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L’éthique dans les séries télé : une émission radio hebdomadaire en ligne sur Radio Créum

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Qu’est ce que le parlement des enfants ?
Odyssée, 25 septembre 2002
Article du 23 août 2004

Bonjour aux enfants d’hier, aujourd’hui et surtout de demain .
La première fois que j’ai entendu parler du parlement des enfants, j’ai pensé « C’est bien, on suggère aux enfants que ce monde est le leur et que, lorsqu’ils seront adultes, ce sera à eux de le faire avancer ». Hier soir, je suis allé potasser le site de l’assemblée nationale, et voici ce que j’y ai appris.

Le parlement des enfants est né en 1994 à l’initiative de Philippe Seguin, alors président de l’Assemblée. Depuis, chaque année, à partir du mois de septembre, après avoir fait acte de candidature, 577 classes de CM2, représentant l’ensemble des circonscriptions législatives de métropole et d’Outre-mer, rédigent avec leur instituteur une proposition de loi sur le thème de leur choix et des questions à poser au président de l’assemblée et au ministre de l’éducation nationale.

Chaque classe élit de plus un élève qui sera le « député junior » de la circonscription. À la fin de l’année scolaire, les 577 « députés juniors » siègent à l’Assemblée et choisissent l’une des lois rédigées par leurs camarades. Cette loi est ensuite déposée au bureau de l’assemblée et régulièrement examinée.

Depuis 1994, quatre lois proposées par le parlement des enfants sont devenues des lois de la république. La première, concerne les fratries d’enfants adoptés. La seconde porte sur les droits de l’enfant orphelin face au conseil de famille. La troisième interdit l’achat par le service public de fournitures fabriquées par des enfants dans les pays où leurs droits ne sont pas respectés. La quatrième vise à améliorer la détection des enfants maltraités.

Tout cela est bel et bon, mais... Car il y a un « mais ». Et même plusieurs.
C’est instructif, de ne pas se contenter des trente secondes de journal télévisé et de lire les textes officiels en détail. On y apprend, par exemple, que parmi les classes qui chaque année présentent leur candidature, la classe retenue pour chaque circonscription n’est pas tirée au sort - ce qui serait le plus démocratique - mais choisie arbitrairement par l’inspecteur d’académie.

Sur les 577 lois proposées, dix seulement sont examinées par le parlement des enfants. Sont-elles tirées au sort ? Non. Les « meilleures » sont choisies par des enseignants désignés par les inspecteurs d’académie et par un jury national désigné par le président de l’Assemblée et le Ministre de l’éducation nationale. Quant aux questions posées par les élèves au président de l’Assemblée et au ministre... ce sont ces derniers qui choisissent celles auxquelles ils vont répondre. Encore une belle preuve de démocratie directe.

Autrement dit, quand le parlement des enfants se réunit, les dés sont pipés et cela, depuis le début. Et d’ailleurs, les 577 députés juniors votent-ils vraiment ? Non, car si on les laisse s’amuser à appuyer sur le bouton, c’est pour qu’ils dressent... le palmarès des dix propositions de loi. Tout ceci n’est en effet qu’un concours, destiné à décerner des prix aux dix classes qui ont (aux yeux des adultes, rappelons-le), écrit les « meilleures » propositions de loi.

Palmarès, concours, prix, tout ceci pue l’ancien régime et signifie bien que, pendant une année, on a surtout demandé aux enfants de bien travailler, mais pas du tout d’exprimer leur point de vue. Il est vrai qu’on demande ça aux CM2. Si on le demandait aux élèves de seconde ou de première, ce serait certainement une autre paire de manches.

Vous allez me dire que je suis de mauvaise foi : et ces lois de la République, votées à l’initiative des enfants ? Ah, oui, les lois. Allez donc les lire, ces lois et vous mesurerez leur portée réelle.
Un seul exemple : la loi qui demandait qu’on ne sépare pas les frères et soeurs lorsqu’ils sont adoptés se traduit, dans le code civil, par un article supplémentaire, le 371-5, que voici : « L’enfant ne doit pas être séparé de ses frères et soeurs, sauf si cela n’est pas possible ou si son intérêt commande une autre solution.
Autrement dit : sauf si les adultes en décident autrement.

La vérité est toujours moins gaie que les illusions. Mais la vérité vaut toujours mieux que les mensonges et, plus tôt on perd ses illusions, plus vite on s’en remet.
Alors, les enfants, pardon de vous désillusionner, mais à la question : « Qu’est-ce que le parlement des enfants », le citoyen adulte et désolé que je suis se doit de répondre que c’est une gigantesque mascarade et une escroquerie morale de première grandeur.

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