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Contraception : Questions / Réponses 29

14 mars 2005


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Martin Winckler



Les sujets abordés cette semaine :

- Efficacité des méthodes contraceptives
- Faut-il arrêter Jasmine ?
- Questions diverses à propos du DIU
- Comment ne plus avoir de règles ?
- Libido et "oublis" de pilule


- Efficacité des méthodes contraceptives

Je lis régulièrement des textes sur le Winckler’s Webzine, notamment ceux qui concernent la contraception, et j’aimerais avoir des précisions sur les taux d’échecs des différents moyens contraceptifs.
Que signifient-ils et comment sont-ils calculés ? Lorsque je lis que la pilule peut avoir jusqu’à 20% d’échecs, ça a effectivement de quoi m’inquiéter... Cela veut il dire que pour 100 femmes prenant la pilule, on a 20 grossesses ? Sur quelle durée ? 1 an ? 10 ans ? Est-ce qu’on mélange les grossesses dues à un oubli avec celles dues à l’inefficacité de la pilule utilisée ?
J’avoue que j’ai du mal à interpréter ces chiffres...
M.

Quand on calcule un "taux d’échec" de méthode contraceptive on parle toujours de deux situations : la situation "idéale" (aucune erreur de manipulation) ; la situation "réelle" - erreurs et incidents tout venant : avec la pilule c’est aussi bien l’oubli, l’arrêt intempestif, la maladie ou médicament ayant compromis l’efficacité, l’ovulation spontanée chez une femme dont la pilule est insuffisamment dosée, etc.
Le taux d’échec c’est le nombre de grossesses pour 100 femmes sur un an d’utilisation.

Pour la pilule, ça varie entre 2 %(en théorie) et 20 % (en pratique) toutes erreurs et incidents confondus.
Pour le préservatif, ça peut atteindre 20 % aussi, étant bien entendu que certains couples qui s’entendent bien n’ont jamais aucun problème, et d’autres en ont tout le temps. C’est seulement statistique.

Pour les DIU au cuivre, en particulier le TT 380 (et le Gynefix - malheureusement non disponible en France), les échecs sont à peine plus nombreux dans la catégorie ’situation réelle" (1à 2 %) que dans la catégorie "situation idéale" (0,5%) et sont le plus souvent liés... aux erreurs du médecin (pose mal faite, insuffisance de préparation de la femme, non prescription de médicaments pour empêcher les contractions juste après la pose qui peuvent expulser le DIU, etc) ou au DIU lui-même (le Nova T....) Une fois les 3 premières semaines passées, les échecs sont rares, et on observe que les quelques échecs de DIU surviennent au cours des 2 ou 3 premières années. Au-delà, il n’y en a pratiquement plus.

Pour le DIU hormonal (Mirena), les échecs sont si faibles (02-06%) que la méthode est plus efficace... que la ligature des trompes !!!!

Idem pour l’implant (théoriquement inférieure à 0,5% - mais au cours des essais préliminaires, sur plusieurs milliers de poses, on a observé... 0 grossesse !)

De manière intéressante, l’enquête de Bajos et coll. (menée en France)
http://humrep.oupjournals.org/cgi/content/abstract/18/5/994
montre que sur 100 grossesses non désirées, 65 surviennent chez des utilisatrices de méthodes contraceptives dont : 21% utilisent la pilule, 12% les préservatifs, 9% le DIU !

Il est probable qu’une enquête similaire en Hollande ou en Angleterre montrerait des échecs moins nombreux dans les trois groupes mais dans des proportions similaires. Mon hypothèse c’est qu’à la différence d’efficacité des méthodes s’ajoutent... toutes les erreurs induites par l’absence d’information des femmes sur la manière dont fonctionnent les différentes méthodes (arrêter la pilule 4 jours au lieu de 7 ; utilisez des préservatif à TOUS les moments du cycle, etc.) et, pour les DIU, les nombreuses erreurs de pose, l’absence de prescription d’anti-inflammatoires pour éviter une expulsion, etc. (Quand il s’agit d’être attentif et soigneux, les médecins français sont très mauvais...)

Bref, tout ceci repose sur une notion simple, et de bon sens : chaque fois qu’une méthode demande une manipulation supplémentaire, des erreurs sont possibles, et son efficacité théorique diminue. Donc, à efficacité théorique identique, mais avec des manipulations inexistantes, le DIU et l’implant sont toujours plus efficaces dans la vie réelle que la pilule et le préservatif. Et moins cher. Et moins contraignants... Etc.

Les seuls obstacles entre les femmes et les meilleures méthodes contraceptives ce sont (par ordre d’importance)
1° les médecins (qui détiennent l’accès aux méthodes et abusent de cet accès),
2° les préjugés (partagés et entretenus par les médecins) et
3° l’absence d’information et les craintes des femmes (entretenues par les préjugés et par les médecins).


- Faut-il arrêter Jasmine ?

Je viens de lire votre article sur Jasmine. C’est la pilule que je prends depuis deux ans.
En résumé : j’ai pris la pilule vers l’âge de 15 ans. Je l’ai arrêtée vers 23 ans (?) pendant deux ou trois ans, je ne sais plus. J’en avais essayé beaucoup, et je faisais beaucoup de rétention d’eau. J’étais gonflée (visage, doigts,...) au point de craindre de sortir. Donc plusieurs essais, et régime etc. Puis la doctoresse de l’époque m’a proposé de passer à un autre mode de contraception (spermicides).

A l’arrêt de la pilule tout est rentré dans l’ordre (en revanche les troubles menstruels étaient bien plus prononcés et difficiles à supporter : règles très abondantes, migraines, etc., ce que la pilule apaise bien pour moi.)

J’ai repris la pilule en automne 2000 suite à un changement de vie. Une première dont je ne sais plus le nom (ce sont toujours des minidosées) et on l’a changée car j’avais des spottings. On m’a prescrit Jasmine, ensuite, que je prends donc depuis deux ans.
Nous souhaitons mon conjoint et moi arrêter la pilule dans trois mois pour essayer d’avoir un bébé.
J’allais aller, la semaine prochaine, chez une généraliste pour me faire prescrire trois plaquettes de
Jasmine jusqu’à l’arrêt.

Et je me dis, vous lisant : je fais quoi ?
Y a-t-il de gros risques pour ma santé ? (j’oubliais : j’ai trente ans, pas d’enfants, pas d’avortement, je ne fume pas, j’ai un poids normal, un peu de cholestérol - 2.10g)

Votre parole est nécessaire car aucun avis n’est concordant et malgré la volonté de faire au mieux on ne s’y retrouve pas, et c’est toujours de morale, presque, plus que de médecine à quoi on se trouve confronté.
Pour d’autres raisons, j’en suis venue à déclencher des angoisses énormes, crises de pleurs et d’agressivité quand je devais aller voir un docteur ! Je me sentais toujours mal jugée, culpabilisée, bref. Dépossédée de mon corps. Mais passons.

Ma question : dois-je me faire prescrire Jasmine pour les trois mois à venir ? Quelle autre possibilité ?
(nb : j’ai été suivie par un phlébologue à mes 18 ans car j’avais des problèmes circulatoires - aujourd’hui ça va, enfin pas de symptômes à part la cellulite - mais ce n’en est pas vraiment un je crois.)

Enfin, me permettrez-vous de vous demander si je peux prendre de l’acide folique trois mois avant la conception (enfin jusqu’à ce qu’il y ait conception, plutôt !) ; et si vous avez des conseils pour ce projet de grossesse suite à contraception...?

Pensez-vous qu’il faille attendre entre l’arrêt de la pilule et le projet de bébé ? Certains disent non, ma gynéco un mois, d’autres trois... Au secours !?
A.

Il n’y a pas de danger particulier à continuer Jasmine (les risques sont surtout importants pendant la première année de prise de n’importe quelle pilule, or vous êtes bien au delà). Si c’est celle-là que vous tolérez, gardez-la. J’évite de donner Jasmine comme première pilule, mais il m’est arrivé de la prescrire à certaines femmes ayant des symptômes comme les vôtres. Et je ne change jamais une pilule que la femme supporte bien.

Il n’y a pas de précaution particulière à prendre avant de mettre une grossesse en route, sinon se préparer à attendre (ça ne prend pas toujours tout de suite) et à savoir que certaines grossesses, chez des femmes parfaitement fertiles, ne tiennent pas (les fausses couches spontanées au premier trimestre sont normales : elles correspondent à des embryons non viables qui sont éliminés naturellement, et c’est tant mieux). Si votre première grossesse ne tenait pas ça serait seulement un "mauvais tirage au sort" (d’ovocyte, de spermatozoïde), pas une conséquence de 10 ans de pilule (on peut avoir pris la pilule 15 ans et avoir des triplés...)

Donc, lancez vous dans l’aventure de la grossesse en vous disant que la vie, c’est risqué (mais la plupart des risques qu’on prend en étant enceinte sont minimes...)

Vous pouvez bien sûr prendre de l’acide folique pendant les trois mois qui viennent, l’intérêt en est démontré pour les femmes ayant eu des antécédents (une malformation du tube neural chez un enfant), pas pour les autres, mais certains gynécologues en donnent quand même aux femmes ayant pris la pilule longtemps (certaines manquent d’acide folique, et il est possible que la pilule y soit pour quelque chose). Comme ça n’est pas dangereux d’en prendre de toute manière, vous pouvez le faire sans crainte.

Si vous viviez dans les années 50, toutes ces questions ne se poseraient même pas... et vous auriez probablement, en toute innocence (et sans angoisse) des bébés en pleine forme et pleins d’avenir. (Je suis né en 1955...) Le problème du XXIe siècle c’est que trop de gens veulent transformer les choses naturelles en dangers nécessitant l’intervention des médecins à tout bout de champ. Ca n’est pas du tout nécessaire, heureusement (mais ça rapporte beaucoup à ceux qui se nourrissent de nos angoisses...)

Si j’avais un conseil, ce serait celui-ci : vous avez décidé d’avoir un enfant ? Très bien. Vous et votre mari, ne dites plus rien à personne à ce sujet. Quand vous voudrez arrêter la pilule, arrêtez la, et patientez sans parler de votre projet (sinon ensemble, bien sûr). Ca vous évitera des questions, des conseils et des "recommandations" plus ou moins angoissées et terroristes. Il sera toujours temps, quand vous serez enceinte de 2 ou 3 mois, d’en parler (à votre famille, à vos amis). Rappelez-vous : la déclaration de grossesse, on a jusqu’à la fin du 3e mois pour la faire. Rien ne presse. Ne laissez pas les autres vous angoisser et vous presser. Une grossesse, c’est une partie normale de la vie.
Et c’est bon de vivre sans se faire dicter ses angoisses et sa conduite.


- Questions diverses à propos du DIU

Peut on se retirer un stérilet en se retirant un tampon ?
L.

C’est une question souvent posée mais je n’ai jamais vu une patiente retirer son DIU en même temps qu’un tampon. J’imagine que si on ne coupait pas le fil du DIU ça pourrait arriver, mais la femme serait gênée par la présence du fil bien avant d’avoir ses règles. Encore une fois, je ne l’ai jamais vu...

Si oui est ce douloureux ? Faut il consulter un gynécologue ? Cela risque-t-il de causer des dégâts sur l’appareil génital ?

Encore une fois, je n’ai jamais vu une femme "ôter le DIU avec un tampon", mais il peut arriver qu’une femme expulse son DIU pendant des règles très abondantes, au milieu de caillots. En général, les douleurs sont celles des règles (des crampes un peu fortes) et si le DIU est expulsé, c’est justement parce qu’il n’est pas "accroché" à l’intérieur de l’utérus, mais simplement déposé là. Alors, des contractions fortes peuvent le faire sortir. Une expulsion peut ou non se sentir (certaines femmes disent n’avoir rien senti à l’expulsion) mais, en tout cas, ne fait aucun dégât : le DIU est en plastique souple. Il n’est ni coupant, ni pointu.

Quel est le pourcentage de risque de tomber enceinte avec un stérilet ?

Avec un DIU au cuivre (TT 380 ou UT 380) il est de 1% (1 grossesse pour 100 femmes sur un an). Le TT 380 peut être laissé en place 10 ans. Chez les femmes de plus de 35 ans, dont la fécondité est moindre, le taux d’échec est inférieur à 0,5%.

Avec un DIU hormonal (Mirena) le pourcentage de grossesses est toujours inférieur à 0,5%. De plus, comme le DIU hormonal a tendance à faire diminuer les règles et les contractions utérines, la probabilité d’une expulsion pendant des règles abondantes est moins grande.

Attention : tous les DIU ne se valent pas ; le Nova T 200 ne devrait plus être utilisé : les échecs après la 3e année peuvent atteindre 6%. Personnellement, je n’utilise que le TT 380 (au cuivre) ; le UT 380 (forme "short", pour les femmes n’ayant pas encore d’enfants) et le Mirena (DIU hormonal).

Si je suis enceinte avec un stérilet, cette grossesse est-elle à risque, et est-ce une grossesse extra utérine à 100% ?

Une grossesse sur DIU est à risque si on laisse le DIU en place (le risque de fausse couche ou d’accouchement prématuré est plus élevé que chez une femme qui n’a pas de DIU). Mais en général, lorsqu’une femme est enceinte sur DIU, on retire immédiatement le DIU.

Une grossesse sur DIU n’est pas à 100% une grossesse extra-utérine (une grossesse qui se développe dans une trompe). Seulement 10% des grossesses sur DIU sont des GEU, et seulement chez les femmes qui ont des antécédents d’infection des trompes, d’infection par gonocoque ou chlamydiae, ou des antécédents de GEU, bien sûr.

Car ce n’est pas la présence d’un DIU qui provoque les GEU, c’est le fait que les trompes ont été abîmées auparavant. Il n’y a pas plus de GEU chez les utilisatrices de DIU que chez les non utilisatrices, mais il y a plus de GEU chez les femmes qui ont déjà fait une infection sexuellement transmissible, et dont les trompes ont donc été abîmées par cette infection.

En effet, toutes les grossesses commencent dans une trompe (c’est là que les spermatozoïdes de l’homme fécondent l’ovocyte de la femme) et "migrent" ensuite dans l’utérus. Si la paroi intérieure des trompes, dont les cils mobiles entraînent l’ovule vers l’utérus, a été abîmée par une infection ancienne, alors la grossesse peut rester dans la trompe et s’y développer. Une grossesse extra-utérine est dangereuse car elle n’a pas la place de se développer dans la trompe (qui n’est pas faite pour ça) et peut entraîner une hémorragie grave en déchirant la trompe au bout de quelques semaines.

En fait, les GEU sont moins nombreuses chez les utilisatrices de DIU que chez les femmes sans contraception, et ce pour une raison simple : les femmes porteuses d’un DIU sont très rarement enceintes...


- Comment ne plus avoir de règles ?

Je viens de trouver votre site et je suis surprise de voir qu’aucun des gynécologues que j’ai consultés dans ma vie, ne m’a avertie que je pouvais supprimer mes règles. Pourtant, j’ai posé la question plusieurs fois car j’avais entendu que c’était possible mais non fait, pour ne pas traumatiser les femmes. Si vous saviez le nombre de personnes dans mon entourage qui seraient ravies de le savoir !

De même, j’ai accouché fin août dernier et j’ai du « faire attention » jusqu’à maintenant car j’allaitais et l’on ne m’a pas prescrit de minipilule. Or je viens d’apprendre qu’une amie était sous pilule alors qu’elle allaitait...
Je ne comprends pas ce manque d’information.
Pourriez-vous me renseigner sur la méthode à suivre et que demander pour ne plus avoir mes règles ? Cela pose-t-il des problèmes pour de futures grossesses ? J’ai commencé à reprendre mon ancienne pilule depuis ce mois.
N.

Moi non plus je ne comprends pas ce manque d’information, qui me paraît être synonyme de manque d’intérêt pour les femmes...
On aurait pu et dû vous prescrire une pilule progestative pendant l’allaitement (la sécurité de l’association allaitement + pilule progestative est bien plus grande que celle de l’allaitement seul), car il n’y a pas de contre-indication à la prescription d’une pilule progestative...
Quand au fait de "supprimer" les règles, en fait il faut savoir que les règles sous pilules sont des règles artificielles : des saignements induits par l’arrêt temporaire de la pilule. A l’origine, la pilule était conçue pour être prise en permanence (365 jours par an).

Mais dans les années 60, il était difficilement acceptable qu’une femme n’ait pas de règles (ça ne paraissait pas "normal"). Alors, on a instauré l’arrêt d’une semaine, en sachant qu’il s’accompagnerait de saignements qui passeraient pour des règles mais qui sont souvent très différents (moins abondants, moins longs, moins douloureux) que les règles habituelles de la femme.

A priori, si vous prenez une pilule à 21 comprimés, monophasique (tous les comprimés sont d’une seule couleur) ou biphasique (les comprimés sont de deux couleurs) il suffit... de ne pas arrêter la prise et d’enchaîner les plaquettes l’une après l’autre pour que les saignements n’apparaissent pas.

Avec une pilule à 28 comprimés (Minesse, Melodia, Varnoline continu), il suffit d’enchaîner les plaquettes les unes après les autres sans prendre les comprimés blancs (4 dans les deux premières, 7 dans la troisième). Car ces comprimés sont des placebo, ils ne contiennent pas d’hormone. Quand on les prend, des saignements apparaissent quelques jours après (eux aussi ils sont là pour induire des règles artificielles).

Avec une pilule triphasique (comprimés de trois couleurs différentes), ça risque de ne pas marcher, car le dosage des trois types de comprimés varie et ces variations peuvent s’accompagner de "mini-règles" au bout de quelques mois, même sans aucun arrêt, des saignements peu abondants mais intempestifs, qu’on appelle un "spotting". En soi, le "spotting" est sans danger mais peut durer plusieurs jours ou semaine, ce qui est très inconfortable. Quand un spotting survient, il suffit, pour le faire cesser, d’arrêter la pilule (au minimum 4 jours, au maximum 7 jours, mais pas plus, pour ne pas courir le risque d’une grossesse). Le spotting se transforme alors en règles plus franches, qui durent 3 ou 4 jours et s’arrêtent spontanément.

A noter que la prise continue a un autre avantage que l’arrêt des règles : c’est qu’elle augmente la sécurité contraceptive. Moins on arrête la pilule, plus elle est efficace. Et si on prend la pilule en continu, un oubli d’une journée n’a pas d’incidence sur l’effet contraceptif.
Deux autres méthodes ont la propriété d’arrêter les règles chez beaucoup de femmes : l’implant (chez 25 à 50 % des utilisatrices) et le DIU hormonal Mirena (chez 70 à 80 % des utilisatrices, pratiquement). L’avantage évidemment, c’est qu’il n’y a pas de contrainte. Si vous voulez avoir une contraception efficace ET pas de règles, vous êtes en droit d’essayer un DIU Mirena. Son efficacité est de cinq années, pendant lesquelles on n’a pratiquement pas besoin de médecin pour sa contraception... et c’est beaucoup moins coûteux que la pilule.


- Libido et "oublis" de pilule

Je me permets de vous reposer une question. C’est que ces derniers temps, je me demande quelle pilule je pourrais bien prendre et je relis et relis vos questions/ réponses. Très intéressantes, mais il y a tellement d’informations que j’ai besoin de m’y reprendre à plusieurs fois pour tout comprendre.

Ma situation : je prends Diane 35 de manière continue pour ne pas avoir de règles, mais comme vous mentionnez certains risques accrus avec son utilisation, je souhaiterais en changer (je précise que je n’ai pas de symptômes particuliers, hormis peut-être l’apparition de petites varices, j’ai 26ans, non fumeuse, sans problème de poids, ni sanguin, ni d’antécédents familiaux inquiétants). J’ai toujours bien supporté cette pilule, donc je pense rester sur une pilule de climat oestro-progestatif. Et puis comme il m’arrive souvent de prendre ma pilule au-delà de 3h, je pense qu’une pilule progestative comme Microval ne me conviendrait pas, par manque de rigueur.

Je reviens à ce que vous avez écrit. Ci-dessous le message concerné (j’ai coupé) :

"Je suis depuis plus de 2 ans "sous les effets de la pilule Moneva" et je constate depuis que j’ai une absence quasi totale de libido(...). Le mois dernier (...)j’ai oublié de prendre ma pilule au moins 4 fois dans le mois, et j’ai retrouvé ma libido perdue.... Puis je continuer ainsi, sachant que cela m’arrange beaucoup....j’ai l’impression de revivre.
A.

(...)Si vous voulez retrouver la libido SANS faire de bébé, je pense qu’il vaut mieux passer à une contraception qui n’agit pas sur la libido, la plus efficace étant le DIU

(...)

Une autre solution consiste à prendre votre pilule en permanence (sans arrêter du tout : vous enchaînez plaquette après plaquette). Conséquences : -(...) 2° si vous oubliez un comprimé de temps en temps, (au maximum, sept comprimés de suite, comme pendant la semaine ou vous arrêtez) le risque de grossesse est quasi-nul. En revanche, ça peut "booster" votre libido le jour suivant(...)

Ma question : Je ne suis pas sure de vous avoir bien compris, est-ce que vous affirmez que si on prend la pilule en continue (du moins dans le cas de Moneva), on peut se permettre d’oublier plusieurs comprimés (si moins de 7) ?
Est-ce que dans ce cas là il faut aussi les reprendre le plus vite possible (6 d’un coup ça me paraît tout de même beaucoup) ?

La règle des 12h de protection en cas d’oubli pour une pilule de 3ème génération ne serait-elle valable que dans le cas d’une prise interrompu (21 comprimés) ?

J’espère sincèrement que vous me répondiez, parce que dans le cas où je vous aurais mal compris, j’imagine qu’il y a aussi un risque de confusion chez d’autres lectrices (et lecteurs). Par contre si je vous ai bien suivi, vous m’ouvrez une toute nouvelle approche de la contraception qui, il me semble,me conviendrait parfaitement.
C.

Vous avez très bien compris. Quand on prend une pilule oestro-progestative (quelle qu’elle soit, c’est donc valable aussi bien pour Diane que pour Moneva) en continu, le risque d’ovulation en cas d’oubli d’un, deux ou même quatre comprimés de suite est inexistant. La meilleure preuve... c’est que quand on l’arrête 7 jours après 21 jours de prise, les femmes sont protégées quand même pendant la semaine d’arrêt. En fait, la prise 7 jours d’affilée suffit à bloquer l’ovulation pendant les 7 jours suivants même si on ne continue pas à la prendre :
Donc : 7 jours de prise = 14 jours de tranquillité.
En revanche : 7 jours d’arrêt + 1 jour d’oubli (oubli de la reprendre, oubli d’un comprimé la première semaine d’une nouvelle plaquette) = risque d’ovulation

Donc, dans votre cas, puisque vous la prenez en continu, si vous oubliez un comprimé 24 heures, il n’est pas indispensable d’en prendre deux le soir suivant. Il faut simplement savoir qu’en cas d’oubli de 2 ou 3 comprimés de suite (exemple : votre ami vous a emmenée le vendredi soir en week-end amoureux à la mer et vous avez laissé votre plaquette sur la table de nuit), vous ne courez pas de risque de grossesse (si vous recommencez le dimanche soir) mais, deux ou trois jours après l’oubli, l’arrêt temporaire de la pilule peut entraîner des saignements, comme "un début de règles".

La règle des 12 heures de protection est surtout valable pendant la première semaine de prise d’une pilule (pour les femmes qui arrêtent leur pilule 1 semaine sur 4) ; pendant la deuxième semaine, on peut oublier 24 heures, le risque est inexistant. Pendant la troisième semaine, si on oublie un comprimé pendant 24 heures il suffit de prendre le comprimé suivant et de commencer la plaquette neuve sans marquer d’interruption après la plaquette qui se termine.

J’espère que c’est clair. Et je suis heureux de vous ouvrir des horizons...

Une page qui résume ce qui précède

P.S.


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Martin Winckler




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