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Choisir d’avoir une péridurale
par Meriem Lacour

7 mars 2005

Bonjour
Je viens de lire la lettre du CIANE. Et si je suis évidemment d’accord sur l’essentiel il y a quelques points que je souhaiterai tout de même discuter.



Je ne reviens pas sur le terme d’indocilité qui est inacceptable. De même, il est évident qu’il serait temps d’arrêter de ficeler les femmes aux tables d’accouchements alors que le travail avance mieux et plus vite lorsque les femmes peuvent bouger.

Je connais très bien les travaux de Bernadette de Gasquet car j’ai fait mes préparations à l’accouchement avec elle.

Mais si il faut lutter pour que les femmes soient actrices de leur accouchement il me semble que ce courant, dont je comprend les fondements, peut parfois aboutir à des sentences extrémistes.

Je m’explique : Certaines femmes souhaitent accoucher sans péridurale c’est leur droit personne ne devrait leur imposer ce mode d’accouchement médicalisé si elles ne le souhaitent pas ( sauf peut être cas d’urgence mais je ne suis pas médecin ni sage femme donc je m’abstiendrai sur ce point.)

Mais d’autres , dont je fait partie, veulent la péridurale, elles ne veulent pas vivre la naissance de leurs enfants dans la souffrance.Dans la plupart des cas elles l’obtiennent mais j’ai souvent entendu des tenants de l’accouchement sans péridurale affirmer que ces femmes là n’accouchaient pas vraiment qu’elles n’étaient pas actrice de cette naissance.

Si on souhaite accoucher avec péridurale tout en étant actrice de son accouchement c’est très possible avec des péridurales faiblemement dosée qui permettent à la femme de sentir ce qui se passe sans souffrir.

Il y a notamment un reportage vendu dans le commerce qui s’appelle "le bébé est une personne" qui est très intéressant à bien de égards ( aptonomie, développement du foetus etc...) mais qui fait l’apologie de l’accouchement sans péridurale et qui culpabilise systématiquement les femmes qui veulent y avoir recours.

On essaye même d’établir un comparatif en interrogeant deux jeunes accouchées, une sous péridurale l’autre pas en essayant de faire dire à celle qui en a bénéficié qu’elle n’a pas vraiment accouché. Le summum étant atteind quand on va faire un reportage en Hollande sur les femmes qui accouchent chez elles( pas de problème, elle l’ont choisie ) et qui tapent systématiquement sur ces "pauvres femmes qui se font voler leur accouchement".
La réalité n’est peut être pas aussi simple.

Et je réfute l’argument "Mais "autrefois", les femmes accouchaient chez elles et on n’en faisait pas tout une histoire". Oui, mais le taux de mortalité infantile n’était pas le même et les femmes mourraient en couches beaucoup plus souvent qu’aujourd’hui.

Pour ce qui est de mon cas personnel je pense même que je n’aurais pas réchapper à mes accouchements il y a 50 ans alors que j’ai pu avoir deux césariennes sous rachis anesthésie sans souffrance et en étant présente et en vivant pleinement ces moments. Que nous comptons bien remettre ça et plutôt deux fois qu’une et que ces techniques me permettent d’avoir encore d’autres enfants....

Je le rappelle, mon propos n’est pas de juger les femmes qui ne veulent pas avoir recours à la péridurale. C’est un choix, mais de même personne n’a a être culpabilisé parce qu’il ne veut pas souffrir et que la médecine lui permet de ne pas souffrir.

Je suis D’accord avec le CIANE pour demander aux médecins de bien informer les femmes sur tout les tenant et les aboutissants de la péridurale, mais dans certaine maternité dîtes modernes, et qui participe de ce courant anti péridurale, on utilise les risques pour dissuader les femmes de prendre la péridurale un peu comme certains gynécos dissuadent les femmes n’ayant pas d’enfants de se faire poser un DIU. On les terrorise plutôt que de les informer.

J’ajouterai que la morale judéo [1] chrétienne qui préconise que l’on accouche dans la douleur à encore de beau jours devant elle.

Enfin c’est ce même courant qui culpabilise les femmes qui ne souhaitent pas allaiter leurs enfants. Encore une fois c’est choix personnel et personne n’a à juger les autres pour ces choix.

Meriem Lacour


[1Note de MW : Soit dit en passant, et bien que ça n’ait qu’un lointain rapport avec ce texte, je suis personnellement opposé à l’accolement systématique de "judéo" à "chrétien" quand il s’agit de "morale". Dans la religion juive, il n’est dit nulle part qu’il faut souffrir pour être sauvé. Pour la religion juive il n’y a d’ailleurs pas de rédemption. Il n’y a pas d’autre gratification que ce qu’on trouve dans la vie terrestre en "faisant à autrui ce que l’on voudrait qu’il nous fasse", et pas le contraire... La "morale" selon laquelle la souffrance est une valeur en soi, rédemptrice et porteuse d’espoir paradisiaque, est donc essentiellement... chrétienne ! Bien des Protestants pourraient même ajouter qu’elle est essentiellement catholique !




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