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A propos de "Le conflit, la femme et la mère" d’ E. Badinter
par Selina Kyle (GRENN), suivie d’un commentaire de Emmanuelle M. 

1er avril 2010

J’ai lu le bouquin d’E. Badinter, "Le Conflit, La femme et la mère". Pas du tout inintéressant, même si elle a parfois des raccourcis un peu faciles... Genre "c’est l’arrivée d’un enfant qui est souvent responsable de la séparation du couple".

Des formules choc aussi : les femmes enfin "débarrassées du patriarcat se retrouvent avec un nouveau maître à la maison" (le bébé). "C’est le bébé qui est devenu le meilleur allié de la domination masculine"

L’allaitement et le cododo ? : "La mère efface alors l’amoureuse et met le coupe en danger". "L’enfant n’est pas propice à la vie amoureuse" "Les séparations dans les trois ans qui suivent une naissance sont bien connues" (alors là, je pouffe après avoir lu "L’histoire naturelle de l’amour" d’Helen Fischer qui énonce les causes physiologiques du déclin amoureux et où on apprend que de tout temps, dans toutes les cultures où les femmes sont indépendantes économiquement, il y a un pic de divorce après 4 ans de mariage - il faut peut-être chercher un autre "coupable" et se demander si c’est vraiment toujours regrettable...).

C’est intéressant aussi de prendre en compte ce paramètre : la disponibilité et la performance sexuelle qui est exigée des femmes. Comme si c’était mal que le désir soit parfois discret voire absent, comme si c’était mal d’être à l’écoute de son corps, de s’accorder des pauses, d’être dans "autre chose", comme si c’était impossible (ou triste) de devoir inventer une autre relation de couple, de se ménager des instants d’intimité, de se retrouver amants après une parenthèse où on partage autre chose, comme s’il était impératif, pour être une femme libérée digne de ce nom, d’être sexuellement en demande tout au long de sa vie, de manière soutenue et enthousiaste...


Selina Kyle est fondatrice du GRENN (Groupe Radical des Excitées de la Naissance Naturelle) et anime le site "Dechainees.com"




Même si son bouquin amène des réflexions fort intéressantes, ça sonne vraiment comme "avoir des enfants c’est nul parce que ça empêche les femmes de gagner autant que les mecs" "donner le sein, c’est revendiquer l’exclusivité dans les soins de l’enfant et ça sert bien le machisme" - ben oui, "grâce au biberon", ils s’étaient enfin impliqués dans les autres tâches dévolues aux mères (je ne saisis pas où le fait de donner le sein empêche papa de donner le bain à bébé). Quand on a un môme et qu’on veut lui consacrer du temps en diminuant son temps de travail, on le fait pour ressembler au modèle de mère parfaite (pas parce que c’est plus cool) et on subit plutôt qu’on ne choisit. On est dans le "sacrifice", pas dans le don de soi générateur de gratifications. On est esclave de son gosse si on ne partage pas toutes les tâches à fifty-fifty dès la sortie du ventre... Et alors quand on allaite, c’est pire de chez pire...

Bref, une vision du féminisme où la maternité, ça plombe l’égalité hommes-femmes (qui ne se mesure qu’en termes d’espèces sonnantes et trébuchantes).

Bon, elle reconnaît quand même que certaines font des gosses par choix, qu’elles ont le droit et que ça peut les épanouir... Mais elle démontre beaucoup plus de sympathie envers celles qui font le choix de ne pas avoir d’enfants je trouve (ce que j’estime comme étant un droit absolu).

Elle reconnaît qu’il y a quelques pères au foyer... mais que ça reste très très rare et que ça ne va pas s’améliorer du côté du partage des tâches domestiques... Moi je dis qu’il faudrait pitêtre apprendre à nos petits garçons comme à nos petites filles à s’occuper de ranger leur chambre, débarrasser la table, trier le linge, faire du repassage (en fonction de leur âge of course) pour ne plus offrir un modèle culturel où seules les filles sont éduquées à ce genre de plaisirs. Moi, fille née dans les années 70, comme mes frangines, nous avons été formées aux tâches ménagères par ma mère. Les garçons ? Pourquoi ? Ben maintenant, c’est leur copine qui fait tout, même s’ils bossent tous les deux.

On a l’impression aussi que la seule chose qui pèse sur les femmes, c’est un modèle de mère parfaite à laquelle il faudrait se conformer (accoucher naturellement, allaiter, cesser de travailler pour s’occuper de son môme). Franchement, le modèle de working woman parfaite, qui ne refuse jamais un surplus de travail, toujours disponible, il est pas pesant, même sans mômes ? Celui de la femme féline, toujours sexuellement attractive, toujours mince, au corps ferme et musclé, sexy même quand elle est enceinte (Gisèle Bunchen, Heidi Klum ont fait des photos de mode 2 mois après avoir accouché : la barre est haute !!!)

Je constate aussi que les femmes sont toujours prêtes à se dénigrer entre elles :celle qui voit dans la maternité l’essence de la féminité et la "Childless" qui voit dans la maternité quelque chose de désexualisant, donc une perte d’identité féminine. D’un côté comme de l’autre, même quand on veut nier l’appartenance à un genre, on met en avant un modèle de femme parfaite...

Le "conflit" nait de la possibilité du choix, comme dans bien d’autres aspects de nos vies, et des répercussions autant sur notre équilibre que sur les gens qui nous entourent. Une saine interrogation, un balancement, une décision, avec ses plus et ses moins... Le choix du mot "conflit" fait davantage penser à une "guerre" qu’à un processus d’introspection visant à ce qu’on détermine ce qui nous convient le mieux.

Moi, ça me gonfle qu’on parle de domination masculine sans cesse, là où les hommes subissent aussi plein de choses, là où les femmes ont des influences fortes sur certaines sphères de la société (et la sphère économique n’est pas celle que je garderais comme ultime référence au degré de liberté de l’individu...). Là où ce qu’il faut préserver, c’est la liberté de choix, la possibilité de faire ce qu’on veut.

Elle parle à juste titre de certaines femmes qui décideraient d’être mères à plein temps parce qu’elles sont déçues de leur maman féministe qui ne s’est pas assez occupée d’elles quand elles étaient petites. Ce qu’elle oublie, c’est que les enfants des mères à temps plein d’aujourd’hui diront probablement l’inverse : "je ne veux pas sacrifier ma vie à mes enfants comme ma mère l’a fait".

Je crois vraiment que la majeure partie d’entre nous a d’autres aspirations que d’être juste "maman" ou juste "travailleuse". La plupart des femmes veulent avoir un job intéressant et gagner du fric, avoir des loisirs, une vie amoureuse satisfaisante et parfois un ou des enfants. On ne va certainement pas toutes retourner toute notre vie au foyer à préparer des confitures pour l’hiver.

L’idéologie naturaliste, c’est une contre culture à laquelle les gens sont libres d’adhérer ou pas, un phénomène de société qui a ses raisons d’être. Un modèle parfois culpabilisateur, comme tous les autres modèles. Mais on n’est pas des cruches non plus. On peut en prendre un peu et jeter ce qui ne nous convient pas.

Là où je la rejoins, c’est qu’il faudrait fédérer les féministes essentialistes et universalistes (et les femmes qui ne se retrouvent ni dans l’une tendance ni dans l’autre) pour mener certains combats de front (je pense aux solutions de garde pour les enfants par exemple). Que celles qui veulent pouponner à temps plein soient solidaires de celles qui veulent reprendre le travail. Bref, fédérer les femmes autour de l’idée qu’il faut que tous les choix nous soient accessibles, ceux qui nous conviennent à titre personnel et ceux qui conviennent à d’autres, sans culpabiliser ni stigmatiser celles qui ne vivent pas comme nous, sans élaborer de modèle de conduite à adopter.

J’ai une amie qui a entendu Badinter à la radio belge et elle avait insisté lourdement sur le fait que l’accouchement sans péridurale, c’était "non" pour elle ! Que ça puisse être libérateur pour une femme de faire sans, ça lui est impensable. Elle aussi, elle a son modèle bien figé de femme libérée en tête.

E. Badinter dit que l’égalité des sexes se mesure à l’écart entre les salaires ("meilleur indicateur" selon elle). Selon ce modèle égalitaire, la seule manière d’être égale à un homme, puisqu’elle exclut la possibilité que les hommes partagent les tâches ménagères et le temps de travail pour s’occuper de leurs enfants, c’est soit de ne pas en faire, soit de les confier à une femme qu’on paiera pour s’en occuper (et qui elle-même soit n’aura pas d’enfants, soit paiera quelqu’un d’autre pour s’en occuper).

Peut-on parler de libération féminine quand le modèle égalitaire exclue celles qui se sentent bien dans un mode de vie "traditionnel" ? Faut-il souhaiter un tel modèle qui ne se fonde que sur la performance économique des hommes ? Peut-on imaginer que ce modèle leur convienne à eux ? Faut-il à tout prix voir une oppression des femmes dès lors qu’elles ne gagnent pas "autant" que les hommes ? Et leur prise de pouvoir dans la sphère familiale et affective ? Combien de femmes exercent un chantage affectif pour garder leur conjoint auprès d’elles grâce aux enfants ? Combien règlent leurs comptes avec eux en cas de séparation pour ce qui est de l’attribution de la garde et du "droit de visite" (expression horrible à entendre pour les hommes déchirés de ne plus pouvoir vivre auprès de leurs enfants) ? Certaines les accusent même d’attouchements sexuels pour les priver de tous contacts avec leurs petits...

Comme E. Badinter décrète qu’il n’y a aucune influence biologique poussant au maternage, que tout est culturel, elle voit forcément le fait que les femmes bossent moins que les hommes comme le résultat non pas d’un choix dicté par un élan viscéral mais comme une contrainte d’ordre culturel, une sorte de conditionnement, point.

Perso, je ne crois pas en l’existence d’un instinct maternel ou amour maternel si on le définit tel quelque chose qui se pose comme une évidence chez toutes. Les influences biologiques sont là mais le conditionnement culturel et le vécu peuvent l’inhiber plus facilement que chez les animaux (influence du néo cortex sur le cerveau reptilien).

Par contre, je crois en l’existence d’un instinct si on le définit comme le fait Helen Fischer dans son bouquin, c’est à dire la présence de comportements innés qui s’expriment majoritairement sur tout le globe, quelles que soient les époques et les cultures.Elle reconnaît que ce n’est pas du 100% du fait que nous sommes aussi des êtres de "raison".

Or, si les femmes gagnent moins, c’est aussi parce qu’elles sont plus nombreuses à réclamer des temps partiels et à refuser d’être disponibles en permanence après les heures de travail. Evidemment, le conditionnement culturel joue.Mais il y a aussi chez beaucoup de femmes qui font ce choix une part d’inné, de sentiment profond d’un besoin de fusion avec son bébé, plus ou moins long.

Comme Badinter n’envisage pas la présence d’un "instinct" tel que défini par Helen Fischer, elle ne peut pas comprendre qu’il puisse être important pour le bien-être de certaines femmes aux prises avec cette envie viscérale de lever le pied, au moins pendant un moment, sur le plan professionnel.

Pareil pour le partage des tâches ménagères : elle constate que plus il y a d’enfants, plus la charge incombe aux femmes. Je dirais que quelque part, dans une certaine mesure, ce n’est pas étonnant : si les femmes, en faisant plus d’enfants, choisissent de bosser à temps partiel ou d’arrêter de travailler, il est compréhensible qu’elles n’imposent pas à leur conjoint qui rentre après une longue journée de travail la moitié des tâches ménagères...

Est-il possible de sortir de schémas comportementaux prédéfinis ? Oui, mais ça prend du temps. Moi, je trouve que les hommes évoluent super bien pour la plupart et qu’ils découvrent le bonheur de partager des choses avec leurs enfants, plus que mon grand-père ne l’aurait fait. Ils souffrent parfois aussi beaucoup en cas de séparation, du fait de l’absence de leurs enfants (situation où les femmes sont nombreuses à réclamer la garde, même si ça doit les pénaliser sur le plan économique et professionnel).

Autre réflexion : pour E. Badinter, il n’y a pas davantage d’instinct de reproduction, puisque les femmes sont de plus en plus nombreuses à ne pas faire d’enfants par choix. Moi je dirais que si malgré les conditions économiques, malgré les contraintes liées à la venue d’un enfant, malgré la contraception et l’avortement, on fait encore autant d’enfants, c’est qu’il y a "aussi" une composante biologique au désir d’enfant (le truc qui parfois me remue le ventre et qui fait que sans mon stérilet j’aurais probablement deux enfants de plus).

Bref, E. Badinter penche du côté de l’acquis prédominant où le biologique est source d’inégalités et dont l’influence est négligeable ou inexistante.

Moi je crois que c’est un "mix" des deux qui nous dirige, à des degrés divers. Pour certaines la balance penche du côté biologique, pour d’autres du côté culturel, pour d’autres encore, une sorte d’harmonie entre les deux. Rien n’est à condamner, tout doit être possible.

Sinon, elle semble presque regretter qu’on ait découvert que le bébé était une personne et qu’il avait des besoins... C’est à peine si elle ne taxe pas ces "besoins" d’être la cause de la "servitude maternelle". On n’est pourtant pas obligé de renoncer à son épanouissement personnel et tout leur devoir, mais ce genre de découverte me semble important, notamment pour ce qui est de la garde des enfants quand maman travaille ! Aujourd’hui, on a un gouvernement qui veut parquer les mioches dans des crèches où le personnel serait en moindre nombre et moins formé, un peu comme des sardines, à chialer tous seuls dans leur coin ou être attachés dans un transat tout la journée... Juste pour que plus de femmes retournent au boulot, sans avoir à dépenser trop d’argent public, sans s’émouvoir du sort des petits :-/

En tout cas, ça nourrit ma réflexion et ça, c’est bien.

Des fois, je me dis que d’une certaine façon, elle fait comme Marie-Josée Jaubert avec "Les Bateleurs du Mal Joli" (que j’ai adoré), des fois, elle fait vraiment état de ses névroses et elle tend à sa manière à imposer un modèle de femme parfaite :-)

J’essaie de le lire avec un peu de recul et assez d’ouverture d’esprit, convaincue que ce qu’elle écrit porte aussi des éléments importants pour ce qui est de la libération féminine, c’est à dire le droit d’une femme de s’affranchir de certains courants de pensée moralisateurs pour pouvoir exister pleinement.

Selina Kyle

Selina Kyle est fondatrice du GRENN (Groupe Radical des Excitées de la Naissance Naturelle) et anime le site "Dechainees.com"


Commentaire de Emmanuelle M. 

En réponse à (ou plutôt en conversation avec) Selina Kyle sur le livre d’Elisabeth Badinter :

Le hasard a fait que j’ai lu son livre (on me l’a prêté) et écouté plusieurs de ses interventions à la télé ainsi qu’une à la radio. J’ai lu aussi ses interviews dans la presse écrite, Le Point, Télérama et Elle, si je me souviens bien.

Quand on est une femme mère de famille, forcément le titre « Le conflit, la femme et la mère » interpelle. On se dit : « Tiens, on y parle de mes petites soucis », soucis bien partagés quand on parle avec ses belles-sœurs, ses collègues. Pas quand on parle par contre avec des amies lesbiennes (je déteste ce mot, mais homosexuelles, ce n’est pas mieux, alors faisons avec) qui ont des enfants. Mais ça, dans le monde d’E Badinter, ça n’existe pas ! C’est forcément, dans le même lieu de vie, la femme, l’homme et le ou les enfant(s). C’est déjà un signe de sa vision de la société de ne pas en parler, non ?

J’ai donc beaucoup aimé l’article de Selina Kyle, je me suis souvent retrouvée dans ce qu’elle dit, et dans sa manière de le dire.

A propos de la relation entre l’homme et la femme, une fois que le bébé est là, je peux me permettre d’en parler, car j’ai vécu deux cas de figure : une première fois, une séparation dans l’année qui a suivi la naissance de l’enfant, la seconde fois, un rapprochement, une relation meilleure ou améliorée on pourrait dire. J’étais pourtant la même femme, certes à sept années de différence. Mais c’est bien le comportement de l’homme, du papa, qui a changé la vie. Sans compter l’influence de la situation économique du couple et du comportement de la famille.

Ce que je reproche à E Badinter, c’est d’être dogmatique sur ce qui se passe à l’arrivée d’un enfant. Elle pense que le bébé est un maitre à la maison. Oui, parfois. Mais pas systématiquement comme elle le laisse entendre. Si le bébé est un maitre à la maison, c’est parce que les parents veulent bien lui laisser cette place.

Je suis oh combien d’accord avec Selina Kyle sur l’exigence faite aux femmes sur la disponibilité sexuelle qui leur est demandée (plus que de la performance, là, je ne sais pas). A chaque fois que j’ai écouté des émissions sur le sexe, je fus choquée par le fait que la personne qui donne des conseils trouve normal qu’une femme désire toujours un homme à partir du moment où il est acquis qu’elle l’aime. Et elle peut le désirer sans l’aimer aussi bien sûr. Mais l’aimer sans le désirer, « que le désir soit parfois discret voire absent » comme le dit si bien Selina Kyle, ça c’est inconcevable pour ses « conseillères ». Comme si faire l’amour allait de soi, qu’il est toujours bon de s’envoyer l’air ! Ben non, il n’est pas toujours bon de s’envoyer en l’air, on peut aussi être dans « autre chose », comme si une relation de couple, c’était avant tout du sexe.

D’accord aussi quand Selina Kyle dit qu « il faudrait pitêtre apprendre à nos petits garçons comme à nos petites filles à s’occuper de ranger leur chambre, débarrasser la table ... », j’ai deux garçons et je m’y emploie chaque jour. Et je vois bien autour de moi que peu le font. A réfléchir...
Par contre, concernant la domination masculine, je serai plus nuancée. Oui, les hommes aussi subissent plein de choses, mais subissent-ils le fait de se retrouver enceinte sans l’avoir voulu ? C’est tout de même très violent cette chose-là, avoir quelque chose qui pousse dans son ventre, qui a deux responsables, mais dont seule la femme doit se dépatouiller ? Avec la baisse constante des centres d’IVG, les IVG « tardives » dans des pays étrangers, la femme subit beaucoup, non ?

Selina Kyle dit qu’il y a des sphères de la société où les femmes ont une influence forte. Lesquelles ? La sphère économique détermine toutes les autres sphères. Sans argent, sans moyen de subsistance, qu’est-ce que la vie ? D’ailleurs, au paragraphe suivant, ne dit-elle pas « la plupart des femmes veulent avoir un job intéressant et gagner du fric ». L’économique donc, c’est ce dont Selina Kyle parle en premier, avant la vie amoureuse et les enfants. Est-ce un hasard ?

Ce que je retiens du discours de E Badinter, c’est « Attention les femmes, depuis le début de la crise, on veut vous enfermer dans le rôle de la bonne mère, vous faire revenir à la maison, vous inciter à renoncer à travailler. Mais non, il faut aussi que vous bossiez et ne soyez pas esclave du retour au naturel ou à l’écolo ». L’allaitement, ringard, c’est un esclavage, les couches lavables, encore un esclavage. Les femmes seraient donc si bêtes, en France, qu’elles ne sont pas capables de savoir ce qu’elles doivent faire ?

Je ne sais si vous aviez remarqué qu’E Badinter a eue toute une journée d’antenne sur France Inter, jeudi 11 février je crois ? Et le pire, ce qui m’énerve le plus avec E Badinter, c’est qu’elle a la double casquette d’écrivain et philosophe (et non de biologiste, contrairement à ce qu’on pourrait croire parfois lorsqu’elle parle d’instinct maternel et d’instinct de reproduction), mais aussi une troisième, très importante, dont elle ne parle jamais ou presque, celle de fille et héritière de Marcel Bleustein- Blanchet, fondateur de Publicis (multinationale publicitaire), dont elle est la deuxième actionnaire et la présidente du conseil de surveillance.

Elle a donc du pouvoir (je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle « règne » comme Daniel Schneidermann) sur beaucoup des pages publicitaires des magazines (on n’est pas obligé de les regarder) et des affiches des abribus (là, on est obligé de les voir). Or l’injonction faite aux femmes via ces publicités d’être mince, belle, crémée, épilée, et j’en passe toutes ces photos porno-chic n’est-elle pas du terrorisme bien pire que l’incitation à rentrer à la maison et à utiliser des couches lavables ? C’est bizarre, elle n’en parle pas de ça, Madame Badinter.

Emmanuelle M. 




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