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Il a un bec et il pond des œufs mais ce n’est pas un oiseau...
26 novembre 2002

11 octobre 2004

C’est un mammifère ovipare, qui mesure 50 cm de long sur 12 cm de haut. Il a un bec de canard, des pattes palmées et une queue aplatie. Il porte de la fourrure, dont la couleur est rousse sur le dessus et blanche en dessous. Il vit en Tasmanie et en Australie, il est amphibien et mange des écrevisses. Au talon de ses pattes postérieures, le mâle adulte porte un ergot relié à une glande à venin.



Allez, je ne vous fais pas languir plus lontemps, dans les pays anglo-saxons on l’appelle platypus et en français ornithorynque ce qui veut dire, tout simplement « bec d’oiseau ».

L’ornithorynque, qui combine les traits des reptiles et des oiseaux - et se paie en outre le luxe d’être un mammifère ! - est considéré comme un survivant de l’évolution. la classification des mammifères comporte actuellement trois sous-classes : les euthériens ou mammifères à placenta comme l’homme ; les métathériens ou vivipares sans placenta, comme les kangourous ; et les protothériens, qui sont des mammifères ovipares, ou monotrèmes dont l’ornithorynque est un représentant. Qu’est-ce qu’un monotrème ? C’est un animal qui dispose d’un cloaque, organe qui tient lieu en même temps d’orifice rectal, de voie urinaire et d’organe sexuel.

Le bec de l’ornithorynque n’est pas dur comme celui d’un canard, mais souple, mou et humide, comme le museau d’un chien. Et c’est un appendice extrêmement sensible, qui contient des corpuscules sensoriels lui permettant de trouver son alimentation sous l’eau. Sa fourrure, à deux couches, retient l’air près de la peau, ce qui permet à l’animal de rester sec, même quand il est sous l’eau. Sa queue ressemble à celle du castor, mais ne sert pas à se propulser sous l’eau. Elle sert seulement à se diriger et lui permet de stocker de la graisse en cas de pénurie d’alimentation. La femelle utilise aussi sa queue pour tenir les œufs contre son estomac pendant leur incubation.

L’ornithorynque a des pattes, mais elles s’étendent à l’horizontale. Il lui est donc difficile de se déplacer sur terre, ce qui le rend vulnérable aux quelques prédateurs qui s’attaquent encore à lui - essentiellement les chiens, les renards, les pythons et les crocodiles. En revanche, il est excellent nageur et repère sa nourriture en se déplaçant à l’aveuglette, car en plongée, ses yeux et ses oreilles sont recouverts par une membrane de protection. C’est son nez qui lui sert de radar. Il peut plonger jusqu’à cinq mètres et peut rester plusieurs minutes immergé, voire dormir sous l’eau.

Les spécialistes de la phylogénèse (c’est à dire de l’évolution des espèces) sont tous d’accord pour penser que les monotrèmes sont des témoins d’une transition entre les reptiles et les mammifères typiques. Il semble n’en exister qu’une seule espèce mais de taille différente selon la région d’Australie où ils vivent. On a découvert en Amérique du Sud des fossiles d’ornithorynque qui font remonter cet animal à 63 millions d’années... et contribuent à démontrer la dérive des continents : à l’époque, l’Amérique du sud et l’Australie étaient reliées entre elles par l’Antarctique, dont le climat était tempéré.

L’ornithorynque est un animal protégé en Australie depuis les années vingt. Si protégé qu’on ne peut en voir en captivité que dans quelques zoos australiens, car son exportation est formellement interdite. Incroyable bestiole. Si incroyable que lorsqu’un navigateur en rapporta un specimen en 1798 en Angleterre, tout le monde pensa qu’il s’agissait d’une supercherie. Et il fallut près de 80 ans pour qu’on admette qu’il s’agissait d’un animal authentique et qu’on lui fasse une place dans la classification des espèces.

Ce qui est fascinant, c’est qu’il s’agit d’une chimère, du mélange improbable des attributs de plusieurs espèces animales... une chimère réelle qui ne doit pas son existence aux manipulations génétiques humaines, mais à l’évolution naturelle et au long labeur du temps...

P.S.

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