être écrites. » Il n’est pas exagéré de dire qu’il a brillamment réussi l’un et l’autre.




Source - https://www.martinwinckler.com/article.php3?id_article=544 -