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"Les Cahiers Marcoeur", 46e épisode
LA CHEMISE ROUGE (suite)

26 septembre 2004

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LA CHEMISE ROUGE (suite)

(Citation) La "panne spongieuse", selon Jean Guenot, consiste à "s’inventer des occupations afin de ne pas poursuivre le travail sur (son) manuscrit. Les cas cliniques les mieux étudiés sont ceux d’enseignants ayant entrepris un mémoire ou une thèse qu’ils traînent en fragments pendant dix mois, dix ans ou un quart de siècle avant de l’achever ou de l’abandonner. Ou bien de romanciers travaillant un maître livre depuis longtemps. Ils peuvent écrire autre chose mais pas ce livre là..."

* * * * *

(E) - Dans le cadre de sa panne spongieuse, il entreprend de décoller le papier dans la cuisine parce qu’il est vieux et déchiré par endroits. En tout cas, il va le changer sur un mur. Celui dans lequel s’ouvre la porte du cagibi où sont situées, à gauche : les toilettes, à droite : la chaudière. Ces toilettes sont les plus agréables de l’histoire de l’habitat : le siège des cabinets n’y est jamais froid. Pour mener à bien son entreprise de tapisserie, Emmanuel tire la cuisinière vers le centre de la pièce, déplace le placard devant la fenêtre et se met au travail.

Ce faisant, il s’imagine découvrant sur le mur dénudé des messages inscrits par un précédent locataire - finalement, c’est logique : un mur blanc c’est comme une page ! c’est étonnant que personne - il réfléchit, non, qu’il sache personne - n’y ait pensé plus tôt ! Cependant, à mesure qu’il progresse, il doit se rendre à l’évidence : le mur est un mur tout bête, jauni par la colle séchée. Il faut racler, brosser. C’est fastidieux, sans intérêt. Lui aussi pourrait écrire sur le mur, des phrases qui réapparaîtront plus tard lorsque son papier se décollera. Au moment où il saisit un feutre, il voit l’heure et renonce : s’il veut avoir tout remis en place avant le retour de Dolorès et des enfants...

(E) - Il s’est donné comme contrainte, dans chaque texte qu’il écrit, de faire allusion à l’un de ses trois feuilletons télévisés favoris (Mission : Impossible, Star Trek et Les Mystères de l’Ouest), sans en donner le titre.

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(E) - Comitex : COMmunication Mixte Image TEXte. Système permettant d’expédier simultanément des données écrites et des images fixes (des photographies par exemple). Il peut être utilisé en mode conversationnel ou en mode informatique : c’est à dire en échangeant des informations perdues (avec un interlocuteur humain, par exemple) ou en les chargeant sur un ordinateur. Le progrès par rapport à l’antique minitel réside dans la rapidité et l’absence de "serveur" intermédiaire. Le réseau comitex est un réseau direct. Le comitex d’Emmanuel est bien sûr connecté à son ordinateur.

Il a cependant réussi à le bricoler de manière à ce que, lorsque Durazoir tente de faire main basse sur ses articles ou ses traductions en cours, l’engin lui fournisse (en données condensées) les programmes de Canal Q pour les trente jours à venir. Au beau milieu des données, Emmanuel insère trois pages dactylographiées extrêmement urgentes, pour bien montrer qu’il est de bonne foi et que le phénomène est proprement accidentel. Pendant que Durozaire charge ça sur sa propre bécane et passe huit jours à le dépouiller, il est tranquille. (Croisement avec C.)

* * * * *

(E) - Quand il est énervé, vraiment énervé, quand il en est à son douze ou quinzième café de la journée, il n’arrive pas à dormir. Il s’installe alors devant la télé, empile à ses côtés une douzaine de cassettes vidéo et regarde ses films (ou ses feuilletons) favoris en bouffant des pistaches. Pas des cacahuètes grillées, ni des amandes, ni des noix de cajou : des pistaches. Il ajoute du fromage (de la tomme vieille, en général) qu’il coupe en tranches fines sur des galettes de pain azyme (l’essentiel - pour ne pas dire l’essence - du judaïsme d’Emmanuel réside dans les habitudes alimentaires qu’il a héritées de sa mère, ex-cel-len-te cuisinière). Ou de la tapenade, ou encore du tarama. Il arrose le tout de jus d’orange ou d’une boisson gazeuse au citron vert. Si ça ne suffit pas, il tête un tube de lait concentré sucré. Cette méthode, si elle entraîne une somnolence d’apparition rapide, s’accompagne toutefois d’un reflux de liquide gastrique dans l’oesophage, lequel procure, au réveil (vers trois heures et demie du matin) une désagréable sensation d’aigreur au fond de la bouche.

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(E) - Il aimerait produire une anthologie de chapitres inconnus (et apocryphes, forcément) des livres de son enfance : 20.000 lieues sous les mers (Les toilettes du Nautilus) Le dernier des Mohicans (Oeil-de-faucon épouse Clara), Les trois mousquetaires (Le Comte de Saint-Germain ressuscite Constance), Le livre de la Jungle, Le bossu, Cristal qui songe, etc... Ledit projet n’est qu’un projet parmi bien d’autres et n’existe que sous la forme d’une quinzaine de fiches portant, en tout et pour tout, le titre du livre à "compléter". Deux ou trois d’entre elles sont enluminées de quelques notes évasives. Son rêve, bien sûr, serait de présenter son projet en grandes pompes à la prochaine séance du TECRIPLU [1]

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(E) - Il trimbale toujours, dans un étui en cuir, trois superbes stylos : un bille rouge, un feutre noir, un plume bleu. Il n’y touche jamais. Cette parure lui a été offerte par une de ses patientes de l’hôpital. C’était une très belle femme, portant un nom à particule, hospitalisée pendant quelques semaines pour une maladie grave. Appelé à son chevet, Emmanuel l’avait soulagée de petits problèmes de santé sans gravité mais très pénibles. La dignité, le courage de cette femme avaient grandement impressionné Emmanuel, qui passait souvent parler de littérature avec elle. Mais aussi parce qu’il n’était pas insensible à son charme et à sa beauté. Sans doute la patiente fut-elle touchée par sa prévenance, toujours est-il qu’un jour elle fut transférée dans un hôpital de la capitale, pour y suivre un traitement sophistiqué, mais laissa un présent pour le docteur Zachs. Quand il l’ouvrit, Emmanuel se mit à rougir violemment, à la grande surprise de la secrétaire.

* * * * *

(E ou B) - Ecrire à la main, c’est doux, vivant, spontané. Même les ratures ont leur raison d’être. La main peut déraper, l’idée peut résister. Les ratures sont le signe de la vie de l’écriture, du flux et du reflux incessant des mots. Tout glisse, tout est fluide, la main et le stylo sur la feuille, les feuilles l’une sur l’autre.

Ecrire à la machine (dactylographier ? - aucun des deux termes n’est approprié) : c’est frapper les feuilles à coup de caractères. Si fort qu’ensuite, on a l’illusion qu’ils se sont toujours trouvés là. Ensuite, la douce violence de la main révise la brutalité de la machine : on corrige, on raye, on fait des flèches de renvoi, on insère, on reformule.

Ecrire à l’ordinateur, est-ce encore écrire ? C’est d’abord produire de l’image, c’est allumer des mots sur une page fantomatique. Tout disparaît quand on éteint l’écran. Et on ne peut regarder qu’une page à la fois. Si on n’a pas d’imprimante, c’est encore pire, on ne peut même pas être sûr qu’on a vraiment écrit. On passe son temps à prier le ciel que le courant ne soit pas brutalement coupé, à vérifier que ce qu’on a écrit est correctement enregistré, à faire des sauvegardes sur disquette, des sauvegardes de sauvegarde au cas où la sauvegarde aurait eu la malchance de s’enregistrer sur une disquette défectueuse.

On passe des heures à chercher le truc génial qu’on a écrit mais dont on ne se rappelle plus où on l’a enregistré, si c’est dans tel sous-répertoire ou tel autre, bon c’était un fichier de notes, mais il y a NOTES1.DOC et aussi NOTES2.DOC et NOTESDIV.DOC et NOTESROM.DOC et VIPNOTES.DOC, NOTEBIEN.DOC et QUENOTES.DOC et MORENOTE.DOC. Or, comme ces fichiers de notes contiennent des kilomètres de texte, parfois mélangés, parfois communs, comment s’y retrouver ? Ecrire à l’ordinateur c’est parfois attraper au vol l’écoulement de la pensée, mais c’est souvent aussi courir le risque d’en reproduire le désordre. Sur disque dur. Et disquettes de sauvegarde. Ensuite, pour faire le tri entre ce qu’on a eu l’intention d’écrire sans pour autant passer à l’acte, ce qu’on a écrit et qu’on a oublié, ce qu’on se souvient avoir écrit on ne sait plus où, et ce qu’on est à peu près sûr de n’avoir jamais écrit et qu’on retrouve par hasard sans savoir d’où ça sort, c’est un peu coton.

Ecrire c’est jouir et faire jouir. Imprimer c’est empailler. Une fois imprimés, les mots sont morts pour l’écrivain. Ils ne revivront jamais. Les figures embaumées seront, vaille que vaille, exposées un temps dans le cerveau du lecteur. Le livre imprimé est comme un tableau dans un musée. Le mouvement de l’artiste a depuis longtemps disparu. Le corps de l’artiste également. Parfois, même son nom a fondu dans l’oubli. Un écrivain vivant, un écrivain vrai, n’écrit que des mots vivants.

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Une note de lecture destinée à Nouvelles et Récits (* voir plus loin)

Sam Meska : Le retour de Gerry Moseley (Jerry Moseley strikes again !), Editions Sang d’Encre, coll. "Le Regard Livide", 1991, 365p. Traduit par Jean-Pierre Carasso.

Sam Meska est un écrivain insolite, pour ne pas dire invisible, puisqu’il envoie ses manuscrits par la poste et encaisse ses (solides) droits d’auteur par l’intermédiaire d’un agent de Madison Avenue ! Insolite, son héros de roman noir ne l’est pas moins, puisque sa principale activité consiste à s’introduire sans prévenir dans la vie des gens, et à mettre la panique dans une famille, un service administratif, une entreprise, une association, etc... en procédant à des actes d’aspect anodin. Une demi-douzaine de volumes ont déjà paru aux Etats-Unis. Celui-ci, le troisième du cycle, est le premier traduit en français.

Les aventures de Gerry Moseley pourraient être qualifiés d’énigmatiques, puisque jusqu’aux pages ultimes, tout y est mystérieux, pour ne pas dire opaque. Les intentions du Perturbateur restent en effet incompréhensibles si l’on se cantonne à la surface des évènements qu’il "anime" (et comment !). Qu’on me comprenne bien : Nous ne nous trouvons pas devant l’un de ces problèmes insolubles que résout le Dr Fell de John Dickson Carr ; ici, point question d’assassinat parfait dont le coupable est connu d’emblée comme dans le Service des Affaires Classées de Roy Vickers ; Gerry Moseley n’est pas non plus l’agent d’un mystérieux Département d’Etat chargé de mystifier un trafiquant de drogue ou de déstabiliser un tyran moldo-valaque - comme dans une série télévisée américaine célèbre pour son générique explosif.

Non, Gerry Moseley est un personnage indescriptible, dont les actes à première vue gratuits, cruels ou franchement ignobles, entraînent en cataracte l’action vers un but précis mais imprévisible. On pourrait craindre le procédé, la répétition, mais non : d’un livre à l’autre la surprise est totale car l’atmosphère change radicalement. Deep down somewhere, qui débute comme un roman noir de facture classique, évolue bientôt vers le gothique flamboyant. Who framed the painter ? est une comédie qui tourne au livre "gore" et, par un irrésistible retournement final, s’achève... en roman médical à l’eau de rose !

Tout à fait à l’opposé, Her name was Kate a les allures d’un roman philosophique qui se transforme brutalement en un crime impossible où la chambre close n’est autre que... le journal intime d’un écrivain ! Aujourd’hui, les éditions Sang d’Encre nous proposent le livre "fondateur" de la série. Le retour de Gerry Moseley éclaire et enrichit le mythe de ce personnage considéré comme un classique par le public américain, et bien en voie de se transformer en objet de culte dans la panoplie des aficionados européens.
Jugez-en :

Gerry Moseley entre inopinément dans la vie de ses parents. La mère, tabassée par le père, abandonne l’enfant dans une poubelle. Au moment de vider le conteneur dans la benne l’éboueur l’entend pleurer, glisse et se casse la jambe. On confie le bébé à l’orphelinat. La directrice de l’orphelinat, vieille fille revêche et stérile, en tombe amoureuse. Le conseil d’administration la licencie bientôt en lui reprochant le relâchement brutal de sa gestion. La petite enfance de Gerry est jalonnée de médecins suicidaires et d’infirmières hystériques. Un jour, un couple demande à adopter un bébé blond et joufflu. Gerry, qui est brun aux yeux marron et maigre comme un clou, se dresse dans son lit à leur passage et les appelle Ppappa Mammama. La surveillante tente de le baillonner : Ah non, Gerry tu ne vas pas encore mettre la pagaille !, mais le couple l’assomme et enlève le bébé. Soulagé d’un grand poids, l’orphelinat étouffe l’affaire.

A partir de ce moment-là, l’enfant prend sa vitesse de croisière. Tenaillée par la culpabilité, la mère adoptive s’engage dans l’armée du salut (il faut dire, à sa décharge, que Gerry avait couru après son lapin mécanique jusque dans les jambes du joueur de grosse caisse). Rongé par le désir, le père adoptif passe à l’acte et prend un amant (après avoir dirigé sa luge sous un trente-huit tonnes, l’enfant sourit et crie "A bras" au chauffeur. Le camionneur, ébranlé, ramène Gerry à la maison, trouve le père désespéré depuis la disparition de sa femme et c’est le coup de foudre. Le couple maudit disparaît dans des bruissements d’acier et le parfum du kérosène). Gerry est alors élevé par une soeur de sa mère. La tante, déjà obsessionnelle, sombre dans la folie, ce qui incite ses propres enfants à fuir et son mari à demander le divorce.

Nous passerons sur un certain nombre de troubles et aléas divers (bagarres entre voisins, déménagements cataclysmiques, incendies, glissements de terrain, pneus à plat et ampoules grillées) et nous voici à l’adolescence.

A treize ans, Gerry pousse un de ses enseignants, d’origine japonaise, à faire seppuku en lui offrant un haïku parfait. A seize, rien qu’en traversant la rue avec un ballon de basket, il provoque une guerre sans merci entre deux bandes rivales qui venaient de faire la paix dans un quartier chaud de la ville. A vingt-trois ans, répétiteur dans un collège de jeunes filles, il provoque une émeute dans une étude en lisant à une douzaine d’étudiantes les mémoires de Lana Warm. Innocemment, il sort avant la sonnerie. Les adolescentes se jettent sur les trois premiers mâles qui leur tombent sous la main. Bilan : six grossesses (dont deux menées à terme), quinze dépressions nerveuses et neuf procès.

A vingt-cinq ans, il provoque la désorganisation totale du service administratif où il s’est fait engager sans la moindre qualification, après avoir ramassé le chapeau du directeur dans la rue. A vingt-six, il pousse à la dissolution un cabinet de groupe de huit médecins, infirmières, kinésithérapeutes et dentistes, dont il écume à tour de rôle les cabinets pour des motifs parfaitement anodins. (Rhume, mal au ventre, bobo au doigt, dent de sagesse).

A vingt-huit ans, malheureux de semer autant de catastrophes autour de lui, il décide de mettre fin à ses jours. Auparavant, il décide de souscrire une assurance-vie au nom de ses cousins. Il entre dans une compagnie d’assurances et là, derrière un bureau où elle enregistre les dossiers, il rencontre la femme de sa vie. Celle-ci, percevant sa souffrance et son désespoir, comprend instantanément qu’il veut se tuer. Elle lui propose d’aller prendre un café. Il refuse, en disant que chaque fois que quelqu’un s’occupe de lui - il est si beau si doux et si attendrissant - des catastrophes surviennent.

Elle répond qu’elle aime vivre dangereusement : depuis sa naissance, elle n’arrête pas de sortir indemne de catastrophes invraisemblables (incendies, glissements de terrain, chutes de pianos et pannes de réacteurs de 747). Elle le prend par la main. Lorsqu’ils sortent dans la rue, miracle, les oiseaux chantent, les gens sourient ; ils ont beau regarder autour d’eux, pas d’immeuble en train de s’écrouler, ils ont beau se mêler à la foule, personne ne tire à la mitrailleuse. Ivres de joie, ils s’épousent.

S’écoulent alors plusieurs années d’un bonheur paisible, dans une maison au fond des bois. Ils vivent confortablement. Le salaire de Geena est bientôt largement complété par les revenus que Gerry tire de la vente de ses nouvelles. Il s’est en effet astreint à transcrire les histoires abominables qui leur sont arrivées, à elle comme à lui. Les revues d’horreur et de fantastique se les arrachent. Peu à peu il devient l’auteur à succès d’une nouvelle génération de récits-catastrophes. Pour ne pas défier le sort, il ne rencontre jamais un journaliste, répond aux entretiens par lettre ou cassette enregistrée, et correspond avec ses éditeurs au travers d’une succession d’intermédiaires qui ne connaissent ni son visage ni son adresse. (On remarquera ici le caractère proprement autobiographique du livre de Sam Meska). Le tout entretient une aura de mystère qui accroît encore sa célébrité. On le nomme bientôt l’Homme au Manuscrits Noirs.

Puis survient l’accident bête : Geena meurt brutalement (un anévrisme cérébral qui pète sans prévenir).

Gerry sent alors que tout est écrit : le destin de Geena était d’échapper aux catastrophes mais celle-ci a eu lieu dans son corps, auquel on n’échappe pas. Son destin à lui, celui de son corps est de semer la panique. Il n’a pas besoin d’argent, puisqu’il est déjà richissime. (En plus, Geena avait souscrit une très, très grosse assurance-vie). Puisque le bonheur lui est refusé, il recommencera à semer la panique.
Il se met à son compte. Il devient Gerry Moseley, Le Perturbateur (en anglais : The Troublemaker).

Les entreprises l’engagent pour couler la concurrence. Les maffiosi pour mettre la police en déroute, les flics pour provoquer des guerres de gang, l’armée pour infiltrer les groupements terroristes des pays en voie de développement, les révolutionnaires pour faire imploser des gouvernements. Entre deux missions officieuses, il se détend en provoquant des disputes dans les clubs de vacances, des rixes sur les champs de foire, des mouvements de foule dans les transports publics, des grèves dans l’audio-visuel. Sa spécialité consiste à laisser traîner sur les bureaux ou dans les boîtes aux lettres des petits mots qui sèment la zizanie et à fredonner des refrains entêtants qui font disjoncter les cerveaux au mépris des neuroleptiques des neuro-psychiatres. Chacun de ses romans porte d’ailleurs le nom d’une de ses chansons-refrain : Mon légionnaire, Cheek to cheek, Aux Etoiles, Che sera sera, La chanson du velléitaire, Julia , Chicago Junction, La Javanaise, etc...

A paraître prochainement aux éditions Sang d’Encre : Vatican Rag.


(*) Revue littéraire ultra-confidentielle, mais courageuse et méritante, puisqu’elle a publié deux nouvelles d’Emmanuel, à l’issue d’une série d’échanges de correspondance et de tractations homériques : Nouvelles et récits publie des textes de 5 à 20 feuillets standards. Manu envoie une nouvelle de 21 feuillets. On lui demande gentiment de raccourcir un peu. Comme il en est à sa dix-septième réécriture [2], il entre en transes, C’est pas possible, ils se rendent pas compte, quelle phrase va-t-il pouvoir couper ? d’ailleurs tout le texte n’est qu’une seule phrase, et que c’est une torture et que...

Diplomate et fine lectrice, Dominique Docéane, rédactrice en chef de Nouvelles et Récits lui fait alors remarquer que sa nouvelle contient en fait deux récits distincts dont la cohabitation dans les mêmes pages ne s’impose pas. Emmanuel tombe des nues. Il prend le temps de réfléchir (six mois) puis accepte de faire de sa nouvelle incoupable deux nouvelles de - respectivement - sept et treize feuillets.

La disparition du vingt-et unième feuillet résulte de la suppression des points de suspension, parenthèses, et points d’exclamation habituellement pléthoriques dans sa prose. Il faut voir dans ce retournement un effet du professionnalisme bienveillant de Madame Docéane et du paternalisme convivial de son compagnon et co-animateur Jérémie Gautier-Dumas. Ce dernier a pris la précaution d’emmener Manu au bistrot avant de lui présenter une version "dépoindesuspensionisée" de ses nouvelles. Toujours sur le qui-vive, Manu s’est cependant décrispé au milieu du second panaché...

Depuis la parution de ses deux textes, comme tout le monde a décidé de respirer quelques années avant d’en publier un troisième, Emmanuel a offert de participer au travail rédactionnel en produisant quelques notes de lecture. Seul problème : il écrit un tantinet trop long. Dominique Docéane doit lui rappeler régulièrement qu’une note de lecture, si enthousiasmante qu’ait été celle-ci, ne doit pas nécessairement évoquer le livre dans son intégralité. Emmanuel en convient, mais il ne se résout jamais à couper. Ça lui fait mal rien que d’y penser.

* * * * *

(E) - Il est dans la CUISINE : La cuisine est rectangulaire, éclairée par deux fenêtres. C’est un lieu-clé dans la vie de Manu. C’est ici, par exemple, qu’il dépouille son courrier. Aux yeux de Manu, le courrier représente le monde alentour. Plus encore que le téléphone. Quand ça ne va pas, Manu téléphone à droite ou à gauche, à des amis qu’il ne trouve pas toujours à leur domicile (ils travaillent, eux) ou à son éditeur (lequel a souvent - c’est incompréhensible ! - un rendez-vous urgent ou quelqu’un d’autre en ligne)...

Il appelle rarement sa mère, sauf pour passer immédiatement le combiné à Tara ou Mathieu qui, eux, ont toujours quelque chose à lui raconter. Lorsque personne n’est disposé à l’écouter, il appelle l’horloge parlante. S’il téléphone souvent, Manu reçoit peu d’appels. Son entourage a bien compris le sens de cette année sabbatique et chacun sait que la sonnerie du téléphone le perturbe gravement : le temps de décrocher, il imagine que l’hôpital l’appelle pour un de ses enfants et il met la matinée à s’en remettre. Ces derniers mois, le courrier représente donc le seul lien d’Emmanuel avec le monde des vivants. Son dépouillement est un moment-clé : il détermine en effet l’humeur de la journée, et, partant, la productivité de notre homme.

Le volume du courrier à lui seul peut avoir des effets importants. Ouvrir la boîte aux lettres et n’y trouver que le quotidien, enveloppé dans un prospectus vantant les tomates à 14 francs le kilo de la Supérette voisine, le plonge dans le marasme. Souvent posté en attente dans la cuisine entre 9h30 et 9h50, Emmanuel s’efforce d’accueillir le facteur, parfois au mépris des éléments déchaînés. Une fois rentré, il se sèche, pose le courrier sur la table et en fait l’inventaire : le quotidien régional, un ou deux périodiques, les factures, divers catalogues d’éditeurs, de grossistes en objets médicaux et outillages divers et de vente par correspondance, et pour finir le courrier proprement dit, lequel se compose en général de lettres, de paquets et de plis divers.

Il ouvre les enveloppes au moyen du premier couteau qui lui vient sous la main. Il met rapidement de côté, à l’intention de Dolorès, les factures beurrées et le tiers provisionnel à la confiture. S’il n’a pas reçu de lettres, il dévore les magazines et feuillette les catalogues de vente par correspondance, pour examiner attentivement le matériel photo-vidéo et les logiciels informatiques, moyennant un détour par la lingerie féminine. Dans les revues littéraires, les interviews d’écrivains chevronnés et admirés lui font monter l’eau à la bouche. La publication d’un premier livre le fait grincer de jalousie (il ne pourra plus jamais publier un premier livre, forcément).

La vision d’un énième roman de Marc-Aimé Moulardin lui donne envie de vomir, de le dénoncer au Procureur de la République et aux chaînes de télévision, y’a pas de raison que seuls les initiés s’expriment, ce sont tous des vendus, le lecteur de base a lui aussi son mot à dire, si tout le monde se lève pour protester la médiocrité ne passera pas, etc, etc... Quand il n’y a rien au courrier - le facteur casqué ne manque alors pas de lui lancer un sourire compassé du haut de son vélomoteur - Manu rentre en traînant les pieds, étale le journal sur la table de la cuisine sans prendre la peine de l’essuyer, et se plonge dans les faits divers, assassinats de vieilles dames, piétons renversés par une voiturette sans permis, chats cuits à la casserole et enfants tombés du treizième étage sans une égratignure (le concierge n’avait pas encore retaillé les thuyas).

Il tire de cette lecture le sentiment d’avoir tout pour être heureux. Parfois, entre deux récits de viol, il tombe sur le compte-rendu de la Semaine Du Film Familial d’une quelconque maison de la culture des environs. Il se met alors à gamberger le scénario d’un film, starring son petit dernier quand il était plus petit et qu’il refusait de manger sa bouillie, blfffllltttpllllllllj’t’en mets partout et que j’te traite de tous les noms, et que j’te menace mais Pierre ne cède pas jusqu’au moment où, excédé, Manu crache : « Bon, puisque c’est comme ça, démerde-toi tout seul » et lui lance la cuillère. Le nourrisson la rattrape au vol et se met à manger tout seul. A ce moment-là du film, juste avant d’enfourner une énorme cuillerée de purée, le bébé lui jette un regard de défi. Le visage du père d’Emmanuel se superpose alors à celui de Pierre et sa bouche articule distinctement les mots « Petit con ! ».

Manu peut faire beaucoup d’autres choses dans la cuisine : revisser périodiquement les portes du placard en bois blanc, bricoler les jouets des enfants, nettoyer tous ses disques de jazz à l’eau distillée, recopier des extraits de livre dans un de ses cahiers, dresser - de mémoire - la liste de tous les épisodes de Trek Ouest, des Mystères Impossibles et de Mission Star qu’il a vus en précisant le nom du scénariste, écrire à son éditeur - ou téléphoner à la collaboratrice de Laurentieff, pour qu’elle lui annonce l’arrivée de sa lettre...
Il lui arrive aussi de préparer à manger et d’écouter la radio en épluchant des champignons. Mais c’est peu fréquent.

* * * * *

(E) - Quand il est très très angoissé [3], rien ne le calme mieux que dépenser de l’argent. Ce jour-là, Dolorès lui laisse le break. Il abaisse les banquettes arrières, charge une grande bâche et quatre ou cinq caisses en plastique et part faire les courses au Mégamagasin, dans la zone industrielle nord de Tourmens. Il part vers dix heures du matin, rentre à quatre heures de l’après-midi. Au retour, il lui faut une bonne heure pour décharger et au moins deux pour noter soigneusement dans un petit carnet l’inventaire de ce qu’il a dans les placards [4]. Une fois l’inventaire terminé, il s’affale dans un fauteuil, le coeur content, l’âme sereine, il n’a pas écrit mais il n’a pas perdu sa journée, sa petite famille ne manquera de rien, si on ne fait pas des sacrifices pour sa femme et ses enfants, à quoi bon vivre ?

* * * * *

(E) - Sur la route du Mégamagasin, il s’arrête pour prendre de l’essence. Une femme édentée, vêtue d’une blouse malpropre et portant un trousseau de clés autour du cou vient le servir.
- Bonjour, msieueuh... Fait frais, hein ? Le plein ? Quel drôle de temps ! Ce serait-y qu’il s’mettrait à neiger ?
Manu pense aux pompes automatiques qui fonctionnent avec des cartes de crédit. Pourquoi ne pas les équiper de haut-parleurs et de voix artificielles - « Fait frais, hein ? » Ou, carrément de robots, échevelés, édentés portant une blouse malpropre, "Stations Shelftal, l’essence comme à la campagne".

* * * * *

(E) Le cuir froid des mocassinslorsqu’ilglisse ses pieds dedans au petit matin. Lorsqu’il ne sera plus froid, ce sera le printemps.

* * * * *

(E) - Assis à la table de cuisine, il frissonne, regarde en direction du cagibi et se dit que la chaudière devrait se remettre en marche. La chaudière se met en marche. Il se tourne vers la fenêtre et se dit que le soleil va peut-être pointer son nez. Un rayon traverse les nuages et vient frapper la vitre. Il lève les yeux au ciel et se demande si le téléphone ne va pas sonner, en plus. La sonnerie du téléphoneretentit. Manu reste pétrifié. Le téléphone insiste. Il ne bouge pas. Il se dit : il va s’arrêter. Le téléphone cesse de sonner. La toute-puissance de sa pensée l’émerveille.

* * * * *

(E) - L’eau froide sur les mains pendant qu’il fait la vaisselle. Il pense : comme il serait bon d’aller s’isoler trois mois dans un cloître, au milieu des moines, dans le silence et le recueillement, c’est de ça qu’il a besoin, au fond, pour finir Mère Morte. Du calme, du silence, du recueillement. Dans une cellule de trois mètres sur trois... Pourvu qu’il yait le téléphone !

* * * * *

(E) - On peut vivre sans bouger de chez soi, même à la campagne. On peut tout acheter par correspondance, des tomates surgelées à la glace pistache, les livres, les disques, les meubles, les vêtements, et se les faire livrer, même à la campagne. Le médecin et le pharmacien se déplacent. Le menuisier, le plombier, le tapissier, le peintre, le réparateur de télé. Tout le monde se déplace.

On peut communiquer sans se déplacer de chez soi : téléphone, lettres, comitex, fax...

On peut recevoir ses journaux à la maison, participer à des jeux radiophoniques ou à des concours sans bouger de chez soi.

On peut tout faire sans sortir de chez soi.

Sauf justement ce qu’on fait quand on sort : Marcher dans la rue, regarder les vitrines, sourire aux enfants, snober les moches et les rébarbatifs. Contempler les flics et les filles, jeter des papiers de chewing-gum par terre. Entrer dans un magasin pour essayer un pantalon et le refuser sous prétexte que la teinte ne convient pas. Consommer un croissant et un crème au zinc. Traverser au rouge. Entrer dans des papeteries et lorgner le présentoir de stylos. Le faire ouvrir par la dame. Lui faire sortir le rouge, là. Le bleu. Pas celui-là, l’autre, à côté du doré. C’est un plume ? Un rôdeur ? Ah, un rôleur. Qu’est-ce qu’il coûte ? Ah.

Et des cahiers, vous en avez ? Oui, des cahiers, des carnets, pour écrire. Non, pas des agendas, ni des répertoires, des cahiers. Oui, c’est très beau, ce... comment appelez-vous ça ? Ah, oui, la couverture est en cuir... Ça se recharge ? Que voulez-vous dire par là ? Ah, oui, avec les feuilles qu’on remet chaque année, et ça c’est quoi ? Ah, oui. Des feuilles de relevés bancaires. Des feuilles de cotation en bourse... Mmmhh, très pratique. Vous dites ? Oui je suis médecin, vous avez bonne mémoire. Quoi ? Des feuilles d’observation ? Pour cet agenda ? Montrez-moi ça. Merci. Mmmhh. Nom, prénom, date d’entrée. Signes généraux, signes physiques, signes d’examen, schéma du corps humain. Température, pouls, tension, traitements habituels... Mais c’est très complet ! Et vous en vendez beaucoup ? Ah c’est un de vos articles les plus suivis ? Dans une ville universitaire, avec tous ces étudiants et le CHU tout proche, c’est bien normal.

Non, moi je ne pratique pas. Enfin, pas en ce moment. Non, je ne crois pas. D’ailleurs, je ne sors pas beaucoup, enfin aujourd’hui c’est une exception. Et vous n’avez pas de cahiers ? Des cahiers cartonnés. Même si le papier est moche, ou un peu jaune, mais ligné, oui, avec des lignes horizontales. Les verticales me font penser à des barreaux de prison, tandis que les horizontales, c’est plutôt comme les espaliers pour faire des exercices, ou une portée musicale, ou encore une échelle, sauf qu’on la descend... Comme en spéléologie. Vous ne faites pas de spéléologie ? Vous ne savez pas ce que vous perdez, mademoiselle. Ou madame, peut-être ? Mademoiselle, alors.

Oui, descendre dans des grottes, vous savez, avec les stalactites et les stalagmites qui finissent par se rencontrer et se souder l’une à l’autre, et parfois elles se ratent, j’en ai vu, c’est pathétique... Des cahiers. Vous n’avez pas de cahiers ? Parce que voyez-vous, je n’aime pas trop sortir de chez moi, j’achète tout par correspondance ou je commande par comitex, mais les cahiers, je ne peux pas, il faut que je voie comment ils sont faits, que je les touche, que je les soupèse, que je les ouvre, que je les tourne dans tous les sens. Je sais que vous en avez eu, il y a quelques mois. Ou quelques années, je ne sais plus.

Et dans la réserve ? Oui, la réserve du sous-sol, une de vos collègues m’y a conduit un jour, nous y avons trouvé des cahiers comme ceux que je cherche. Tout un stock, il y en avait au moins une bonne cinquantaine, de toutes les tailles. A l’époque, je n’étais pas très argenté, n’est-ce pas, alors je n’en ai pris que trois ou quatre, de différentes tailles. Ils étaient noirs avec des coins rouges. Il en reste peut-être. Oui, je comprends, vous n’avez plus la place, et la mode change si vite. Oui. Oui, bien sûr, ça ne fait rien.

* * * * *

(E) Il se sent sec. Comme un feutre dont on a laissé le capuchon ouvert. Comme... Oui, sec et douloureux comme après une partie de jambes en l’air quand on n’a pas eu la force - et pour cause ! - de se lever pour aller se rafraîchir. C’est dur, ça fait mal. Ce n’est pas la raideur du désir, mais une douleur irritée, agacée, qui se réveille au moindre frottement, qui ne vous lâche qu’au bout de dix minutes sous la douche. Plus qu’une sensation, c’est un engourdissement, d’autant plus douloureux qu’il est la seule personne au monde à l’éprouver, et qu’il est dans l’incapacité d’en dire ou d’en écrire quelque chose tant cela lui paraît ténu et sans contour.

* * * * *

Tara : Je sais ce qui te ferait plaisir. Un ordinateur qui fait les livres à ta place et te fait gagner beaucoup d’argent.
Mathieu : Oui, on mettrait les feuilles d’un côté et le livre sortirait tout fait de l’autre.
Emmanuel : Celle-là, faut que je la note.

* * * * *

(E) Le soir, il raconte à ses enfants les aventures de Papy Zim et Tatie Jade, aventuriers en semi-retraite. Zim était danseur étoile, Jade grand maître d’Aïkido, à présent ils sont détectives et - grâce à une machine exclusive - voyagent dans les livres et vont résoudre les énigmes du passé ou aider les grands détectives de la littérature à résoudre des problèmes insolubles : ils rencontrent ainsi Sherlock Holmes, Ellery Queen, Le Grand Merlini, Le Professeur Lacourbe, etc...

Dolorès ne cesse de répéter qu’il devrait transcrire ces histoires. Emmanuel répond qu’il a tout plein d’idées quand ses enfants l’écoutent (même petit Pierre, qui reste assis tranquillement un pouce dans la bouche. A noter : Pierre suce ses deux pouces alternativement. Quand il suce le même deux fois de suite, il le retire immédiatement, le regarde comme pour se dire : « C’est pas le bon » et suce l’autre.

Manu a très souvent envie de le filmer, mais il faudrait le filmer tout le temps, quand il joue, quand il se met à faire de longs discours chantants au téléphone à l’adresse d’une grand-mère ou d’un inconnu, quand il se plante devant l’écran de l’ordinateur et hurle Létin, Létiiiiiiiin, pour que son père le branche et le laisser jouer tranquille) mais - pour en revenir aux histoires -, il oublie ensuite très vite ce qu’il a raconté. S’il oublie, c’est parce que cet exercice exige un terrible effort d’imagination : après avoir Létin papa, Ovoi, il s’effondre dans le canapé et s’endort, épuisé. Le soir suivant, les enfants se chargent de lui résumer les épisodes précédents.

* * * * *

(Insérer) : A la radio, pendant qu’il fait la vaisselle ou autre chose, il entend le FLASH :
(6) ...récompense sera offerte à toute personne permettant le démantèlement de l’organisation responsable et la disparition pure et simple de cette compétition à haut risque... L’état de santé de Javier Limona semble stabilisé après l’intervention neurochirurgicale qu’il a subie hier. Rappelons que samedi soir, le footballeur vedette du Tourmens FC s’est écroulé dans les bras de son entraîneur après avoir marqué le but de la victoire en propulsant ainsi son club en tête du championnat. Le "buteur séfarade", comme le nomment ses camarades, est actuellement hospitalisé au CHU de Tourmens. Il souffre d’une tumeur au cerveau mais le Professeur Grolarbin - père du célèbre écrivain - nous a laissé entendre qu’on le reverrait bientôt sur les stades... Toutes ces informations seront développées lors de notre journal de la mi-journée... Ah ! mais on me passe une information de dernière minute...

* * * * *

BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE :

GUENOT, Jean - Ecrire, Guide de l’écrivain (avec des exercices). Editions Guenot, 85 rue des Tennerolles, 92210 - Saint Cloud

LECHAT, Georges - Aventures hallucinantes de Tatie Jade et Papy Zim. Treize volumes parus aux Editions "Mais ? Il dort !" parmi lesquels : Retour aux Champs de l’Evêque, La machine à aspirer le temps, L’énigme de l’Amazone, Le Temple Hermétique, Les chiens transversaux...

MESKA, Samuel - The Gerry Moseley Omnibus. Foreword by Isaac Asimov. New York, Doubleday, 1992, 695p.

LAING-SMITH, John-Loup - Comment démonter, nettoyer et réparer sa photocopieuse. Marabout-Service n° 2002 ; Choisir sans risque son ordinateur d’occasion. Marabout-Service n° 199O (épuisé)

DOAN, Dominique ; PENOT, Luce ; PUJEBET, Dominique ; SEBBAR, Léïla - Des Femmes dans la Maison. Nathan, 1981

P.S.

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[1Le TECRIPLU, TErrain d’ECRIture PLUridisciplinaire, est un groupement d’écrivains, de géomètres, de graphistes, de musiciens et d’hommes de publicité, qui oeuvre à la conception de formes d’expressions interdisciplinaires, si possible inutilisables par les non-membres. Le TECRIPLU compte actuellement 53 membres, parmi lesquels Bernard Gutyer, Peter L. Yuth, Jérôme Cinoche, Cléo Londres, Hortense Vorobeïtchik et Marcello Luchino. Jean Verbel vient d’y être admis.

[2Penser à suggérer quelque part qu’Emmanuel est un tout petit peu obsessionnel...

[3Pourquoi "très très" ? Parce que Manu est "très" angoissé en permanence. Il ne faut donc pas confondre ses "très grosses" angoisses (quotidiennes) avec les "très très grosses" angoisses (hebdomadaires. Au minimum.)

[4Cf. Note 2




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