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Pilule "Jasmine" : à ne pas utiliser n’importe comment !
Article du 30 décembre 2012

Jasmine : des dangers et une promotion tandencieuse...

Note : l’article qui suit a déjà quelques années, il peut être utilement complété en lisant cet article qui date de décembre 2012 et parle des risques cardio-vasculaires des pilules de 3e et 4e génération, dont fait partie Jasmine...

Le marché de la contraception orale est si vaste qu’il intéresse évidemment beaucoup l’industrie pharmaceutique, en particulier dans un pays comme les Etats-Unis où le taux d’utilisation de la pilule et du DIU ("stérilet") a chuté de manière spectaculaire en raison de la publicité faite aux « dangers supposés » de ces contraceptifs. De ce fait, aujourd’hui, les états-unis ont l’un des taux de grossesses chez l’adolescente les plus élevés des pays développés.

Les industriels cherchent donc en permanence à produire de nouvelles molécules (ou de nouvelles formes, comme le « patch ») qui puissent rassurer et séduire les utilisatrices potentielles... en particulier les jeunes femmes. Un exemple de ces recherches réside dans la commercialisation récente de la pilule Jasmine (aux Etats-Unis : Yasmin), dont les avantages sont illusoires, mais les dangers réels.

Conscients de l’inquiétude de beaucoup d’utilisatrices qui craignent de « prendre du poids avec la pilule » et conscients du fait que certaines femmes présentent, à la fin de leur cycle normal, une légère « rétention d’eau » qui s’estompe avec la survenue des règles, ils ont conçu une pilule contenant de l’éthinyl-estradiol (comme dans toutes les pilules "combinées") et un progestatif particulier, la drospirénone, qui aurait un « léger effet diurétique » (autrement dit : elle fait perdre un peu d’eau et de sel...)

C’est d’ailleurs ce qu’indique précisément sa fiche signalétique : « La drospirénone est un nouveau progestatif qui possède des propriétés antiandrogéniques et une légère activité anti-minéralocorticoïde. » L’indication officielle de Jasmine en France est « contraception orale », ce n’est pas « contraception orale des femmes qui veulent maigrir ». Malheureusement, le discours de marketing du laboratoire, en entretenant la confusion entre « prise de poids » et « rétention d’eau » a déjà eu des effets sur la prescription de Jasmine, car aux États-Unis, la marque a gagné, au travers des médias, la réputation de « pilule qui fait maigrir », ce qui est évidemment complètement faux !

En France, Jasmine est réputée, de manière plus équivoque, être la pilule qui "évite la prise de poids due aux pilules contraceptives". En réalité, cette prise de poids n’est ni systématique, ni mesurable : des femmes prennent du poids sous pilule, d’autres en perdent, et la plupart des femmes prennent du poids à mesure qu’elles avancent en âge, avec ou sans pilule. Certains organes de presse ont cependant fait écho à cet effet "amaigrissant"...

(Lire un exemple du débat qui s’instaura dans les médias en 2002)

Plus grave, un article tout récent (avril 2003) du respecté British Medical Journal révèle qu ?en Europe, où Jasmine est commercialisée depuis 2000 et serait aujourd ?hui déjà prescrite à 500 000 femmes, 40 cas de phlébites, dont deux mortels, ont été observés chez des utilisatrices de cette pilule combinée ! ! ! ! Autant dire qu’à l’heure actuelle, comme rien ne permet d ?attribuer à Jasmine le moindre avantage sur une autre pilule combinée, son utilisation semble non seulement superflue, mais déconseillée.

Voir le communiqué de l’IPPF (Fédération des Plannings Britanniques)sur le sujet

Cela n’a pas l’air de troubler le fabriquant, qui promeut largement son produit aux Etats-Unis, en particulier auprès des jeunes femmes, parfois au mépris de la plus élémentaire prudence. Dans un document officiel publié en 2003, la Food and Drugs Administration, puissante administration sanitaire américaine du médicament, s’est d’ailleurs élevée contre un spot publicitaire tendancieux (laissant entendre que Yasmin était dotée d’avantages que d’autres pilules n’ont pas) et sommait le laboratoire Berlex (fabriquant de Yasmin/Jasmine aux états-unis), de le retirer et de s’expliquer sur cette campagne contraire à la réglementation américaine.

Lire le communiqué de la FDA

Bon, mais n’y a-t-il aucune femme qui puisse tirer bénéfice de Jasmine ???

Si, par exemple, à la lettre suivante :

Bonjour

J’ai 27 ans et ai de grandes difficultés à trouver une solution à mes pbs. En effet, à la puberté j’ai développé une acné assez voire très importante. A l’époque tous les traitements m’ont été prescrits dont 2 traitements successifs au Roaccutane mais rien n’avait amélioré les choses jusqu’à ce qu’on me mette sous Diane 35. A partir de ce moment et pendant 10 années je n’ai plus eu de problèmes d’acné et je la supportait bien. L’année dernière, étant donné la très grande fragilité de mes vaisseuaux sanguins (jambes remplies de varicosités et de petites varices) et la présence de nombreuses mastoses dans les seins, mon médecin m’a conseillé de changer de pilule. Résultat il m’a mise sous Cycléane 30 me disant que ça devrait être un bon compromis étant donné mon angoisse de voir resurgir l’acné. Ca fait donc un an que je suis sous cette nouvelle pilule et malheureusemnt au fil des mois je constate que son effet sur ma rétention d’eau ne cesse d’empirer. En effet, vers le 14 j du cycle mes jambes se mettent à gonfler (je prends 3 cm de tour de fesse et 1-2Kg), mes doigts aussi, je me sens très ballonner et des boutons d’acné surgissent (pas bq, 4 ou 5). Cette sensation a empiré au cours des mois depuis un an. Dès lors, je suis vraiment dans une impasse car d’un côté j’ai peur de l’acné, de l’autre j’ai une impte fragilité veineuse et pour finir je fais de la rétention d’eau. Je suis quelqu’un qui mange de façon équilibré et qui boit bien (de l’eau bien sur) donc je ne vois pas ce que je peux faire. Je suis vraiment mal dans ma peau (même si je ne suis pas énorme : 53 kg pour 1m63 en tant normal sana gonflement) car cette sensation de gonflement est vraiment très génante (je ne rentre plus dans mes pantalons...) Voilà mon histoire. J’espère que vous pourrez me donner qqs conseils car je ne sais plus comment faire ni quoi penser.

J’ai répondu :

"A priori, ce que vous me décrivez est l’une des rares situations où il serait justifié de vous proposer la prise de la pilule Jasmine, qui semble non seulement avoir un effet sur l’acné identique à celui de Diane, mais aussi un effet sur la rétention d’eau dont souffrent certaines femmes (peu nombreuses mais dont vous semblez faire partie). Dans la mesure où vous prenez la pilule depuis plus de dix ans, la prise de Jasmine ne me paraît pas spécialement risquée. En revanche, si vous fumez, je ne saurais trop vous conseiller de cesser le tabac dès que vous le pourrez. Car fumer accentue aussi la fragilité vasculaire, et à 35 ans, il ne sera plus possible de vous proposer des pilules contenant des estrogènes (et donc, actives sur votre acné si vous en avez encore à ce moment-là). "

Mais il s’agit d’une lettre isolée, car la rétention d’eau en fin de cycle est un phénomène qui concerne un nombre très limité de femmes. Ce qui explique que Jasmine ne doit pas être prescrit d’emblée à toute femme qui demande une contraception orale (surtout pas pour une première utilisation), mais seulement à celles pour qui il est légitime de penser, au vu de leurs symptômes, que cette pilule là sera utile après une complète information et une mûre réflexion de la part de l’utilisatrice.

A lire également pour compléter cet article

Martin W.

A cas où vous penseriez qu’en France, l’industrie pharmaceutique n’a jamais de comportement contraire à l’éthique, lisez CECI...

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