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Contraception et gynécologie >


Pour prendre la pilule, examen gynécologique, examen des seins et prise de sang ne sont pas nécessaires...
... et le Conseil national de l’Ordre des médecins est d’accord.
Article du 16 novembre 2008

En France, lors des consultations pour prescription de pilule, de nombreux médecins (gynécologues comme généralistes) imposent aux femmes un examen gynécologique (toucher vaginal), un frottis de dépistage du cancer du col et un examen des seins. Or, pour l’ensemble de la communauté scientifique internationale, ces examens sont inutiles lors d’une première consultation chez les femmes en bonne santé n’ayant aucun symptôme particulier et consultant uniquement pour la prescription (ou le renouvellement) d’une contraception orale. Ceci est également valable si la femme demande la pose d’un implant contraceptif, qui équivaut à une contraception orale par progestatifs seuls : pour se faire poser un implant, il n’est ni indispensable, ni même nécessaire de subir un examen gynécologique...

La non-nécessité de l’examen gynécologique est avalisée par le Conseil de l’Ordre des médecins dans son bulletin d’avril 2007 consacré à la prévention des IVG chez les mineures.

[Il n’est d’ailleurs pas non plus utile de se faire doser son cholestérol ! Lire l’article sur le sujet)

Il n’est pas non plus indispensable de se faire faire un frottis cervical de dépistage tous les quatre matins

Dès 2001, le JAMA indiquait que l’examen gynécologique n’apportait aucune information pertinente pour prescrire une contraception orale, et que le recueil d’informations verbales auprès de la patiente et la prise de la pression artérielle suffisaient largement.

L’attitude de l’IPPF (International Planned Parenthood Federation - Fédération internationale des associations de contrôle des naissance) à ce sujet a été clairement énoncée dans un document datant de février 2003.

En voici la synthèse

L’examen des seins :

La raison habituellement avancée pour justifier la
palpation des seins ou l’examen pelvien avant prescription de la
pilule ou d’injectables est qu’ils permettent de vérifier l’absence
d’affections constituant des contre-indications à la contraception
hormonale, ou qui seraient aggravées par cette dernière.

L’OMS
a défini les critères médicaux à prendre en compte en cas
d’utilisation d’une méthode contraceptive hormonale.

Le cancer
du sein en évolution est considéré comme une contre-indication à
toutes les formes de contraception hormonale, car elles sont
susceptibles de favoriser la progression de la maladie.

Cependant, la plupart des femmes qui ont recours à la
contraception hormonale sont jeunes et, dans ce groupe d’âge, le
risque de survenue d’un cancer du sein est extrêmement faible.

Au Royaume-Uni, seules 16 femmes sur 10 000 auront
développé un cancer du sein à l’âge 35 ans, et ce risque est
probablement encore inférieur dans les pays en développement.
(...)

Bien que la pratique consistant à poser des questions relatives à
d’éventuels problèmes affectant les seins soit louable, il a été
établi que la palpation par des professionnels de santé
n’entraînait pas de réduction de la mortalité imputable au cancer
du sein.

A l’issue d’un essai auquel ont participé des femmes
âgées de 45 à 64 ans (soit un âge bien supérieur à celui de la
plupart des utilisatrices de contraceptifs hormonaux), seuls 2 %
des patientes dirigées vers un spécialiste en raison d’un résultat
anormal de l’examen des seins souffraient effectivement d’un
cancer du sein.

La sensibilité insuffisante de l’examen des seins
en tant qu’outil de dépistage et la rareté de la maladie parmi les
femmes jeunes font qu’il serait nécessaire de faire subir un
examen clinique à 175 000 femmes âgées de 20 à 24 ans pour
détecter un (1) cas de cancer du sein. En tant que mesure de santé
publique systématique, l’examen des seins ne se justifie donc
nullement.

Pourtant, certains cliniciens continuent de plaider
pour qu’il soit pratiqué de manière sélective - en partie parce
que, indépendamment des résultats des recherches récentes, la
pilule est inextricablement liée au cancer du sein dans l’esprit de
certaines femmes et que des examens réguliers des seins les
rassurent.

Malheureusement, le manque de sensibilité de ce type
d’examen signifie qu’elles sont parfois rassurées à tort. En outre,
si le résultat est anormal, elles éprouvent une grande inquiétude.

Or, le fait de pratiquer un dépistage sur 175 000 femmes âgées de
20 à 24 ans aboutirait à 10 500 résultats positifs erronés (c’est-àdire
que les examens donneraient un résultat anormal en
l’absence de toute anormalité) pour un (1) résultat positif correct.

Enfin, nombre de femmes souhaiteraient qu’on leur épargne une
palpation des seins - qui suscite une gêne bien compréhensible
lorsqu’elle n’est pas absolument nécessaire.

Ce type
d’examen ne devrait donc être pratiqué que si les antécédents de la
patiente le justifient, et donc, sûrement pas chez une adolescente ou une femme de moins de 25 ans qui ne se plaint de rien !!!


L’examen gynécologique ("toucher" vaginal)

Pour quelles raisons fait-on subir un examen gynécologique aux
femmes qui consultent en vue d’utiliser la contraception
hormonale ? Les médecins le justifient parfois en arguant qu’il
s’agit d’un moyen de détecter une maladie de l’utérus, des trompes ou des ovaires , une infection sexuellement transmissible ou une grossesse.

Or, pour l’OMS les affections
suivantes :
endométriose ; fibromes utérins ; tumeurs ovariennes bénignes ;
cancer de l’endomètre et cancer ovarien ; ectropion cervical n’interdisent pas que la contraception
hormonale soit utilisée en toutes circonstances et même, dans les pays en développement, délivrée
par une personne ayant reçu une formation clinique limitée (autrement dit : une infirmière, et non un médecin).

Les infections sexuellement
transmissibles (y compris l’infection à VIH) et l’infection
génitale haute ne sont pas non plus des contre-indications à la contraception hormonale.

En effet, aucune de ces affections n’est aggravée
par la contraception hormonale (pas plus que la
grossesse)
.

De plus, la présence de la plupart de ces affection est habituellement associée à des
symptômes
que l’on peut identifier en interrogeant la femme, et cet interrogatoire devrait être fait AVANT la prescription des contraceptifs hormonaux.


Ces affections sont-elles fréquentes parmi les femmes en âge de procréer, et l’examen
gynécologique est-il l’outil le plus approprié pour procéder à ce
diagnostic ? La réponse est non, et voici pourquoi :

- le grossissement de l’utérus ou des ovaires ? : Les cancers de l’ovaire et de l’endomètre (paroi intérieure de l’utérus) sont des maladies qui frappent en priorité les femmes ménopausées. Donc, pas les utilisatrices de la pilule...

- Les fibromes utérins ? Ils sont fréquents parmi les femmes
en âge de procréer, surtout après 35 ans, mais se transforment très rarement en tumeurs malignes. Chez une femme qui ne présente aucun symptôme, la
découverte d’un fibrome à l’issue d’un examen clinique n’a pas d’incidence, d’autant plus que la contraception orale, en général, limite la croissance des fibromes !

- Le cancer du col utérin ? Il devrait être détecté au moyen de programmes de dépistage de routine - autrement dit : le frottis vaginal, qu’il est abusif d’effectuer plus d’une fois tous les trois ans chez une femme n’ayant qu’un seul partenaire sexuel. D’après les consensus scientifiques actuels, le premier frottis devrait avoir lieu à l’âge de 25 ans OU BIEN 8 ans après le premier rapport sexuel. Ce qui ne concerne évidemment pas les adolescentes.

- Les infections sexuellement transmissibles ? Elles sont fréquentes parmi les
jeunes femmes sexuellement actives, mais l’établissement des
antécédents sexuels (multipartenariat, absence d’utilisation de préservatifs) et la présence de symptômes éventuels comme des " pertes " anormales permettent au médecin de déterminer lesquelles de ces femmes sont exposées à des risques particuliers et doivent faire l’objet d’un dépistage.

Par ailleurs, les infections asymptomatiques (silencieuses) telles que l’infection à Chlamydia trachomatis ne sont détectées que par des tests microbiologiques spécifiques, et non par l’examen clinique seul.

- la grossesse ? le médecin (et la femme...) l’évoquent sur la base de l’historique des règles. Et quoi qu’il en soit, si une grossesse a débuté il y a moins de six semaines, elle n’est pas détectée par l’examen gynécologique ("toucher" vaginal) : l’utérus n’a pas encore grossi. Dans le doute, un test de grossesse acheté en pharmacie est plus fiable, tout aussi rapide et beaucoup moins agressif pour la femme.


On peut déduire logiquement de ce qui précède que l’examen des seins et l’examen gynécologique sont absolument abusifs avant prescription d’une pilule contraceptive à une adolescente ou une femme jeune en bonne santé qui ne se plaint de rien

Il n’est pas inutile que ces femmes le sachent afin de refuser, poliment mais fermement, l’examen clinique comme " condition " de la délivrance de la pilule.

Le document de l’IPPF ajoute en effet :
L’examen des seins ou du pelvis ne permet que rarement de
détecter l’existence d’une maladie. Par contre, il a tendance à
attirer l’attention sur des phénomènes qui ne
présentent pas de pertinence clinique et, ce faisant, suscite
l’inquiétude des patientes.

Les femmes seraient plus susceptibles
de solliciter des conseils en matière de contraception si ces deux
types d’examen, qui ne présentent que peu d’utilité d’un point de
vue clinique, cessaient d’être systématiques et n’étaient effectués
que lorsque les antécédents médicaux de la patiente le justifient. Les praticiens qui y ont recours de façon systématique devraient
se demander pourquoi ils continuent de le faire.


Les
recommandations actuelles de l’OMS en matière d’utilisation
des contraceptifs indiquent que le seul examen médical
nécessaire avant prescription d’un contraceptif hormonal est la
mesure de la tension artérielle.

J’ajouterai qu’en France, la prescription de pilule contraceptive PEUT et DOIT (en l’absence de contre-indication) être faite pour 12 MOIS ! ! ! ! La loi (et la sécu) l’autorise absolument.

Même si vous devez tout de même aller chercher une boîte de trois plaquettes chaque trimestre chez votre pharmacien (car la délivrance de la pilule n’est autorisée que pour trois mois d’affilée), il est abusif qu’on vous impose une consultation tous les 3 ou 6 mois uniquement pour renouveler une pilule que vous tolérez parfaitement.

Martin Winckler

Lire l’article sur cholestérol et pilule

Un article de Time rappelait en 2010 que ni l’OMS ni le Collège des gynéco-obstétriciens américains ne considère l’examen gynécologique comme nécessaire à la prescription d’une pilule.

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