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La circoncision : rituel ou mutilation ?
par Martin Winckler
Article du 28 mai 2013

A la lecture de l’article sur le décalottage (Touche pas à mon prépuce !), une lectrice fidèle du site m’interpelle sur un sujet très polémique :

Qu’en est-il de la circoncision ? Que le motif soit religieux ou hygiénique (au passage, est-ce vrai qu’aux USA la majorité des hommes sont circoncis à la naissance pour des raisons d’hygiène), peut on considérer qu’il s’agit d’une mutilation ?

En d’autres termes, quels en sont les effets ? Y-a-t-il une perte de sensibilité du pénis qui diminuerait le plaisir ? Certaines personnes disent que c’est comparable à une excision ; a priori, l’amalgame me semble exagéré, mais je m’interroge...

Si vous vous posez des questions sur la circoncision, lisez aussi le site "Droit au corps - Mouvement contre la circoncision infantile"


La circoncision systématique de l’enfant n’a pas d’avantage médical démontré

La circoncision « hygiénique » date des médecins de l’Angleterre victorienne, qui l’avaient suggérée pour lutter contre... la masturbation. A la fin du XIXe siècle, Mr Kellogg, pharmacien inventeur des corn flakes, prônait la circoncision sans anesthésie des petits garçons pour lutter contre la masturbation masculine. Pour les filles, il conseillait de brûler le clitoris à l’acide...

La circoncision systématique a été abandonnée par l’Angleterre, mais a continué à être pratiquée aux USA : 85 % des garçons étaient circoncis aux USA en 1980 et encore 60% le sont à l’heure actuelle. Elle était si ancrée dans les habitudes d’ « hygiène » qu’elle était prise en charge par les mutuelles de santé et les organismes de sécurité sociale !

Aujourd’hui, la circoncision systématique est, à juste titre, combattue par un grand nombre d’associations. Un nombre croissant d’états nord-américains ont décidé de ne plus inclure ce geste médical dans leur couverture santé.

Il n’y a à l’heure actuelle aucune raison médicalede circoncire les garçons à la naissance. Aucune société médicale au monde ne le recommande et dans les pays anglophones, toutes le déconseillent, comme en témoigne ce lien. En Suède, la circoncision est rarissime, même dans la communauté juive.

Aucun médecin ne devrait donc imposer la circoncision d’un nourrisson, ni même la recommander (en dehors de l’exceptionnel phimosis dont on a parlé dans « Touche pas à mon prépuce »).

Le bon sens, les connaissances scientifiques actuelles et l’éthique devraient donc dicter à tout médecin de refuser de pratiquer la circoncision "prophylactique" d’un nourrisson lorsqu’elle est demandée par les parents.

De même, il n’y a aucune raison pour des parents dont l’enfant va bien de se plier aux "recommandations" de circoncision prophylactique données par un médecin. Le problème existe surtout aux Etats-Unis, mais il n’est pas exclu qu’il existe aussi en Europe...

Chez l’adulte, la circoncision aurait (ça reste à démontrer) un effet protecteur face au sida ! Un programme de l’OMS est d’ailleurs consacré depuis plusieurs années à l’étude de cette question.

Mais en tout état de cause, il s’agit d’une démarche *volontaire* et non d’une intervention imposée, dans un contexte très précis : celui de la prévention d’une maladie très grave.

Lors de rapports hétérosexuels, les hommes circoncis pourraient être moins susceptibles de contracter le VIH que les hommes non circoncis. C’est ce que semblait indiquer une étude française et sud-africaine dont on peut lire le résumé ici.

A noter que l’étude a porté sur des volontaires sains qui avaient accepté d’être (ou non) circoncis après tirage au sort. Lorsque le nombre d’hommes séropositifs s’est révélé supérieur dans le groupe des hommes non circoncis, l’étude a été arrêtée, et la circoncision a été proposée à tous les hommes, car continuer l’étude dans les mêmes conditions aurait été non éthique.

Par quel phénomène la circoncision serait-elle protectrice ?

Chez l’homme non circoncis, l’extrêmité du pénis et la face interne du prépuce sont des muqueuses : des tissus similaires à l’intérieur de la bouche ou du vagin, très perméables au virus. Chez l’homme circoncis, la muqueuse du prépuce a été retirée, et la surface du gland se kératinise, autrement dit : elle devient plus épaisse, similaire à la peau - qui est imperméable au virus. La surface fragile exposée au virus est donc moins grande chez l’homme circoncis que chez l’homme qui a un prépuce.

Une étude n’est jamais concluante à elle seule. Elle doit être refaite par des chercheurs indépendants, pour que ses résultats soient confirmés. Pour l’heure, on ne peut donc pas affirmer définitiviement que les hommes circoncis sont moins exposés à la contamination par le VIH que les hommes non circoncis.

Si la circoncision se révélait être une protection supplémentaire contre le VIH, ça ne serait vrai que pour les hommes hétérosexuels. Et de toute manière ça ne dispenserait évidemment pas d’utiliser des préservatifs, et ça ne justifierait pas non plus de circoncire systématiquement les petits garçons à la naissance. Cette protection supplémentaire, si elle était confirmée, pourrait tout au plus inciter des jeunes adultes à se faire circoncire volontairement, s’ils le désirent.

La circoncision est-elle une mutilation ? Retentit-elle sur la sexualité du garçon ?

Difficile de répondre à ces questions.

Psychologiquement, la circoncision peut tout à fait être une mutilation si elle est imposée par la violence et si elle n’a aucun sens pour l’homme circoncis - ou s’il refuse le sens religieux que ses parents ont voulu donner à la circoncision, par exemple. Par ailleurs, lorsqu’un garçon est circoncis à 7 ans ou à 13 ans, son âge et son environnement peuvent aussi influer de manière importante sur sa perception (positive ou négative) de la circoncision. Dans tous les cas, la perception de la personne concernée est toujours valide, personne n’a le droit de la réfuter.

Mais, parce que la douleur ou l’absence de douleur sont des perceptions individuelles, ce que ressent une personne n’est jamais extrapolable à d’autres. Ce qui rend la question très complexe.

Mutilation ou rite de passage ? Réfuter la valeur d’un rite de passage, c’est toujours délicat, et ça n’a pas le même poids selon qu’on le fait de l’intérieur de l’ethnie ou de l’extérieur... Qui sommes-nous, nous qui avons pratiqué l’esclavage pendant des siècles (y compris après la Révolution) et aboli la peine de mort il y a un peu plus de vingt ans seulement, pour porter des jugements définitifs sur les rituels des autres ?

Physiquement, la circoncision peut être considérée comme une mutilation si l’homme en souffre. La perte de la sensibilité, souvent invoquée, est une éventualité plausible en raison de la kératinisation du gland, dont je parle plus haut, et du fait que le prépuce contient des terminaisons sensitives, qui sont donc enlevées par la circoncision. Il est cependant difficile de démontrer que la perte du prépuce est nocive pour la sexualité, car on n’a pas d’élément de comparaison - et, en fait, on n’a jamais étudié la question.

La différence de sensibilité peut à la rigueur être appréciée lorsque la circoncision a eu lieu chez un adulte (qui peut comparer l’avant et l’après) ; elle est très difficile à apprécier quand l’individu a été circoncis à la naissance ou dans l’enfance. On ne peut pas avoir grandi à la fois avec et sans son prépuce et comparer les deux...

De plus, à l’âge de 8 jours, la maturation du système nerveux (et donc, de sa sensibilité, et des perceptions de la douleur par le cerveau) est loin d’être terminée ; la sensibilité du pénis évolue avec la croissance (et les expériences), et comme la sensibilité est quelque chose qui se développe, il me paraît difficile d’affirmer quoi que ce soit, dans un sens ou dans l’autre.

De même que la sensibilité érotique de la femme ne se limite pas à son vagin, au contraire (il a fallu des siècles aux médecins pour admettre que le clitoris avait un intérêt), le bon sens nous permet de penser que la sensibilité érotique de l’homme ne se limite pas à son prépuce...

L’argument de la « sensibilité pénienne » est donc trop limité pour être déterminant. On est en droit de penser qu’il n’est pas bon, a priori, d’enlever leur prépuce au garçons. Mais il n’est pas démontré pour autant que ce soit toujours nocif pour leur sexualité future.

Mais sait, en revanche, c’est que TOUTE intervention chirurgicale peut être suivie, parfois PLUSIEURS ANNEES APRES par l’apparition de douleurs de mécanisme neuropathique. Ces douleurs ne sont pas dues à la cicatrice, mais à un dysfonctionnement (encore mal compris) du système nerveux lui même. Et elles sont imprévisibles. A elles seules, elles justifient qu’on n’opère pas quiconque sans raison. A fortiori quand il s’agit d’opérer une des zones les plus sensibles du corps.

Certains auteurs déclarent que cette « moins grande sensibilité » du gland chez les hommes circoncis aurait l’avantage de diminuer la fréquence des éjaculations précoces , car c’est sa stimulation qui déclenche l’éjaculation. D’autres affirment qu’au contraire, la circoncision aggrave l’éjaculation précoce.

Mais bon nombre de femmes disent avoir mis beaucoup de temps à parvenir à un « orgasme complet » (phénomène là aussi très subjectif) au début de leur vie sexuelle et y être arrivées beaucoup plus rapidement quand elles ont trouvé le bon partenaire. De même, l’immense majorité des hommes (ou presque) sont éjaculateurs précoces en début d’activité sexuelle, et éjaculent de moins en moins vite à mesure qu’ils vieillissent (et acquièrent leur expérience sexuelle). Avec, ou sans prépuce.

Par conséquent, là encore, impossible d’affirmer quoi que ce soit de définitif car on se trouve dans le domaine de la subjectivité la plus grande qui soit.

Comment prouver que la circoncision est (ou non) une mutilation ?

Pour affirmer que la circoncision a des effets sur la sexualité de l’homme, il faudrait disposer d’études précises comparant, par exemple, la fréquence des douleurs, de l’éjaculation prématurée ou de l’impuissance, ou de l’anorgasmie (absence d’orgasme) parmi des hommes circoncis et parmi des hommes qui ne le sont pas... Après une recherche sur les sites de bibliographie médicale, je peux affirmer qu’il n’en existe pas.

Une autre étude possible pourrait par exemple comparer (par questionnaire) la satisfaction sexuelle (le délai d’éjaculation ne constituant qu’un élément parmi d’autres) des hommes circoncis à celle des hommes qui ne le sont pas... Cela, en supposant que cette satisfaction ne repose que sur la sensibilité (subjective) du pénis. Or, il me semble (corrigez-moi si je me trompe...) qu’il entre dans la satisfaction sexuelle bien d’autres éléments que la seule présence/absence du prépuce.

En plus, stricto sensu, pour que les groupes soient strictement comparable, il faudrait que les hommes circoncis et non circoncis aient des relations sexuelles dans des conditions strictement identiques - et, en particulier, avec la même femme ! Comme on le voit, pareille étude rencontrerait beaucoup d’obstacles éthiques et pratiques...

Donc, si je peux me permettre cette image, la question n’est pas près d’être... tranchée.

La circoncision, est-ce (très) douloureux ? Les circoncisions religieuses, au moins chez les Musulmans, se font sans anesthésie, vers 7 ans dans les pays du Magreb et à la puberté en Afrique noire. Par exemple, la pratique traditionnelle, au Maroc, est qu’un membre de la famille (oncle ou tante, souvent) trouve un prétexte pour "enlever" l’enfant à ses parents et le ramener circoncis à la surprise générale ; une fête est alors organisée. On est en droit de se demander comment l’enfant vit cela. A votre avis, est-ce moins douloureux à 8 jours que vers 7 ans ou à la puberté ? (Question d’un internaute.)

Une lectrice, ayant lu cette question, m’écrit :

"Mariée à un marocain, vivant au Maroc, ayant assisté à de nombreuses circoncisions, cette affirmation est totalement fausse.

Au contraire... l’enfant est normalement circoncis à l’âge de sept jours,au cours de la cérémonie du nom, qui est un peu l’équivalent du baptême et qui est très belle, et surtout qui se passe en famille. C’est sa mère qui
l’apporte au milieu des hommes, avant de se retirer, et de recevoir à nouveau son enfant une fois l’opération faite. Priver le père de son privilège serait une offense...
Il est vrai que, de plus en plus, dans les villes, la circoncision est médicalisée, en hôpital, et donc détachée de cette cérémonie. Elle peut
avoir lieu plus tard, et dans ce cas donne lieu à une fête où l’enfant est
couvert de cadeaux, pour lui faire oublier son opération.

Sauf dans des cas de famille mixte, avec des conflits où un des parents ne souhaite pas faire circoncire l’enfant, je n’ai jamais entendu parler de la pratique évoquée dans cette question." (M.)

Commentaire de MW :

En tout état de cause, les usages de la circoncision varient d’une communauté à une autre, et il n’est pas question de critiquer (à tort, le plus souvent, quand on ne les connaît pas) certaines coutumes en tant que telles, mais de s’interroger de manière plus générale sur la question de la douleur liée à la circoncision. Sachant que celle-ci est pratiquée à des âges différents selon le milieu, on pourrait penser (mais on n’en a pas la preuve) qu’il est plus traumatisant (physiquement et psychologiquement) d’être circoncis à 7 ans ou à la puberté que ça ne l’est à 8 jours. Mais comparer des nouveaux-nés et des adolescents, c’est très problématique - puisque la douleur, encore une fois, est une expérience subjective, et qu’une douleur de mécanisme neuropathique peut apparaître longtemps après une intervention.

Cela dit, des études ont montré que les nourrissons circoncis, quand ils sont vaccinés par la suite, ont des réactions à la douleur plus intenses que les nourrissons non circoncis. Ce qui semble indiquer que la circoncision les a sensibilisés à la douleur. Même s’ils n’en ont pas le souvenir.

Pour se faire une idée objective (ou s’en approcher) il faudrait interroger des hommes qui ont été circoncis à différents âges (donc, dans différentes ethnies), leur demander quel souvenir ils ont de leur circoncision, à évaluer la gêne sexuelle (ou l’absence de gêne), et les comparer. Comme on peut le penser, ce serait très discutable : si on ne se fonde que sur le souvenir de la douleur on pourrait en tirer comme conclusion que la circoncision à 8 jours (qui ne laisse pas de souvenir) est moins traumatisante que la circoncision à 7 ou à 15 ans.

Or, les sentiments personnels comptent aussi : un athée circoncis à l’âge de 8 jours par sa famille juive peut très bien considérer cette circoncision (sans souvenir douloureux) comme une mutilation symbolique parce qu’imposée, et un jeune Sénégalais circoncis au cours d’un rituel propre à son environnement familial et culturel peut garder de son rite de passage un souvenir de fierté et d’appartenance, même s’il a été douloureux.

Et inversement.

Là encore, la subjectivité, qui n’est pas dénuée d’importance. n’est pas mesurable. Or, on ne peut pas purement et simplement la passer sous silence en arguant qu’un rituel serait (pour ceux qui ne le pratiquent pas) « archaïque » ou « barbare ». Utiliser de tels qualificatifs est une attitude ethnocentrique et paternaliste, et on sait ce que ça peut donner...

Si on circoncit un garçon, peut-on lui éviter de souffrir ? (Question d’une internaute)

Sans doute, mais pas forcément en l’endormant : il ne faut pas oublier que l’anesthésie générale n’est pas une procédure sans danger. Quel que soit l’âge de l’enfant, on pourrait au moins utiliser un anesthésique local (xylocaïne, crème Emla), comme pour n’importe quel geste de petite chirurgie (suture, retrait d’un grain de beauté, retrait d’un implant, etc.).

Encore faudrait-il que cette anesthésie locale ait été étudiée - en comparant la réaction, les pleurs, etc. d’enfants circoncis avec anesthésie locale à celle d’enfants été circoncis sans anesthésie locale, les uns et les autres avec l’accord des parents.

Même si on démontrait que l’anesthésie locale sert à quelque chose (ce qui n’est pas prouvé, car pour un geste si court, l’effet anesthésique d’un placebo - la goutte de vin donnée par les mohels juifs, ou un biberon sucré - est peut-être tout aussi efficace), il faudrait ensuite que l’anesthésie locale soit incluse dans le rituel.
Or, les rituels religieux (et leurs exécutants) sont souvent rétifs aux intrusions médicales.

Circoncision des garçons et excision des petites filles : même combat ?

Peut-on raisonnablement comparer la circoncision à l’excision des petites filles ? Les complications immédiates (hémorragie) et à long terme (douleurs, troubles sexuels) de l’excision sont très nombreuses et très graves : l’excision consiste à amputer la femme de son clitoris, zone très sensible, très riche en terminaisons nerveuses et laisse le plus souvent des douleurs permanentes. L’équivalent chez l’homme consisterait à couper le gland avec le prépuce ! Ca n’est donc pas du tout pareil.

Certains auteurs pensent que circoncision et excision devraient être toutes deux interdites, puisqu’elles sont imposées à des enfants qui n’ont rien demandé. D’un point de vue éthique, ça se tient. En pratique, ça complique beaucoup les choses de lier les deux problème car ils ne concernent pas les mêmes populations : les Juifs et les Musulmans du pourtour méditerranéen ne pratiquent pas l’excision. Certains Musulmans africains ont appelé à la faire cesser l’excision. Confondre les deux gestes dans la même attitude de rejet, c’est confondre des ethnies et des attitudes très différentes, ce qui n’est pas très éthique. Bref, c’est compliqué... Là encore, il faudrait que les premiers concernés envisagent la question au sein de chaque groupe ethnique l’un après l’autre. Les réponses ne peuvent pas venir purement et simplement de regards extérieurs, si "bienveillants" soient-ils. (Paternalisme et bienveillance ont en effet la fâcheuse tendance de se mélanger les pinceaux.)

En résumé  :
 la circoncision systématique pour motif médical n’a aucune raison d’être ;
 la circoncision médicale chez l’adulte pourrait être une protection supplémentaire (en plus du préservatif, mais pas « à la place » du préservatif) contre la contamination par le VIH ; des études sont en cours pour le démontrer ;
 alors que l’excision rituelle des petites filles est toujours une mutilation ayant le plus souvent - c’est démontré par de nombreuses enquêtes - des conséquences lourdes, immédiates ou à long terme pour la vie et la sexualité, la circoncision rituelle des garçons, pratiquée de manière différente d’une ethnie à une autre ne semble pas, faute d’études sur le sujet, avoir des conséquences aussi lourdes et aussi répandues.
On est en droit de penser qu’un certain nombre d’hommes circoncis n’en souffrent pas à l’âge adulte. Mais ça ne prouve en aucune façon qu’aucun n’en souffre. Seulement, avant d’affirmer tout ou son contraire, il faudrait leur demander leur avis, et le consigner, et étudier les réponses à grande échelle.

Pour répondre à ces questions, on ne peut pas faire l’économie d’études très poussées, ethnie par ethnie. Ça n’est évidemment possible qu’avec le concours de chaque groupe ethnique, de manière indépendante. Ça ne peut en aucune manière être imposé de manière autoritaire. Et d’ailleurs, par qui ?

La richesse des symboles sans la violence des rituels

Les humains ont besoin de symboles. De tout temps, ils ont pratiqués des rituels violents pour faire symboliquement barrage à la violence des éléments ou des phénomènes qui les menaçaient. Il est impossible de faire disparaître du jour au lendemain une pratique symbolique quand elle est profondément ancrée dans une croyance ancienne. Mais si cette pratique est nocive pour l’individu, on peut essayer de la remplacer, par une autre qui puisse être porteuse des symboles de cette croyance sans atteinte à l’intégrité de l’individu. On peut conserver les symboles sans la violence des rituels.

En Polynésie, pendant des milliers d’années, nombre de tribus vénérant le Dieu Requin lui offraient des humains en sacrifice. Aujourd’hui, elles lui offrent des fruits ou les entrailles d’un cochon.

Les rituels des populations évoluent avec le temps. On peut rêver qu’un jour la circoncision et l’excision soient remplacées par le port d’un bijou...

Martin Winckler

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