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Pourquoi les français bouderaient-ils l’internet ?
"Odyssée", France Inter, 23 janvier 2003
Article du 13 février 2005

Les enquêtes sont contradictoires. Pour certaines, l’internet n’aurait pas beaucoup de succès en France. Pour d’autres, la France serait en passe de rattraper son retard. Ce serait logique car, malgré des traits communs, l’internet donne accès à une somme d’informations et de connaissances bien plus variées que la télévision, et permet de communiquer de manière infiniment plus souple et plus libre que le téléphone, fût-il portable.

Alors pour quelles raisons les Français seraient-ils rétifs à l’utilisation d’un instrument qui propose plus que ceux qu’ils utilisent déjà ? Sans être exhaustif, j’aimerais suggérer quelques réponses.

Il y a, évidemment, le coût. Et d’abord, celui de la machine. S’il est tout à fait possible de trouver des ordinateurs à moins de 750 Euros, cela reste une somme que beaucoup ne débourseront pas s’ils n’en voient pas l’intérêt.

En dehors même de son prix, l’ordinateur en lui-même est mal considéré en France. Il y a à cela des raisons très simples : alors que le Minitel est une invention française, les ordinateurs viennent d’ailleurs. Des États-Unis, du Japon, de Corée, suppôts de la mondialisation. D’ailleurs, leur clavier est immense, alors que sur celui du Minitel, il suffit d’un doigt. Les programmes sont compliqués, et les stages d’initiation proposés aux enseignants ou aux salariés n’ont pas arrangé les choses : à en croire certains formateurs, la moindre fausse manoeuvre (la moindre erreur de frappe sur une touche) pouvait non seulement effacer tout le travail accompli, griller les disques durs mais aussi provoquer la destruction irrémédiable de tout le réseau d’entreprise. (J’exagère à peine.)

Aujourd’hui encore, l’ordinateur fait peur. Mais à l’heure où un gamin de quatre ans sait le maîtriser parfaitement, cette peur est-elle bien justifiée ? En parlant des enfants : l’ordinateur, dans un bureau, c’est un outil de travail. À la maison, c’est encore un truc qui va empêcher les enfants de faire leurs devoirs. Fragile et futile, l’ordinateur est également menacé par sa frivolité : à force d’avaler des disquettes inconnues, il finit par attraper un virus - et par être puni.

Ensuite, il y a l’internet en soi. À en croire les médias français, c’est une source infinie de menaces : les sites pornographiques et nazis ; les pirates informatiques qui, dit-on, s’amuseraient à entrer dans nos disques durs ; les commerces en lignent qui demanderaient notre numéro de carte de crédit pour nous pomper notre salaire...

Evidemment la réalité est autre : un enfant ne devient pas nazi en voyant une croix gammée ou violeur en voyant une femme nue ; nos secrets privés n’intéressent pas les terroristes et on court plus de risque à donner son numéro de carte en commandant par téléphone une batterie de casseroles qu’on a vue au téléachat. [1]

Il y a trois ans, dans un débat, j’ai entendu dire que le courrier électronique - je cite - ferait disparaître la lecture, la correspondance et la conversation. Si tant est que cela soit un repère, je reçois en réaction à mes chroniques beaucoup plus de courriers électronique que de courriers papier, et pas seulement des lettres, mais aussi des images et des centaines de pages de documents. Et beaucoup d’auditeurs internautes consultent les chroniques archivées sur le site. L’internet fait lire, écrire et échanger ceux qui s’en servent...

Dernier reproche, souvent implicite, mais que je crois secrètement important : ce truc-là, l’internet, dès qu’on cherche la moindre chose, on tombe sur un site en anglais. C’est insupportable. Je comprends mais voyez-vous, il y aurait beaucoup plus de sites en français si, comme les Suisses, les Québécois et les Belges, tous les Français s’y mettaient. Car l’internet n’existe que par ses utilisateurs - et son secret est celui de toutes les relations humaines : plus on donne, plus on reçoit.


[1Note du 13 février 2005 : De plus, on trouve facilement des anti-virus et des pare-feux gratuits et efficaces qui permettent de se protéger contre toute intrusion malencontreuse, même quand on surfe comme un fou...

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